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LE VOYAGE DE JéNORME

LE VOYAGE DE JéNORME
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25 avril 2024

VALLEE DE LABETXU ou Vallée des couleurs (Espagne)

    

Quel bien étrange titre énigmatique pour ce billet-article à venir présentement ?
"
Labetxu"... Prononce "La bête chou" car le lieu en question se trouve dans le Pays Basque, et comme tu le sais  -ou pas-  les X se prononcent Che et les U se prononcent Ou.
Et les
A ? Non, les A se prononcent A. Par contre, les S, c'est plus SH et les E, c'est é, sans oublier que les J, c'est plutôt I.
Mais "
Vallée des couleurs", alors ? Qu'est-ce don' ?

Une vallée repeinte ? Une vallée de fresques ? Une vallée où la nature a laissé exploser sa joie dynamique dans la confrontation terre-océan ? Ou simplement un nouveau supermarché spécialisé dans la vente de peintures et qui t'offre le café si tu vas acheter 200 pots avant 7 heures du mat sachant que le magasin n'ouvre qu'à 8 heures ?
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

    

    

 

     

 

   

Alors ? Comment ça va ? Bien ? Ouais bien ? 
Bon, bien !
Moi aussi, mais ça me fait un peu chier ce blog en ce moment.
Je n'écris pas beaucoup là-dessus car je n'ai pas trop le temps mais, en plus surtout !,  je n'aime pas trop leur nouvelle configuration.
Je ne veux pas parler comme un vieux con, mais n'empêche que... CanalBlog, c'était mieux avant !
Ben ouais, c'est le bordel lààà : y'a des pointillés qui apparaissent de nulle part, des albums-photos qui disparaissent, des typo et des topos qui se modifient toutes seules, des photos pas alignées, des trucs qu'on peut pas centrer... 

    

OOOOOOOOOOOOHHHH
MERDE !!!!!

   

ça pue l'intelligence artificielle de merde là ! Ou je sais pas quoi ! Encore un truc que l'on a laissé faire à des machines et du coup, c'est de la merde ! ça va pas ! Tiens, regarde, je ne peux même pas foutre le ç en majuscule, ça m'énerve !!!

    

BON, ON SE CALME !

       

C'est comme Spotify, làààààà !
Putain, avant je découvrais des artistes et de la musique internationale grâce aux playlist "Radar des sorties" ou à "Découvertes de la semaine".
Mais depuis quelques semaines, Spotify ne me balance que de la merde de musique française à la con avec des artistes qui jouent de la guitare comme si ils avaient un arrosoir entre les mains ; le tout avec des paroles à se trancher la gorge dix fois de suite si c'était possible... "Je t'ai quitté, j'sais pas pourquoi", "La vie c'est long", "Le bonheur comme une gage d'ascenseur", "Popcorn salé pour un nouveau monde à nos pieds", "j'ai froid, tes cheveux sur l'oreiller, où allons-nous""Pourquoi pourquoi pourquoi... Aaaaaaaahhhhhh". Et j'en passe.
Je n'ai rien contre la musique française, mais pas tout le temps quoi ?!

    

INSUPPORTABLE !!!!

    

Putain, tout fout l'camps !
Là, au moment où j'écris ces mots, je suis en vacances.
J'avais prévu d'aller dans le massif de Néouvielle faire quelques trois jours de randonnées parce qu'il faisait beau et chaud avec ce petit vent jaune qui nous venait du Sahara... ET V'LAN... du jour au lendemain, une fois que tu as bien tout prévu les itinéraires, les réservations : on passe de 30° à -1° !!!!! De la pluie de sable des dunes à la neige blanche des montagnes.
Après le soleil et la chaleur, c'est neige, froid, pluie dans le Massif de Néouvielle et même au cirque de Trémousse où j'avais prévu d'aller en cas de plan B.

    

MEEEEEEERRRRDDDEEEE !

    

Je prévois autre chose, à une altitude plus basse ; genre arpenter les côtes vendéennes, et là : BING ! J'ai une fuite d'huile inconnue qui sort de dessous la voiture !
Tous les garagistes basques sont débordés ! Personne ne peut prendre la voiture avant deux semaines.
Finalement, Mélanie parvient à convaincre un ami garagiste à elle de contrôler ma voiture avant que je partes.
ET PAF ! Le pauvre meurt d'une crise cardiaque la veille du contrôle !
Non, mais... Oh !

     

IL FAUT PRENDRE DU RECUL !
Parfois.

     

Reprenons les choses qui ne vont pas. Dans l'ordre.

Pour Canalblog, on va continuer à écrire en essayant de rester clair et intéressant malgré toutes les nouvelles configurations qui font chier et qui sont nulles. Si, si : c'est nul !
Pour Spotify et sa musique française de merde. Si, si, c'est de la merde... Et je ne parle même pas de Vitaaaaaaaaaaaaaaaaaaa avec ses "Je n'oublie pas" répétés 15 000 fois dans une même chanson pour que les auditeurs la garde en mémoire inconsciente toute la journée !
Je ne parle pas non plus de son pote Slimane qui nous fait le même coup avec ces "Je t'aime, j'sais pas pourquoi", répétés autant de fois que le jour se lève en un mois.
Bordel : mais pourquoi j'ai ça qui apparait sur ma playlist alors que je ne les écoute pas ?! Pourquoi Spotify me balance ça alors que ce n'est pas la musique que j'écoute ?!
Ahlalalalaalla, j'ai une saturation de sons répétitifs en ce moment ; que ce soit par la musique (Santa, Louane, Vianouche, U2, Pink, Joseph Kamel, et l'insipide Taylor Swift), les publicités (Carglass, Pochtron et sofa, Intermarché, Lidl patron on est mal, voitures électriques, Leclerc bonjour,...) et les infos. Et les infos ! Et les infos !!!
Ahlalalalala, en boucle !!!! Les chaines infos en boucle !!! Reprises par les autres chaines qui montrent que les chaines infos sont en boucle ! Du coup, c'est boucle de boucle sur boucle !

   

 

 

 

 

 

 

      

 

 

 

     

.

.   

 

Et je ne comprends pas.
Je ne comprends pas pourquoi cette chanteuse quelconque qu'est Taylor Swift a autant de succès. Je ne comprends pas pourquoi il y a toujours plus de milliardaires en France et de moins en moins d'agricultrices/teurs, de médecins, d'instits...
On parle d'argent facile, d'influenceurs, d'actionnaires, d'investisseurs. Ceux qui gagnent trop de pognon et qui nous pourrissent notre univers mentale (via la pub;, les réseaux sociaux, les médias) pour gagner encore plus afin de s'acheter des villas dans lesquelles ils n'iront jamais, ou se trimballer en vestes de fourrure dans une station de ski à Dubaï en juillet.
On parle de ces métiers qui n'existent pas et qui ne servent à rien hormis à s'autosatisfaire et à rendre plus riches encore ceux qui le sont déjà trop.
On parle de ces vrais métiers qui disparaissent dans nos villes et nos campagnes : médecins, instituteurs, agriculteurs, garagistes. Et...

     

ALLEZ :
RESTONS SIMPLES !

    

 

    

 

 

    

Oui, tu as raison Adèle : parlons "contemplation". Voilà, c'est ça ! Contemplation, contemplons. Victor Hugo, poésie, observation, méditation, et pourquoi pas recueillement aussi pendant qu'on y est, tiens ?!
Comme disait Molière à Jean-Claude Brialy... Hein ? Mais non, qu'est-ce que j'raconte ?!
Comme disait Fernand Ouelette :
"La contemplation est un acte de solitude. L'homme, seul avec son regard, comme il est seul avec son âme."

    
Voilà, voilà ! On aurait pu également citer Lucien Clergue, Pierre de Bérulle, André Frossard, Marcel Pagnol, Zidane,... Zidane qui passe à Deschamps sur la gauche, Deschamps, Leboeuf, tire de Leboeuf... ah, dommage, au-dessus !

    

    


On arrête avec les citations à la con, là, un peu, hein.
Aujourd'hui  -comme l'annonçait le titre de ce nouveau billet-article (je sais pas comment ils appellent ça Canalblog, ça m'énerve !)-, nous allons partir pour la Vallée de Labetxu, encore appelée "El valle de los colores", plus communément connue (mais pas trop quand même) en France sous le nom de "La vallée des couleurs".

   

C'est un bel endroit pour contempler, et surtout pour s'éloigner de tous réseaux et bruits polluants car, dans cette vallée, il n'y a pas de réseaux. Les falaises abruptes donnant sur l'océan nous séparent de toute urbanisation et de toutes ondes surhumaines.

   

Ce jour là, avant de partir pour ce lieu où débute la randonnée, je me trouvais sur le plateau du Bénou, Pyrénées-Atlantiques, mais surtout Pyrénées.
Oui, l'Atlantique était encore loin de ce sommet plat pyrénéen ; environ 150 kilomètres à vol d'oiseau.
En entendant le mot "Plateau", certains penseront : "Ah tu vois, je te l'avais dit que la Terre était plate !"
Mais non ! 
Est appelé un plateau en montagne "un objet-support plat servant à transporter ou présenter des..."
Merde, je me suis planté de définition !
Un plateau, en montagne, est "une surface plane, parfois situé entre deux montagnes et patati et patata."

Exemple en photo.

   

Voici le plateau du Bénou.

  

On voit bien la forme plate de cette étendue d'herbe grasse et verte en cette saison, et sur laquelle viennent prêtre quelques troupeaux de vaches et de chevaux sauvages.
Nous sommes , non pas entre "mer et montagnes" (comme dirait Jérôme Commandeur), mais entre vallée d'Aspe et vallée d'Ossau.

   

   

On est bien là. Au calme. Verts pâturages à perte de vue. Vaches tranquilles. Sons de clochettes se mêlant à celui du roulis de petits ruisseaux s'écoulant sur le plateau. Discrétion.

   

 

    

Allez !
Je quitte le plateau de Bénou aux sons de la musique du nouvel album ("Promis le ciel") de Delgrès avec ce premier titre "A la fin".

 

    

   

On descend sur la vallée d'Aspe, pour rejoindre le village d'Escot, Arette, Montory, Tardets, Mauléon...

   

HOP, ATTENTION :
nouveau rond-point à Mauléon !

    

Ah oui.
Pour ceux qui ne le sauraient pas, Mauléon-Licharre est la ville de l'espadrille.
Qu'est-ce que cela veut dire ?
Eh bien, que l'espadrille est fabriquée ici, à Mauléon.
Par contre, on oublie un peu de mentionner que son origine est catalane ; et non basque ou béarnaise.

On continue.

   

Odiarp,
ascension du col d'Osquich et son panorama... 

   

Musculdy, Bunus, Lacarre, Saint-Jean-Pied-de-Port, Bidarray, Cambo-les-Bains, Esquelette, Saint-Pée-sur-Nivelle, Ascain, Urrugne, Irun, mont Jaizkibel.

    

Voilà, on y est.
Après plus de 183 kilomètres sans vol d'oiseau, nous avons quitté les montagnes pyrénéennes françaises pour rejoindre les Côtes océaniques Basques espagnoles. 

  

   

Le départ de la randonnée du jour se fait depuis le sommet du mont Jaizkibel, Espagne.

    

Le Mont Jaizkibel, vue de la route depuis Irun

   

 .
Tu vois le sanctuaire de Guadalupe avec son retable ?

    

   

Eh ben, on passe devant, mais c'est pas là le départ ! C'est encore un peu plus haut après quelques virages et quelques mètres d'ascension sauvage car, oui, le Mont Jaizkibel reste un des rares endroits à présent, dans le Pays Basque, à ne pas être constructible ! Ici, pas de villas, de piscine, de résidence ! Tout est vierge !
Quelques kilomètres après le sanctuaire...

   

.

 

Le départ de la randonnée,
c'est là !

   

Oui d'accord : pour l'instant, on ne peut pas dire que ce soit très coloré et très avenant. La contemplation de ce parking ne va pas durer longtemps ; moi j'te l'dis.

Je gare la voiture. Je chausse chaussures et sac à dos. Je fais un peu le tour de ce presque sommet de Jaizkibel... En fait, le vrai sommet est un peu plus haut, à 547 mètres d'altitude.
Là, on est à tout péter 532 mètres. Ce lieu où je me trouve est appelé Santa Barbara ; non pas en hommage à la ville californienne ou à la série américaine sirupeuse des années 1980, mais plutôt à la ruine qui domine le parking.

   

     

Il existe cinq tours similaires sur le mont Jaizkibel. Constituées à l'origine de deux étages et d'une terrasse, elles datent du XIXème siècle, époque des guerres cartistes, et servaient d'observatoire.

Effectivement, un magnifique panorama à 300° se présente.

    

.

Au nord, Hendaye et sa plage,
la baie de Chigoundy,
le fleuve Bidassoa, Hondarribia...

      

.

A l'Ouest,
l'océan à perte de vue.

    

.

A l'Est,
Irun, la Rhune, les Trois Couronnes, le pic d'Orhy.

   

.

Et au Nord, ben... vue à 300° oblige, on voit surtout la route et une cabane de berger plus ou moins abandonnée.

    

    

C'est juste derrière cette cabane que part le sentier qui doit nous conduire à la fameuse et intrigante vallée de Labetxu, ou vallée des couleurs.

   

STOP !

    

Il est l'heure de se faire un petit topo pour savoir où nous allons, comment et pourquoi.

   

La randonnée du jour doit nous amener dans la vallée de la Labetxu, située quelque part au pied du mont Jaizkibel.
Il faudra marcher sur un peu plus de 9 kilomètres aller-retour par un dénivelé de 323 mètres pour une durée de 4h30 environ en prenant son temps.
Important : il faut suivre le balisage blanc-rouge, puis jaune, puis blanc-blanc. Bonne chance.
Bon, ça, c'est ce qui est prévu, mais...

   

Tout de suite,
la carte.

   

C'est à peu ce tracé que nous allons suivre.
Je dis "à peu près" parce que... bon... je vais me perdre un peu en route.
Mais c'est pas ma faute : c'est leur balisage là, les Espagnols. Tu marches, tu marches et, d'un coup, PAF : plus de sentier, plus de balisage, plus rien et t'es au bord d'une falaise.
Et puis t'as pas de réseau DONC tu ne peux pas aller sur les cartes IGN Espagne ou sur Google Map avec ton portable. Quant à la carte papier, elle n'était pas à jour et elle ne connaissait pas la randonnée !

    

BON, ALLEZ !
C'EST PARTI !!!

     

Je quitte Santa Barbara "🎵qui me dira pourquoi j'ai le mal de vivreeeeee 🎶". Hein, eh, tu t'souviens, le générique de la série télé américaine ?!
Je contourne la cabane de berger pour rejoindre un large chemin caillouteux. Quelques brebis se trouvent là, surprises de me voir traverser leur troupeau bien paisible.

   

    

Large chemin qui descend rapidement vers les côtes... apparemment.
Je croise quelques ajoncs apportant une touche colorée détonnant harmonieusement sur le bleu lointain de l'océan.
Un peu de houx, parfois, et quelques pommes de pins naissantes.

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

.

.

 

 

 

Rencontre avec des chevaux sauvages...

...bien occupés à manger des branches
ou à garder leur regard dans le vide.

   

Et là : un arbre ! Dénudé.

   

J'approche...

   

Et je découvre un visage, taillé dans le bois naturellement.

   

    

Mais si, c'est un visage ! C'est un signe !

    


Un signe de quoi, je ne sais pas.
Une sorte de visage de Freddy Krueger en bois.
Mais si ce visage pouvait parler, il nous dirait... Il nous dirait... je sais pas... que Taylor Swift, c'est nul et que les canapés Pochtron et Softla, c'est de la merde.
Hein ? Non ? Ohlalala, même ici, je suis rattrapé par la médiatisation.

    
Une demi heure après le départ de Santa Barbara, j'arrive à un croisement.
Et qui dit "croisement", dit "plusieurs chemins qui vont dans toutes les directions sans que tu ne saches forcément laquelle suivre quand tu es en pleine nature".
Toujours est-il que l'on distingue bien le tracé du sentier du Littoral. Celui-ci va de la Pointe du Figuier-Hondarribia à Pasaia, ou l'inverse suivant d'où tu pars (logique).

   

   

Un peu déstabiliser par tous ces panneaux qui semblent m'indiquer des destinations que je ne veux pas suivre, je décide de continuer à descendre tout droit sans être vraiment sûr que c'est la bonne route.

   

    

Et là, maintenant, à partir de là et je ne sais pas pour combien de temps : ça descend brutalement ! C'est raide ! Faut freiner des genoux en bloquant tes péronés sur l'arrière des fibulas tout en ménageant le fémur et les muscles jumeaux internes-externes.
Tout en freinant des dents, je croise des sortes de mangeoires pour les animaux du coin ; le tout face à une belle vue sur les côtes basques espagnoles en toile de fond.

   

   

Quelques fois, un rocher aux formes et à la silhouette étranges apparait, comme ça, sur le bord du sentier.

   

    

pour un peu, on se croirait dans Jurassic Park. Chaque rocher croisé a sa silhouette, son allure et propose une interprétation diverse suivant l'état d'esprit dans lequel on se trouve au moment de le/les croiser.
Au bout de cette descente abrupte, j'arrive à un autre croisement. Des sentiers à droite, à gauche, devant, derrière. Pas de panneau par contre.

   

   

Le tout surveillé par un arbre mort qui, par sa silhouette élancée, semble se foutre de ma gueule en indiquant une direction qui n'existe pas, se précipitant vers le ciel avec ses longues branches élancées dépourvues de feuillage et de vie. Telle une danse immobile, invitant le randonneur égaré à s'effaroucher canaillement avec lui le temps d'une valse impromptue et désespérée.

  

  

    

Pas de balisage. Je décide d'aller tout droit, en direction de la côte puisque l'objectif du jour  -rappelons-le-  est la vallée de Labetxu, qui se trouve sur la côte !

     

   

Dans un premier temps, je remarque une propriété privée au loin, sur ma droite.
Ah, ils sont bien là, loin de tout, face à l'océan, avec un beau terrain environnant. Pas de bruit si ce n'est le son des vagues au loin.
Le sentier et le jardin de la propriété sont séparés par une petite falaise trouée par les aléas des temps.

   

    

Le sentier de terre devient herbeux, le long duquel je trouve une série de mangeoires.

   

    

Au bout de ce chemin herbeux,
soudain : une barrière !

   

Ah merde ! Un écrit en basque dessus que je ne comprends pas. Je regarde sur mon portable si j'ai du réseau pour accéder à la traduction, mais non. Pas de réseau.
Bon... Qu'est-ce que je fais ? je passe ? Je suis peut être sur une propriété privé, vu que je ne vois pas de balisage ?
Allez, je passe sur le côté comme le permet le petit escalier.
Plus tard, j'apprendrai que ce qui est écrit sur le panneau signifie : "Fermez la porte, s'il vous plait !!!" (="Langa itxi mesedez !!!"). Les trois points d'exclamation semblent dire "Putain, mais tu vas la fermer cette putain de porte espèce de connard de randonneur-touriste ! J'ai mes bêtes qui se font la malle après le long des falaises et qui se font bouffer par les vautours !!!"

    

J'avance à présent dans une petite forêt. Un peu plus loin, un autre panneau indique une direction avec ces mots basques et espagnols : "Labetxuko Bidea" et "Camino a Labetxu 50m" ; ce qui veut dire "Chemin de Labetxu 50m".

   

    

Je marche, je marche. Je suis content car, apparemment, je suis sur le bon chemin... sauf que...
Quelques mètres plus tard, au bout du chemin, j'arrive au bord d'une falaise au-dessus de laquelle planent quelques dizaines de vautours.

   

   

Bon... Je cherche une trace, un signe...
Autour de moi, la nature, un champ, une pente, quelques arbres...

   

    

Mais pas de sentier. Pas de sente. Pas de signe.
J'ai beau chercher, je ne trouve aucune trace.
Je me prépare à faire demi-tour en pensant que je me suis complètement planté de chemin. Le dernier panneau croisé semblait pourtant indiquer la bonne direction 50 mètres plus tôt.

    

 MAIS RIEN !
PEAU D'BALLE ! 

   
Je m'apprête à faire demi-tour et partir en râlant quand soudain tout à coup subitement : un randonneur passe devant moi. Il me salue et continue à marcher tranquille, plein nord, en sifflotant.
Je le regarde s'éloigner, puis disparaitre derrière un rocher.
Mais qu'est-ce que... J'ai rêvé... Il y a bien quelqu'un qui vient de passer... Je n'ai vu personne depuis deux heures... Et là... Au milieu de nulle part...
Je m'approche de la ligne suivie par le randonneur-fantôme, je lève la tête vers le nord où il se dirigeait avant de disparaitre comme il était venu... et... et je découvre...

    

   

Ah ben oui : le sentier.
Très petit, sous la forme d'une sente, mais sentier quand même.
C'est reparti. Plus de trace de ce randonneur fantôme qui est passé au bon moment.
Au bout de cette trace, une magnifique vue sur les côtes. Lesquelles, je ne sais pas, mais des côtes.

   

   

J'avance au bord de la falaise. Sous mes pas, elle semble découpées, voire fragiles, avec des formes biscornues, sans doute travaillées par l'air océanique et la qualité de la roche présente ici.

    

   

Cela m'intrigue.
Y'a t-il moyen de se rendre sous cette "corniche" pour voir ce qu'il s'y passe ?
Je reprends ma marche, regarde par ci par là s'il y a un moyen de descendre sous la roche.
Oui, je sais : je vais encore me perdre !

    

Mais comme dit ce proverbe bolivien :
"Mieux vaut se perdre que ne jamais partir."

   
Et puis, ce n'est pas dangereux : j'ai l'océan face à moi et l'antenne de Jaizkibel derrière. Je ne suis donc pas en manque de repères pour rentrer au cas où cela se gâte.

J'arrive au bout de la sente pour contourner un de ces rochers troués, mais sur lequel je découvre deux marques blanches qui sont les marques du balisage de la randonnée.
Soudain, une fois le rocher passé, une apparition, une vision, une vue incroyable !

   

    

Ouahou ! Impressionnant ! Magnifique ! Le "travail" de la nature !
Quand l'océan rencontre les rochers. J'avance doucement sous ces sculptures naturelles qui me semblent tellement fragiles...

   

    

  

 

    

Approchons-nous un peu...

      

   

   

Alors, comment expliquer de telles sculptures naturelles ?
Il s'agit d'érosions aux formes plus ou moins complexes. Certaines ont une structures en nids d'abeille, résultats de caprices particuliers de la nature, liés aux spécificités du climat et de sa rencontre avec ce massif de grès éocène inférieur dominant l'Océan Atlantique.
C'est ce que l'on appelle les "tafoni". Oui, même au pluriel, ça ne prend pas de s.

   

     

"Les tafoni, fréquents dans les grès, calcaires bioclastiques, granites... résultent de l'interaction entre une érosion actuelle, des circulations de fluides sub-actuelles et d'infimes variations de la roche, infimes variations souvent d'origine diagénétique ou sédimentologique dans le cas de roches sédimentaires. (...)" PLANET-TERRE.ENS LYON

   

 

   

Au loin, en direction du sud, j'observe quelques vautours qui ont, apparemment, trouvé un bel endroit pour nicher.

   

   

Je quitte cet endroit inattendu puisque je ne l'avais vu sur aucun site de randonnée que j'avais étudiés avant de partir.
En sortant de cette "corniche", je découvre à présent un balisage net et franc, représenté par deux traits blancs parallèles.

 

 

     

Va savoir ce que me réserve la suite de cette randonnée troublante...

   

   

    

    

DANS NOTRE PROCHAIN EPISODE

   

Jénorme parviendra-t-il à trouver cette bien mystérieuse vallée des couleurs de Labetxu ? Ou va-t-il encore se perdre et découvrir d'autres lieux secrets ?
Le suspense est à son comble. C'est l'heure de l'apéro, à plus tard.

 

    

13 avril 2024

Balade dans Dijon (21)

    

Aaaah là, pas de grandes marées à Dijon ! Et pour cause, la capitale bourguignonne se trouve dans les terres.
Quand soudain, ne voilà-t-il p
as...

    

   

Pas de grandes marées, certes, mais comme dans pas mal de régions en France ces derniers temps : il y a débordement et inondations.

   

    

Qui l'aurait cru ? Dijon inondé ! Mais c'est partout alors ?!
Dans d'autres conditions, on pourrait se dire que c'est une super idée cette terrasse pour boire l'apéro les pieds dans l'eau. Mais non.
Suite à la répétition de ces intempéries et de ce bouleversement climatique, les autorités s'interrogent et émettent des avertissements.
Nous apprenons ainsi que certains partie côtières françaises (20%) ne seront plus habitables d'ici quelques décennies.

   

Capture : Charente Libre

    

Combinaison d'éléments divers et variés, tant naturels qu'artificiels.
"En construisant de nouvelles routes, des centres commerciaux, des entreprises, des logements, en développant l'agriculture intensive, en déforestant ou en modifiant le tracé des cours d'eau, nous avons détruit les espaces naturels qui absorbent normalement l'eau des crues et entravé le bon fonctionnement des cours d'eau." OFFICE FRANCAIS DE LA BIODIVERSITE

    

"La France est particulièrement vulnérable au recul du trait de côte, limite entre la terre et la mer, qui se déplace sous l'effet de phénomènes naturels (houle, vent, marée...), de la hausse du niveau de la mer liée au réchauffement et des interventions humaines (barrages, artificialisation des sols, extraction de sables...). Le recul du trait de côte est un phénomène ancien. En 50 ans, environ 30 km2, soit 4200 terrains de foot (pas de rugby, hein, de foot !) ont été laissés à la mer. Il va être aggravé par la multiplication des tempêtes et l'élévation du niveau de la mer." CHARENTE LIBRE

   

Bientôt, peut être, nous poserons-nous la question à Trip Advisor et autres google trucs : "Où boire un verre peinard sans risquer qu'une falaise nous tombe sur la gueule ou qu'une montée d'eau interrompt notre Snapchat ?"
C'est vrai quoi, merde ! A quoi ça sert de sortir de chez soi si non ne peut pas se prendre la gueule en photo en train de boire un smoothie ou un toast à l'avocat au jus de quinoa dans un canapé lunch au milieu d'un champ ? Hein ? Hein ? Alors, merde ! Tout fout le camps, bordel !!!!

   

Bon, et sinon, ça va toi ? N'oublies pas de bien trier tes déchets : le recyclable, le carton, le papier, le composte, ne mange pas trop de viande, privilégie les transports en commun pour tes déplacements, et tout ça et tout ça !

Tiens, d'ailleurs, en parlant de transport en commun, si tu cherches un boulot...

   

Capture : LES ECHOS

     .

 

Ah merde, je me suis planté de capture...

   

Voilà :

   

Bon, allez, on va avancer un peu là !
DONC Dijon !

   

Quand on prononce ce nom, de suite, on pense bien sûr aux fameux motards... de Dijon... Non, c'est la moutarde de Dijon. On pense aussi au vin et à la crême de Cassis et DONC au Chanoine Kir à qui l'on doit l'invention du... du...Kir. Ben oui !

  

Né le 22 janvier 1876 à Alise-Sainte-Reine, Félix Kir est connu sous le titre de chanoine Kir. Prêtre séculier, il fut aussi résistant, puis député-maire de Dijon durant 22 ans. C'est dans les années 1950 que son nom est associé à un célèbre cocktail : le kir.
Mais c'est en 1904 qu'a été créé ce mélange de vin blanc avec de la crème de cassis par un serveur du café Montchapet (à l'angle de la rue de Montchapet et de la rue Constantine).
Ce n'est qu'en 1951 que le chanoine Kir donnera l'autorisation au fabricant dijonnais de crème de cassis Lejay-Lagoute d'utiliser son nom pour faire la promotion du blanc-cassis.

   

Mais Dijon, ce n'est pas que ça et nous allons tenter de le prouver avec ce nouveau billet composé par une déambulation complètement aléatoire dans la capitale bourguignonne, chef lieu de la Côte d'Or.
Rien à voir avec le chocolat qui a un éléphant en effigie. Et pourquoi d'ailleurs le chocolat "Cote d'or" prend-il un éléphant comme symbole de son produit ?

"Cet éléphant majestueux est souvent représenté sur l'emballage des produits Cote d'or, symbolisant la force, la qualité et l'exotisme des ingrédient utilisés."

 

Ah bon, ok. Même si l'éléphant ne mange pas de chocolat.
Alors à ce moment là, perso, je veux ouvrir un food-truck avec des tartines de confiture à base de saucisses, je peux me permettre de prendre l'image ou le dessin d'un éléphant pour montrer-prouver que mes tartines confiture-saucisse ont la force, la qualité et l'exotisme des ingrédients utilisés... Non, mais je pose la question ? Hein ?

   

Bon eh oh, on n'avance pas là !
Allez, partons dans les rues dijonnaises avec Flavie et Flo qui résident dans la capitale bourguignonne depuis quelques années.

   

Nous partons du quartier de la gare pour s'en aller traverser un des plus beaux parcs de la ville : le parc du jardin Darcy.

  

    

Endroit de fraicheur et de verdure en  -presque plein centre-ville-  de Dijon. C'est là le début de la grande aventure d'une randonnée urbaine dans cette ville aux multiples surnoms : "les champs-Elysées de Bourgogne" ou "Capitale des Ducs de Bourgognes" ou "la ville aux 100 clochers" ou encore "La belle endormie".
Faut s'calmer quand même !
Parlons un peu de ce parc et de cette fontaine assez imposante.

   

   

    

Premier jardin public créé à Dijon, c'est ici que l'ingénieur dijonnais Henri Darcy a conçu un réservoir pour alimenter Dijon en eau potable dès 1838. L'architecte Emile Sagot a ainsi réalisé cet imposant monument de style néo-renaissance au-dessus de ce réservoir. Puis, en 1880, c'est un jardin qui voit le jour, conçu par Félix Vionnois.

   

Un ours accueille le visiteur du parc à l'entrée, côté place Darcy. C'est une copie réalisée par le sculpteur Henri Martinet en hommage au sculpteur bourguignon François Pompon, natif de Saulieu.
C'est parc bien ombragé, avec des terrasses, des bassins et des jeux de cascades où viennent se poser canards et pigeons. Quelques massifs floraux et des jeux pour enfants en font un parc agréable et reposant
 où se croisent jeunes avec casque sur le oreilles chantant seuls, personnes âgées promenant leur chien assis sur un banc et cadres de passage entre deux rendez-vous.

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Sortie du parc. Regarde à gauche, regarde à droite, regarde devant et derrière. Tram, taxi, voiture. Tous se mélange sur une seule voie assez large mais qui comprend plein de transports divers.
OUF ! On traverse pour arriver sur la place Darcy.

   

Ooooh,
une fontaine étrange !

  

Il s'agit de la "Fontaine aux grenouilles" (également appelée "Fontaine jeunesse"), une reproduction de la fontaine conçue en bronze en 1904 par le sculpteur Max Blondat. Elle représente trois personnages en train d'observer trois grenouilles.

   

"Né sur les bords de l'Yonne, j'éprouve toujours pour l'eau mouvante et vivante un irrésistible attrait. Un jour, j'aperçus, assis sur une berge dominant ma rivière préférée, trois enfants cramponnés les uns aux autres et penchés en avant pour regarder un objet flottant en contre-bas. Le groupe était charmant, j'y vis un sujet de fontaine. Empoigné par mon idée, je saute dans le premier train en partance pour Paris, je gagne en hâte mon atelier et me mets à broyer fièvrement la glaise. Jamais aucune œuvre depuis ne m'est venue plus facilement, plus joyeusement." MAX BLONDAT

    

On peut se demander si cette fontaine intimiste et remarquable par sa forme et son sujet n'aurait pas mérité une place plus intimiste que celle qu'elle occupe, perdue sur la grande place cernée de hauts monuments.
Réutilisée en réduction pour divers objets décoratifs, on retrouve la même version fonctionnelle que celle de Dijon dans les villes de Zurich, Düsseldorf, Denver, Buenos Aires, Nacozari de Garcia et Odessa.
Nous quittons rapidement la grande et aérée place Darcy pour nous engouffrer dans la petite rue du Docteur Maret. Celle-ci nous fait passer devant la cathédrale Sainte-Bégnine de Dijon.

       

  

Oui, je sais, c'est pris d'un peu près, mais on n'a pas trop de recul pour la prendre en photo de façon plus empirique. De plus, le clocher s'élève à 93 mètres de hauteur.
Bon, eh, oh, hein !

   

Eglise catholique de style néo-gothique du XIIIème siècle, elle retient surtout mon attention pour ce qu'il s'y est passé le 23 décembre 1951.

En effet, le vicaire de la cathédrale, Jacques Nourissat, en accord avec l'évêque, fit brûler l'effigie du Père Noël sur le parvis de cette cathédrale afin de protester contre la dérive commerciale et païenne de la fête religieuse. Le tout devant 250 enfants dijonnais. (Photo : France bleu)

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Nous poursuivons notre périple urbain aléatoire par la rue Michelet, puis en remontant la rue du Chapeau rouge vers la rue piétonne de la Libération.
Très longues rue piétonne et très aérée qui relie la Place Darcy à la Place de la Libération, on y trouve les grands noms de la mode et autres spécialités gastronomiques de la ville.
De grands immeubles des XVème et XVIIIème siècles imposent également leurs hautes façades, ainsi que quelques maisons à colombages.

Au n°9, l'ancien hôtel de la Cloche (transféré place Darcy) qui a, entre autres, accueilli les écrivains russes Tolstoï et Tourgueniev.
au n°32, la maison de la moutarde Maille, puis les galeries Lafayette, l'ancien magasin "Au pauvre diable" avec sa façade art déco. Nous passons le carrefour dit "le coin du miroir" en souvenir de l'ancienne maison du Miroir qui devait son nom à ses grandes baies ogivales et à sa situation géographique dans la rue.
Nous arrivons à hauteur de la célèbre place François Rude, facilement reconnaissable à sa fontaine, son carrousel et ses façades à colombages entourant le lieu.

  

  

Sans oublier l'étrange visage végétal baptisé "L'arbre à visage" ("Semper Virens") par sa sculptrice et plasticienne Gloria Friedmann.

   

  

"L'arbre à visage" et vendangeur pigeonné.

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Malheureusement, quelques semaines après mon passage, le carrousel emblématique de la ville a été ravagé par un incendie. Ce "drame" a réveillé les Dijonnais qui se sont empressés de faire des dons afin de redonner vie à ce lieu avec un "autre" manège.

  


   

Nous pénétrons à présent dans le vieux Dijon avec son méandre de petites rues et ruelles. La rue des Forges est bordée de belles façades, dont celle qui se trouve au n°38.

   

   

Il s(agit de la Maison Maillard, encore appelée Maison Milsand. Hôtel particulier de style renaissance, il est classé monument historique depuis 1889.
Il fut construit par Jean Maillard en 1561.
Le niveau supérieur de la façade et la façade de la cour intérieure sont attribués à l'ébéniste et architecte comtois Hugues Sambin.
Car oui, si la façade attire de suite l'œil, il faut également passé un petit couloir sombre et étroit pour rejoindre la mystérieuse cour intérieure.

   

La cour intérieure avec ces sculptures évoque les atalantes de la Grotte des Pins à Fontainebleau, réalisé par l'italien Le Primatice à la demande de François 1er.

   

Juste derrière la maison Maillard-Milsand s'ouvre la rue de la Porte aux Lions par ces belles façades à colombages et pans de bois.

   

   

Continuons pour nous avancer vers un des monuments emblématiques de Dijon. Ce monument se trouve non loin de la place de la Chouette...

    

   

Dans la rue de la Chouette...

   

Un indice au sol.

    

Et un peu plus haut,
juste en face de cette plaque dorée...

       

 

Eeeeeeh oui :
la seule, l'unique Chouette de Dijon !

   

    

Si, si, c'est une chouette. Enfin... Si, si.

Comme dit plus haut dans la vidéo, cette petite statuette se trouve sur le flanc d'une chapelle de l'église Notre-Dame. Elle daterait du XVème siècle.
Il semble que l'on reconnaisse les oreilles pointues, mais l'usure laisse pantois et interrogatif.
Cette usure provient, entre autres, de cette croyance populaire : il faut caresser la chouette de la main gauche en espérant que le vœu formulé soit exaucé.
Une autre légende circule comme quoi un fantôme aurait hanté l'église Notre-Dame. Le fait de caresser la chouette permettait de se protéger des mauvais esprits.
D'autres légendes et interprétations circulent autour de cette sculpture pas banale :
1) Elle serait l'œuvre d'un sculpteur nommé M. Chouet
2) Il s'agirait de la représentation de l'animal de la déesse Athéna.
3) Elle symbolise le peuple juif.
4) Elle est symbole de protection, notamment contre les incendies.
5) Cette chouette est en fait un hibou grand duc, hommage aux Ducs de Bourgogne...

  

Voilà. Débrouilles-toi avec tout ça !

   

D'autres animaux peuplent la rue si on s'attarde un peu en regardant partout.
On peut ainsi découvrir une sculpture de salamandre à quelques centimètres de la chouette. Ou encore un chat perché sur le toit de la maison Millière.

   

 

Attention, aucune légende ne dit d'escalader les toits pour aller caresser le chat et ainsi voir son vœu se réaliser.
Si notre regard redescend sur la rue pour se concentrer sur la maison Millière, on découvre d'étonnantes sculpture sur la façade.

   

 

   

Maison à colombages de style gothique datant du XVème siècle, la Maison Millière a été construite pour le marchand drapier Guillaume Millière et son épouse Guillemette Durand. D'autres marchands et artisans se succédèrent ensuite dans cette maison jusqu'à ce qu'elle devienne une boutique de vente de produits artisanaux, un salon de thé et un restaurant en 1998.
En 1989, quelques scènes du film "Cyrano de Bergerac" de Jean-Paul Rappeneau furent tournées devant la maison avec Gérard Depardieu, Vincent Perez et Anne Brochet.

 

 

Nous allons au bout de la rue de la Chouette pour découvrir l'extraordinaire façade de l'église Notre-Dame, peuplée de gargouilles.

    

    

Ah merde, non, c'est de l'autre côté qu'il faut aller.

   

Voilà !

    

PLUS PRES !

    

Explications ?
Fastoche !

   

Chef d'œuvre gothique du XIIIème siècle, elle propose une façade orientale d'une planéité singulière, unique dans l'architecture gothique française. 51 gargouilles ornent cette façade, mais elles sont seulement décoratives car elles n'évacuent pas l'eau de pluie.

"Selon le récit du moine Etienne de Bourbon, les gargouilles originelles sont restées peu de temps en place : elles ont été déposées dès 1240 environ, à la suite d'un accident mortel. En effet, un usurier trouva la mort sur le parvis de l'église alors qu'il allait se marier, après qu'une figure de pierre représentant justement un usurier se fut détachée, le tuant sur le coup. Les confrères de la victime auraient alors obtenu la destruction de toutes les fausses gargouilles de la façade. Seule demeura, comme témoin, la gargouille de l'angle supérieur droit, jusqu'aux années 1960, époque à laquelle elle fut remplacée.
Les fausses gargouilles (aussi appelées "chimères") qui ornent actuellement la façade et qui représentent des êtres humains, des animaux et des monstres, ont été réalisées de 1880 à 1882, lors de la restauration de l'église." WIKIPEDIA

   

Un petit tour à l'intérieur...

   

Une des curiosités de l'intérieur de l'église est la présence d'une statue de la Vierge, Notre-Dame-du-Bon-Espoir.

   

    

Ah merde, attends, on la voit mal. Je vais me rapprocher un peu...

   

    

Ouais, bon... Bizarre, je n'arrive pas à faire une photo nette...
Datant du XIème ou du XIIème siècle, cette statue est considérée comme l'une des plus anciennes de France. Elle était représentée différemment avant la Révolution française en 1794 : elle était assise sur un trône, portait l'enfant Jésus sur ses genoux et avait deux mains.
Aujourd'hui, seul son visage est presque entièrement indemne.
On attribue à la statue plusieurs miracles, comme la levé de camp des Suisses lors du siège de Dijon en 1513 ou encore le départ des Allemands de Dijon en septembre 1944.

    

Croyance en cette Vierge ou en Dieu ?
Du côté de Timisoara, y'en a un qui n'est pas content content !

   

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Nous sortons de l'église Notre-Dame.
Encore un petit regard sur la façade orientale...

   

   

Mais, tiens, que se cache-t-il donc là-haut ?

   

    

Tout là-haut là !!!

   

Làààààààà !!!!

  

C'est le Jacquemart ! Le plus vieux citoyen de Dijon !
Il est né vers 1382 et sonnait les cloches à Courtrai, en Belgique. Il fut ramener par Philippe le Hardi après que celui-ci ait mis à sac et pillé la ville.
A l'origine, un seul personnage frappe les heures sur la cloche pesant aujourd'hui 3400 kilos. Cette dernière fut brisée pendant son transport, puis refondue à Dijon pour recevoir le prénom de sa marraine, la duchesse Marguerite de Flandre.
Un second automate, figurant une femme, fut ajouté en 1651 pour sonner les heures alternativement avec Jacquemart. Les Dijonnais l'appelèrent Jacqueline. Puis ce fut un enfant, Jacquelinet, en 1714 pour sonner les demi-heure. Puis une jeune fille, Jacquelinette, en 1884 pour frapper les quarts d'heure avec son frère.

   

Nous empruntons la rue Jeannin, puis la large rue Lamonnoye d'où l'on peut voir la façade de l'église Saint-Michel...

   

  

Eh oui, encore une église ! Ce n'est pas pour rien qu'un roi de France  -François 1er ou Henri IV-  ont appelé Dijon "la ville aux cent clochers". Mais bon, quelques autres villes sont aussi surnommées ainsi (Arras, Rouen, Caen, Poitiers, Liège, Prague,...).
Bon, il n'y a pas cent clochers à Dijon, mais il faut bien admettre qu'il y a une belle densité d'édifices religieux en rapport avec la surface qu'occupe la ville (97 hectares de Secteur sauvegardé classé au patrimoine de L'UNESCO).

   

Nous descendons la rue Chabot Charny. Des immeubles, de la pierre, longue avenue. Des murs. Nous prenons à droite pour emprunter la rue de l'école de droit afin de quitter cette monotonie architecturale.
de là, nous rejoignons la belle rue de l'Amiral Poussin.

    

   

Et puis nous remontons vers le centre du centre par de petites rues tortueuses nous faisant "atterrir" sur la place aérée de la Libération.

    

   

Ouuuuuaaaaah, le monde !
Les terrasses des bars et restaurants qui bordent cette place en forme d'hémicycle sont remplies. Moi qui croyais que Dijon était une ville renfermée, peu active, je découvre une ville vivante où les gens aiment sortir et se retrouver dans les rues et dans les bars. Durant tout notre périple effectué de 17h30 à 21 heures, je n'ai pas vu une seule place libre en terrasse, pas un bar ou un restaurant déserté ! Tout Dijon est dehors. Du bruit, de la vie, convivialité, discussions, rencontres. C'est chouette.

   

Nous remontons la rue de la Libération avec ces commerces  -toujours-...

   

  

Bon, ces commerces ne se trouvent pas dans la rue de la lib', mais j'avais envie d'en évoquer la présence quand même.

   

 

   

Nous quittons la rue de la Libération à hauteur de la rue du Château pour rejoindre la place Grangier, dominé par cet imposant et surprenant immeuble art nouveau.

   

   

Bâti par l'architecte Louis Perreau, il fut délivré le 31 décembre 1906. Ses deux fenêtres en encorbellement aménagée (oriels) sont terminées par de grandes lucarnes cintrées, couvertes par des toitures à croupe ronde débordante. On découvre également de multiples sculptures, comme des feuilles de marronniers, de pommiers, de noisetiers, de poiriers en fleurs ainsi que des feuilles de vignes et des grappes de raisin.
Magnifique batiment avec de véritables prouesses décoratives et architecturales ; des consoles aux recoins d'angle en passant par les fenêtres en saillie...

   

Au centre de la place Grangier, on découvre une autre œuvre de l'artiste Gloria Friedmann... Oui, souviens-toi, celle qui a conçu "L'arbre à visage" ("Semper Virens") sur la place François Rude...
Cette œuvre-sculpture se prénomme "Le compteur de temps" ("Zeitzähler") et a été installée le 8 juin 2020.

 

Elle se présente sous la forme d'une sphère de trois mètres de diamètre surmontée d'un personnage haut de plus d'un mètre tenant dans ses mains une horloge indiquant l'heure dijonnaise. Sur la terre qu'il surmonte, treize horloges incrustées donnent l'heure de treize villes différentes dans le monde, de Riga à La Havane.

    

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Et puisque l'on parle d'horloge et donc d'heure : allez, c'est pas l'tout, mais c'est l'heure de bouffer !
Il n'est pas loin de 20h30.
Nous nous dirigeons vers les halles gourmandes, à quelques rues de la place Grangier.
   

 
C'est en 1868 que la ville a décidé de construire un marché couvert.
Ce fut le Dijonnais Gustave Eiffel (oui, oui, le gars de la tour) qui fut pressenti pour la construction de ce projet. Mais c'est finalement l'architecte Louis-Clément Weinberger qui décroche le contrat.
Naissance des halles avec une construction allant de 1873 à 1875, bâties par les Fonderies et ateliers de Fourchambault... Je dis ça parce que je connais bien cette ville nivernaise, autrefois cité Vespa (cf : La Loire à vélo, épisode 2).
D'une surface de 4000 m2 pour une hauteur allant jusqu'à 13 mètres, elles abritent 246 boutiques, 14 annexes et 728 bancs.
Les différents marchés de la ville se retrouvent donc réunis en un seul lieu avec le confort et les normes d'hygiène nécessaires pour de telles activités artisanales et gastronomiques.

   

A l'heure où nous arrivons les halles sont fermées. Mais celles-ci sont entourées de multiples bars et restaurants. Les terrasses, ici aussi, sont bondées. Après quelques tours de halles, nous parvenons à nous installer en terrasse du restaurant "Gustave".
Très bon accueil, une belle carte, un bon rapport qualité-prix. Entrée-plat-dessert : 23,90 euros avec des assiettes bien fournies. Perso, j'ai pris les œufs meurettes, puis une bonne Poutine pour finir avec un crumble servi tiède.

   

 

Fin de cette petite balade dijonnaise où j'ai été surpris par la richesse architecturale  -même si je en suis pas fan de murs et de hauts immeubles-  et par la population qui aime se retrouver dehors, dans les parcs et aux terrasses des bars-restaurants.
Bien sûr, nous aurions également pu parler d'autres sites touristiques de la ville, comme le musée des Beaux-Arts, le Palais des Ducs de Bourgogne, l'Hôtel de la Cloche, le pain d'épice et tout ça... Mais bon, eh hein, voilà.

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5 avril 2024

LES GRANDES MARéES (64)

    

Non, ce n'est pas le titre de la future grande série-saga télé de l'été en 10 épisodes.
Ici, présentement, il s'agit plutôt de revenir vite fait sur les grandes marées qui ont lieu le 12 mars dernier.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

   

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On parle de grande marée lorsque le coefficient (de marée) dépasse les 90. Et ce jour là  -c'est à dire le 12 mars dernier-  ce dernier était de... de... 116 ! ET PAF ! C'est le plus gros coeff de l'année, de la décennie, et peut être même du siècle, qu'y disaient. La marée d'équinoxe ; qui veut dire que le jour et la nuit ont exactement la même durée.
Alors, je peux te dire que quand y'a un coefficient comme ça, je te prends la voiture et direct je vais voir l'océan !

Mais attention : il ne faut pas se tromper et bien regarder les heures de basse et de haute marées.
Pour le coup, en ce jour du 12 mars, journée mondiale contre la censure sur Internet et où l'on fête les Justine, je constate que, dans la région de Boucau-Biarritz-Bayonne, la marée (très très) basse a lieu à 11h52 et la marée (très très) haute se tient à 18h11.

   

Une fois que ça c'est dit, où aller ?
Pour la marée basse, je décide de me rendre à Guéthary.
Pourquoi ?
Eh bien, parce que j'ai souvenir que quand l'océan se retire, on peut remarquer une côte morcelé avec des blocs rocheux étonnament superposés ; ce qui s'explique géologiquement et historiquement.

   

Allez,
c'est parti !

    

     

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Quelques minutes plus tard, j'arrive à Guéthary.

Alors bon, Guéthary, on en a déjà beaucoup parlé ici sur ce blog DONC on ne va pas répéter la messe et aller directement à l'essentiel en empruntant un petit bout du Sentier du Littoral pour rejoindre la plage Harotzen Costa, encore appelée "Les Alcyons".
Sur cette partie de la côte basque, lorsque l'océan se retire, on voit des bassins d'eau salée apparaitre dans les plissements rocheux.

  

   

    

 

   

Ah oui, c'est impressionnant cet océan de pierres et de rochers, de flysch et de plissements.
Mais pourquoi un tel paysage ?
Explications.

    

"Les roches de la plage de Guéthary (appelées flysch calcaires à silex) se sont déposées il y a environ 88 millions d'années dans une mer profonde de plus de 1000 mètres par succession d'avalanches sous-marines. Ces couches initialement horizontales ont été déformées il y a environ 40 millions d'années lors de la collision entre les plaques continentales ibérique et européenne qui a conduit à l'identification de la chaine des Pyrénées. Des plis se sont formés alors que la roche était déjà indurée et enfouie. La surrection des Pyrénées a ensuite permis la mise à l'affleurement de ces roches plissées que l'on peut observer ici, sur la côte basque.(...)

Le plissement de la roche indurée induit la formation de fissures ouvertes sur la partie externe de la voute du pli. Le calcite se dissout dans les zones de plus fortes pressions et se recristallise dans les zones de plus faibles pressions."  GUETHARY.FR

   

 

     

 

J'avance sur la plage de cailloux. Certaines personnes se risquent à partir dans les vagues rocheuses statiques pour ramasser quelques coquillages et autres mollusques. En se retirant aussi loin, l'océan laisse l'estran à découvert. L'estran, c'est cette zone de balancement des marées, encore appelée zone de marnage ou zone intertidale, dans laquelle se constitue un biotope spécifique qui peut abriter de nombreux sous-habitats naturels. Ici, à Guéthary, pas de sable, mais des récifs dans lesquels on peut trouver crabes, étrilles, oursins, bulots, bigorneaux, crevettes, coques,...

    

 

    

Je quitte la plage d'Harotzen Costa pour marcher un temps sur la route de la jetée des Alcyons. De là, nous avons une magnifique vue sur la côte nord basque avec Bidart et Biarritz en fond.

   

     

J'emprunte la jetée pour marcher, non pas sur l'eau comme Jesus, mais entre sable et rochers.

   

     

Au  bout de la jetée, l'Ikurrina (drapeau basque) en haut d'un mat sans vent.

    

     

Derrière et au bout de la jetée, une vue panoramique sur un fond d'océan non retiré, emprisonné dans les récifs. Juste derrière, la plage de Parlementia et les falaises de Bidart.

    

   

Et sur les récifs, il n'y a pas que des mollusques et autres algues variées.

   

Eeeeeh oui, une petite Mimine, bien peinarde, tente de capter quelques rayons de soleil entre deux nuages ; là, posée sur les rochers à marée très basse.

   

    

  

Je quitte la jetée des Alcyons pour traverser le petit port aujourd'hui vidé de ses habituelles embarcations colorées.

   

   

Inclinaison, largeur. C'est ici que l'on débarquait les baleines en d'autres temps.
Selon les sources, la chasse à la baleine remonterait au XIème siècle, voire au VIIème siècle. Les Basques furent les précurseurs de cette pêche dans un but commercial -contrairement aux peuples indigènes qui la pratiquaient pour se sustenter.

 

"La capture d'une baleine est une aubaine économique considérable : la chair est une nourriture précieuse, la graisse sert à fabriquer de l'huile d'éclairage et du savon, le squelette est utilisé pour les clôtures, les charpentes et les sièges de maison, les fanons deviennent des "baleines" de parapluie ou de corset. La langue, tendre et délicieuse, est réservée aux personnalités." GUETHARY.FR

  

Les Basques dominèrent le marché et le commerce de la baleine pendant cinq siècles, allant pêcher de plus en plus loin de par la raréfaction du mammifère sur les côtes européennes. C'est ainsi que les bateaux et leurs marins-pêcheurs se lancent jusque dans les eaux canadiennes et de Terre-Neuve.
La pêche à la baleine par les Basques atteint son apogée à la fin du XVIème siècle, puis déclina un siècle plus tard. La baleine franche était en voie de quasi-extinction et la baleine boréale décimée. Les marins basques développent alors la pêche côtière. Thons, sardines, langoustes abondent et le port de Guethary connait son apogée dans les années 1920.

  

Le blason de la commune rappelle fièrement la tradition que fut la pêche à la baleine. On retrouve un guetteur sur un promontoire ainsi qu'une chaloupe de chasseurs en train d'harponner une baleine. Une représentation que l'on retrouve également sur les balises du sentier des baleines qui longe la côte.

   

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Je longe la plage de Parlementia, réputée pour ses vagues et ses surfeurs. 
Bon, aujourd'hui, pour le moment, point de vagues et de surfs en vue.

  

 

     

Mais habituellement, cela donne plutôt ceci.

 

 

Ah ben oui. Pas pareil.

  

Cette plage porte le nom de Parlementia en relation avec sa position géographique puisque elle se divise en deux. Une partie se trouve à Guéthary et une autre à Bidart. Au temps de la chasse à la baleine, les pêcheurs de Bidart et de Guéthary se disputaient ces eaux. Pour régler les différents, les référents de chacun des deux villages se trouvaient sur la colline séparant Guéthary et Bidart pour parlementer. D'où le nom "Parlementia".

Aujourd'hui, le mot Parlementia se rapporte certes à cette colline "parlementaire et à la plage, mais aussi à une vague.

   

En effet, haut lieu du surf mondial, Guéthary propose deux vagues mythiques.
La "Parlementia" est une "droite" somptueuse qui se forme à Guéthary pour aller s'échouer à Bidart. Elle a un déroulé parfait, sa grosseur et sa dangerosité en font la réputation. Il est difficile d'évaluer sa taille car elle se situe au large des côtes basques, mais elle peut atteindre facilement 5 mètres de haut.
"Avalanche" est, elle, une vague "gauche" rare qui se forme face à la jetée des Alcyons, au bout du port de Guéthary. C'est un long spot de gros qui n'apparait que sous certaines conditions météorologiques avec un mélange complexe de vent, de marées et de houle. Vague réservée aux experts, elle caresse les rochers invisibles à l'oeil nu.

         

J'aurais bien pu un coup dans un bar de bord d'océan, mais à cette époque de l'année, ils sont encore fermés. 

Je quitte le bord de mer en grimpant sur la falaise aménagée.

  

 

En haut de la falaise, le sémaphore, également appelé Phare de Koskenia.

    

     

Ancien poste d'observation, c'est ici que se plaçait le guetteur de baleine qui, lorsqu'il apercevait une baleine au large, donnait l'alerte en sonnant la cloche. Les pêcheurs descendaient alors leurs traînières de la cale et se lançaient à la poursuite du cétacé.

  

J'emprunte le Chemin du phare encadré par de hauts murs blancs de propriétés privées. Je rejoins ainsi la terrasse panoramique, puis je passe devant l'imposant immeuble de la résidence Guetharia.

   

    

On doit la conception de cet immeuble de style art déco à l'architecte basque Joseph Hiriart. Construit en 1926, il accueillait dans une première vie un hôtel, puis fut reconverti en copropriété d'appartements.

    

Je rejoins ensuite la voiture qui était garée sur la route du chemin des falaises.

    

     

    

La haute marée est annoncée pour 18h11 avec un coefficient de 116.
Pour assister à ce phénomène, j'ai décidé de me rendre à Biarritz où les vagues sont souvent impressionnantes lorsqu'elles viennent se heurter aux rochers de l'Atalaye et de la pointe de Biarritz.

   

Je me gare un peu plus loin, sur l'avenue de l'Impératrice, à hauteur de la Villa Roche Ronde, facilement reconnaissable à son architecture.

  

    

Elle doit son nom au rocher qui émerge de l'océan un peu plus bas, sur la plage de Miramar. C'est un manoir néo-gothique, construit en 1884 par l'architecte Alphonse Bertrand pour la famille Bernain ; famille qui donna son nom à la plage et à la falaise situées au pied du phare de Biarritz, au nord de la plage Miramar.

  

    

   

Cartes postales : PAYS BASQUE 1900

   

On se croirait face à un château fort avec ses créneaux, ses échauguettes, ses machicoulis, ses pseudos meurtrières,... à la différence que la villa est aujourd'hui cernée par les autres villas et immeubles biarrots.

 

    

La Villa eut plusieurs propriétaires et hébergea également plusieurs personnalités, telles que Mata Hari et la reine Fabiola de Belgique.
La villa fut abandonnée pendant plusieurs années, puis sauvée par des restaurations récentes.

   

La descente de l'Océan est fermée. Impossible de rejoindre la plage de Miramar par ici pour des raisons de sécurité. Je tourne un peu dans le quartier et découvre un escalier art déco descendant vers l'océan, entre deux immeubles.

   

   

Je marche le long de la côte avant de remonter vers l'avenue pour contourner l'Hôtel du Palais que je retrouve un peu plus tard. Sa façade est baignée par le soleil.

   

   

   

Il est aux environs de 17h22... Oui, je sais, si je donne une heure aussi précise, ce n'est pas environ, mais bon...
Il n'est pas loin de 17h22 quand je me retrouve à marcher sur la promenade de la Grande Plage.

   

   

L'océan est haut, certes, mais il n'y a pas de vent DONC pas de vagues DONC pas de risques de submersion.
Tout avait été prévu au cas où...

   

   

Renversant, non ?

   

Je continue mon petit périple en suivant la promenade le long du Boulevard du Général de Gaulle, puis du Maréchal Leclerc.
Je passe à proximité du rocher de Basta, inaccessible également par grandes marées.

   

   

Pas d'écume, pas de vague. C'est calme. Les rochers de Biarritz sont caressés par les mouvements lents de l'océan.
Cette promenade de bord d'océan permet de voir différents rochers : les rochers de Biarritz. Ils ont tous un nom : la Frégate, la roche ronde, la roche percée, le rocher des enfants, l'artillerie, le Chanin, le Gamaritz, Lou Couloum,...

   

Je passe au dessus de l'étonnant port des pêcheurs, bien blotti dans sa anse artificielle construite à base de plusieurs digues de béton. Tous les bateaux sont hors d'eau, garés sur le parking du restaurant "Chez Albert".
Le port des pêcheurs -et ses crampottes- est dominé par l'église Sainte-Eugénie dont la façade sert chaque fin d'année d'écran aux projections animées et musicales de "Biarritz en lumière" (cf : Biarritz en lumière 2023 : Essentia).

   

Je continue mon petit périple en attaquant la montée de l'Atalaye.
Une fois sur le plateau, le constat est sans appel : on est en pleine haute marée et il n'y a pas de vagues.

   

   

Je traverse le plateau pour rejoindre le rocher de la Vierge ; là où par grand vent et haute marée, les vagues sont les plus impressionnantes.
L'océan vient se heurter aux rochers creusés par les fortes vagues dans un bruit assourdissants.
Mais là, non.

   

   

C'est calme. C'est pas grave, hein, mais c'est calme.
Je m'attendais à voir de hautes vagues déferler sur des rochers battus par les vents. Mais non.
Je descends à hauteur du musée de la Mer qui fait face au rocher de la Vierge, interdit d'accès ce jour.

    

   

Les mouettes et autres goélands peuvent tranquillement profiter des derniers rayons de soleil de la journée en bullant sur la côte rocheuse à proximité de l'océan.

   

    

Un petit coup d'oeil sur la Villa Belza...

   

   

Au risque de me répéter, il faut bien le dire : c'est calme.
Pas d'agitation au niveau du "Trou du Diable" ; ce gouffre où les vagues passent sous la route lors de fortes tempêtes.
On peut parler un peu de cette villa posé sur la falaise face à l'horizon ouest.
Eh bien, comme pour la Villa Roche Ronde, elle a été conçue par l'architecte basque Alphonse Bertrand entre 1880 et 1895 dans un style néo-médiéval.

   

Je reste un peu. Puis... demi tour... Je retourne à la voiture sous la lumière du soleil disparaissant.

   

   

   

   

    

21 mars 2024

Et v'lan : 50 ans !

Ah ben oui ! Ah ben voilà !

50 ans ! 50 piges ! 50 balais !

    

   

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    .

   

12 mars 2024

LE LAC BLEU DE LESPONNE (65)

Prenons un peu d'altitude à présent en nous rendant au Lac Bleu.
Mais pas n'importe quel Lac Bleu puisqu'il s'agit du Lac Bleu de Lesponne.
Eh ouais, ah, ah, ah !
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

   

      

    

Bon, question technique tout d'abord : je en sais pas si tu as remarqué, mais l'organisation de ce blog a quelque peu changé. C'est pas ma faute à moi, c'est Canalblog !
C'est un peu le bordel dans l'organisation des photos et sur la mise en page.

  

BREF !
Faisons comme si de rien n'était et continuons en souhaitant que ces changements et ces modifications se terminent vite.

   

ALORS !
Après les deux derniers billets où nous étions en Suisse, on m'a demandé :

   

"Ah euh, toi Jénorme qui t'y connais en cimetières, tu saurais me dire où est enterré Elton John ? Merci d'avance."
Par ce nouveau billet (ou article, ils appellent ça article maintenant Canalblog), j'en profite pour répondre à ce lecteur nommé Babel :
"Salut Babel. Elton John n'est pas mort et donc pas enterré. Tu es un peu en avance."

 

  
DONC
Aujourd'hui, pas de cimetière puisque nous allons nous rendre au Lac Bleu de Lesponne. Enfin, je dis aujourd'hui... Pas aujourd'hui puisqu'il est sous la neige et donc inaccessible et invisible. Je recommence.

En septembre dernier, je me suis rendu au Lac Bleu de Lesponne.
J'ai bien dit Lac Bleu de Lesponne, et pas Lac Bleu tout court.
Le Lac Bleu tout court, lui, ne se trouve pas dans les Hautes-Pyrénées, mais dans la Nièvre, non loin de Chaulgnes.

    

SOUVENONS-NOUS !
 

Nous avions marché pendant plus de deux minutes pour finalement arriver sur les rives de ce lac secret nivernais, situé presque en pleine forêt, mais plutôt en lisière, au bord d'une départementale.

  

   

 

C'est beau hein ?
Si tu veux voir plus de belles photos de ce lieu, tu peux retourner le résumé de cette magnifique randonnée en cliquant ici : UN LAC, UNE BIèRE : LE LAC BLEU (58).

    

Voilà !
Aujourd'hui... enfin, en septembre dernier, je me suis rendu au Lac Bleu... de Lesponne ! Dans les Hautes-Pyrénées. Et qui dit "Hautes-Pyrénées", dit "Hautes"... Oui, certes... Mais dit aussi "Pyrénées". Eeeeh oui... Et qui dit "Pyrénées", dit "montagnes". Et qui dit "montagnes", dit... Ouais bon, ça  va aller !

Je me suis déjà rendu à hauteur de ce lieu en novembre 2012.
Mais une fois arrivé au lac  -c'est à dire à 1968 mètres d'altitude-   eh bien, je voyais plus de blanc que de bleu.

     

    

Une magnifique expédition que tu peux retrouver en te rendant ici : CLIP DE MOUTONS ET LAC BLEU (65).

   

Je ne pouvais pas rester sur cette mauvaise impression. C'est donc 11 ans plus tard que j'ai pris les chevaux par la queue... Non, la chèvre par la barbe... Non, le taureau par les cornes... voilà.
C'est donc 11 ans plus tard que j'ai pris le taureau par les cornes afin de retourner au Lac Bleu de Lesponne afin de constater si oui ou non, il était effectivement bien bleu.

   

   

DE NOS JOURS, MAIS EN SEPTEMBRE

Le jour se lève sur Mouguerre.
Ici, on sait qu'il va faire beau et chaud quand on voit que Jean-Paul a mis son parasol à l'ombre sur son balcon.

  

       

Une  météo parfaite pour se rendre en montagne.
Le trajet en voiture va être simple car le plus important est d'arriver le plus vite possible afin d'en profiter un max.

  

MOUGUERRE - A64 - PAU- SOUMOULOU...

   

Ah tiens, on va sortir de l'autoroute et passer par Lourdes.

   

SOUMOULOU - PONTACQ LOURDES - LOUCRUP - REBONS - BAGNERES-DE-BIGORRE - BEAUDEAN - LESPONNE - LE CHIROULET   173 KM

     

C'est parti mon Kiki !

   

A la radio de la voiture, quelques infos régionales, comme...

 

 

    

Du côté des infos nationales, un petit moment de rigolade à la fashion week new yorkaise...

   

Sur ce, j'arrive à Lourdes, le Las Vegas de la religion chrétienne, sauf que la ville n'est pas construite au milieu du désert, mais bel et bien au pied des montagnes.

  

  

 

  


Elle me fascine cette ville avec ses commerces, ses touristes, ses pèlerins, ses lieux de culte.
Que serait Lourdes si Bernadette Soubirous n'avait pas eu ses 18 apparitions de la Vierge en 1858 ? Hein ? Non, mais je pose la question.
Maaaaaaiiisss la ville existait bien avant ces apparitions de l'Immaculée Conception à la petite bergère de 14 ans.
Mais oui ! Le lieu était même habitée dès la Préhistoire !

 

  

Après avoir traversé une partie de la ville en empruntant ces rues bordées de magasins de souvenirs, j'arrive à hauteur de la basilique Notre-Dame-du-Rosaire.

   

 

 

Et au pied de la basilique, je retrouve la grotte de Massabielle.

  

  
Pas de peintures rupestres ici, mais de nombreux pèlerins et touristes venus se recueillir en ce lieu où Bernadette Soubirous vit pour la première fois le 11 février 1858 celle qu'elle appelait alors "Aquero" ("Cela" en occitan). Ce n'est que lors de la seizième apparition, le 25 mars, qu'Aquéro donnera son nom : "Que soy era l'immaculada Concepciou" ("Je suis l'immaculée Conception").

 

Au dessus de la grotte est bâtie de 1866 à 1871 une double basilique sur deux niveaux : la basilique de l'Immaculée Conception, suite aux propos tenus par la "Dame" à l'encontre de Bernadette le 2 mars : "Allez dire au prêtre qu'on vienne ici en procession et qu'on y batisse une chapelle."

  

   

Maaaaaais, très vite, je me rends compte que l'objectif du jour n'est pas de visiter Lourdes, mais bel et bien d'aller randonner dans les montagnes pyrénéennes du côté de la vallée de Lesponne.

    

   

30 kilomètres plus tard, j'entre dans la belle vallée de Lesponne, comme me l'indique sommairement le GPS.

  

   

C'est une belle vallée bien enclavée au pied du Pic du Midi de Bigorre sur dix kilomètres. La seule route, la D29, suit le cours de l'Adour de Lesponne ; l'un des trois torrents qui formera ensuite dans la vallée de Campan la seule et unique Adour qui s'en ira vers Bayonne pour se jeter dans l'océan Atlantique.
A hauteur du village de Lesponne, je passe devant l'auberge Chez Gabrielle, café d'autrefois.

   

   

Trois services y sont proposés : bar-restaurant, hôtel et épicerie.
Quelques kilomètres plus loin, j'arrive au point de départ de la randonnée pour le Lac Bleu de Lesponne : le Chiroulet.
Le lieu se compose d'un grand parking, d'un hôtel-restaurant-bar, d'un refuge, d'une maison autour de laquelle gravitent quelques chevaux sauvages...

   

 

  

Je chausse le sac à dos, je quitte le parking en descendant vers la rivière Adour de Lesponne. Une passerelle l'enjambe. Sur ma gauche, une sorte de petite centrale électrique. A ma droite, le sentier...

      

 

Oui, 2h30 de marche pour atteindre la lac. Sept kilomètres avec un dénivelé de 900 mètres.
Ah oui, y'a un beau dénivelé.

  

La randonnée commence par un passage dans une forêt de hêtres.

   

   

    

 

Dans les virages, un peu en retrait du sentier, je découvre de belles petites cascades venant écouler leur eau fraiche sur des rochers ronds couverts de mousse.

   

 

   

 

Cette montée s'accompagne également de quelques rencontres façonnées par la nature...

 

Mais aussi...

  

 

 

   

Ooooh, un gros tuyau !!!
C'est tout à fait normal. Oui, oui, oui. Si, si, si.
Explications.

  

"Tout a commencé avec les moulines apparues au XIVème siècle. Celles-ci utilisaient l'énergie mécanique apportée par l'eau. C'étaient des forges dont le perfectionnement n'a pas cessé jusqu'au XIXème siècle, période de l'apogée des forges à la catalane. Les forges ont disparu depuis la fin du XIXème siècle, mais la force de l'eau a continué à être utilisée pour produire de l'électricité. (...)
Le défi de l'exploitation hydroélectrique dans les Pyrénées françaises, c'set la faiblesse des bassins versants et donc l'impossibilité d'exploiter des barrages contenant suffisamment de volume. C'est pourquoi la méthode privilégiée est celle des conduites forcées ayant un maximum de hauteur et de débit. D'où ces tuyaux qui précipitent une grande quantité d'"eau sur des hauteurs de plusieurs centaines de mètres vers les turbines d'une centrale électrique dans la vallée.
L'autre conséquence de la faiblesse des bassins versants, c'est la nécessité de réunir plusieurs bassins pour avoir un débit suffisant. D'où le percement de multiples tunnels traversant les montagnes et permettant d'additionner les débits de plusieurs bassins versants. Il n'est pas rare d'apercevoir dans nos belles Pyrénées ces tunnels fermés par de robustes grilles en fer s'enfoncer dans la roche. Si l'on mettait bout à bout la totalité de ces ouvrages sous terrains, on pourrait traverser les Pyrénées de Banyuls à Biarritz puisqu'ils totalisent plus de 400 km.(...)" 
CHEMINS OCCITANS

   

  

Ces gros tuyaux impressionnants qui traversent la forêt sont bel et bien là pour acheminer l'eau des montagnes dans la vallée pour, ensuite, être "transformée" en électricité

  

Et puisque nous parlions de bassin de retenue, me voici sortant de la forêt pour arriver à hauteur du réservoir du Lhécou. Son nom vient de la rivière-torrent qui descend du lac Bleu.

  

   

C'est pas très beau, mais efficace.
Nous sommes ici à 1271 mètres d'altitude. Plus loin, plus haut, on distingue une ouverture. C'est là-haut que se trouve le lac Bleu.

   

   

Vu comme ça, on n'a pas l'impression que c'est haut et loin, mais.... il y a tout de même un petit 600 mètres de dénivelé à emprunter pour atteindre l'objectif du jour ; et ce sur une distance de 4,5 kilomètres.

  

Allez, prenons de la hauteur.
Je dépasse le réservoir pour m'aventurer dans des "pâturages".
Un petit regard sur le bassin dans lequel se reflètent les montagnes environnantes, tel que le Pic de Montaigu...
  La digue, la digue  ...

  

   

Ah ben non.
Quelques vaches sont bien posées en ce lieu de transition qui n'a pas encore vu le soleil ce matin.

  

    

   

   

Je ne croise pas grand monde. C'est agréable. Hormis quelques... quelques... comment on les appelle, ces gens là qui courent dans les montagnes, les yeux rivés sur leur montre cardio-GPS... Aaaah, ils m'énervent !!!!

   

   

Allez, concentrons-nous sur les beaux paysages pyrénéens.
Tiens, d'ailleurs, je me suis toujours demandé pourquoi on disait "Crétin des Alpes", et pas "Crétin des Pyrénées" ?
Recherches.
 Pour en savoir plus, je me suis rendu sur le site internet très instructif de National Geographic.

  

Gravure de Franz Sartori, Vienne, 1819

    

"« Crétins des Alpes » n’a pas toujours été une des insultes favorites du capitaine Haddock. Au 19ème siècle, l’expression désignait une réalité médicale. Avec le développement du tourisme, la bourgeoisie urbaine découvre le sublime des sommets alpins en même temps que les handicaps physiques et mentaux de nombre de ses habitants. Petits en taille et incapables d’intelligence, près de 20 000 « crétins » peuplent alors les Alpes françaises et intriguent les touristes.
Jusqu’en 1922, les médecins n’arrivent pas à expliquer les causes de cette infirmité. Les hypothèses foisonnent, et les traitements aussi. Ce sont finalement des médecins suisses qui vont isoler la véritable cause de la crétinerie : le manque d’iode dans les terres alpines, éloignées de la mer.(...)"
NATIONAL GEOGRAPHIC

   

Intrigant, non ?
Je trace, je continue, je suis le chemin, devenu sentier. Un sentier qui serpente sur le flanc de la montagne ouverte. Parfois, je croise le Lhécou en franchissant une passerelle...

   


   

Parfois, je franchis une passerelle sans eau en dessous...

  

   

Parfois, je vois le Lhécou en cascade avec l'arrivée du soleil...

  

   

Et puis, je baisse un peu la tête pour savourer les couleurs de quelques Rhododendrons ferrugineux...

  

   

Un peu de couleur. Et je ne sais pas si tu sais, mais cette fleur de montagne, qui préfère l'ombre au soleil, peut vivre 300 ans minimum ! Par contre, ce même Rhododendron ferrugineux renferme de l'arbutine, de l'aricoline et de la rhodoxanthine. De toxicité moyenne certes, ils peuvent tout de même provoquer des vomissements, des troubles digestifs, des troubles nerveux, respiratoires et cardiovasculaires.
Voilà !
On va continuer.

   

On a bien progressé là, avec tous ces virages en épingles.
Je regarde derrière moi pour jeter un oeil sur la vallée de Lesponne et la D29...

   

  

Mais en levant un peu plus haut encore les yeux, ce sont les nuages qui m'intriguent, m'interpellent, m'inquiètent...

   

   

Bon. Pour l'instant, ils semblent bloquer sur Tarbes, mais... Le temps change vite en montagnes.
Mais pour l'instant, la vue est belle et impressionnante sur la vallée., 900 mètres plus bas.

  

    

Après une belle série de virages en lacets répétitive, j'arrive en un lieu un peu moins "naturel". Un mur de pierre ne te propose qu'un seul itinéraire avec un petit précipice sur le côté.

   

      

C'est le signal !

  

Le signal que le lac Bleu approche. Que le lac Bleu n'est plus très loin. Qu'il est quelque part, là, ici.
Nous sommes à 1968 mètres d'altitude, très précisément.
La montée s'est bien passée. C'est pentu, mais agréable. Et pas très long, contrairement à d'autres randonnées comme celle qui t'emmène, par exemple, au lac du Montagnon, entre vallées d'Aspe et d'Ossau.

  

J'emprunte le sentier rocailleux qui redevient sentier de terre. Il y a beaucoup de rochers éparpillés.
Mais tout à coup, je vois du bleu... et une sorte de cabane qui n'est pas une cabane de berger, mais plus de contrôle.

   

   

Mon premier réflex est de m'approcher de ses rives. Le voir de très près, le toucher.

   

   

   

Je suis fasciné par la pureté de l'eau. Limpide. Transparente. Claire.

   

   

J'adore. Je reste. Je ne me lasse pas de regarder ce paysage, cette eau.

   

   

Je quitte les rives du Lac Bleu... Oui, j'en ai marre d'écrire à chaque fois "Le lac Bleu de Lesponne".  Je sais bien qu'il y a une dizaine de lacs Bleus dans les Pyrénées, mais bon hein !
Je retrouve une sorte de sente qui semble faire le tour de l'étendue aquatique. Cette sente s'en va sur des hauteurs aléatoires, mais panoramiques. Le silence règne et c'est beau.

    

 

 

 

On n'est pas bien là ?

  

 

    

Entouré du Col de Bareille (2338m) au nord, du Pic de Merlheu (2638m) à l'est, de la Soum de Moutarra (2452m) au sud-est, du Pic d'Ourdégon (2436m) au sud et de la Soum de Lascours (2485m) à l'ouest, le site est magnifique. Le Bleu de l'eau est cerné par les pentes vertes des montagnes. Le niveau du lac est bas en ce mois de septembre.

 

 

 

   

Oui. On est bien.
Parlons un peu de ce lac Bleu en buvant quelques gorgées de bière belge...

   

Nous sommes donc à 1968 mètres d'altitude. Ce lac naturel a une superficie de 51 hectares pour une profondeur de 121 mètres ; ce qui en fait le lac le plus profond des Pyrénées. C'est profondeur qui donne cette couleur bleu au lac.

    

      

Le lac Bleu de Lesponne a également sa légende qui explique son origine.

   

"Dans les temps anciens, quand Dieu parcourait la terre en pauvre, il arriva un soir au fond de la belle vallée de Lesponne où s'élevait un village. Il demanda à loger, mais personne n'eut pitié de lui. Au contraire, les villageois le recevaient armés de fourches, de bâtons ou de faux et vociféraient pour le faire partir.
Horrifié, le vagabond reprit son chemin et, légèrement au-dessus du village, il aperçut une petite maison esseulée. Elle appartenait à un pauvre vacher qui dormait avec ses bêtes dans son étable. Celui-ci accueillit l'étranger et, n'ayant rien à lui offrir à manger, tua le seul veau qui lui restait, et lui servit à dîner.

Le divin voyageur, quand il fut rassasié, garda l'os qu'il venait de manger et dit au pauvre vacher de mettre à part tous les autres. L'homme obéit et les rangea sur le seuil de l'étable. Puis ils allèrent dormir dans la paille. Durant la nuit, l'orage s'abattit violemment sur la contrée.
A l'aube, le vagabond avait disparu. Et quand le vacher sortit, il eut l'heureuse surprise de voir le veau qui l'attendait à la porte, paissant l'herbe. Dans la cloche qu'il avait au cou, pendait l'os gardé par le visiteur. La joie de l'homme, qui était grande, se changea tout à coup en épouvante quand il vit, à la place où se trouvait le village, une immense étendue d'eau bleue qui miroitait au soleil. Le Lac Bleu était né. Les gens au cœur dur avaient été engloutis dans leurs demeures closes et le redoutable voyageur était parti parti semer sa justice en d'autres lieux..."

    


    

Après cette petite pause pique-nique-bière, je décide de prendre la direction du Lac Vert situé un peu plus haut, à 2009 mètres d'altitude.
Pour le rejoindre, il faut marcher environ deux kilomètres en suivant un petit sentier quelque peu escarpé au départ.

   

   

Mais je m'arrête très vite en voyant que les nuages montent depuis la vallée.

   

   

    

Je décide de faire demi-tour. Le lac Vert, ce sera pour une autre fois. Tout comme la boucle prévue par le col de Bareilles et le lac d'Ourrec.

Je quitte le lac Bleu en empruntant le même chemin qu'à l'aller. Pas de risques inutiles.
Face à moi, les nuages recouvrent petit à petit le panorama sur la vallée de Lesponne.

   

   

   

     

Une heure plus tard, je retrouve le parking du Chiroulet.
Juste à temps avant la pluie.

   

En tout cas, ce fut une belle petite randonnée. Pas trop difficile et très bien balisée.

 

  

 

 

 

     

    

29 février 2024

Pourquoi aller en Suisse 3 ? La fin

Bon, normalement, cette fois-ci, on devrait arriver à Gruyères, comme cela était prévu au départ.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

 

Rapide rappel des deux épisodes précédents.
Nous sommes partis de Nevers par un beau jour de la fin août. L'objectif était d'atteindre la ville de Gruyères en Suisse pour visiter le musée dédié et créé par Hans Ruedi Giger, plasticien-graphiste-illustrateur-sculpteur-designer suisse, à qui l'on doit, entre autre, la création de la créature Alien et du vaisseau Nostromo pour le film (et la série de films) du même nom.

 

Tout de suite,
la bande annonce 

  

Ah mince. je me suis planté de lien.

    

  

Et tout de suite, 
la vraie bande annonce :

   

L'HISTOIRE
Durant le voyage de retour d'un immense cargo spatial, le Nostromo, en mission commerciale de routine, ses passagers, cinq hommes et deux femmes plongés en hibernation, sont tirés de leur léthargie dix mois plus tôt que prévu par Mother, l'ordinateur de bord. Ce dernier a en effet capté dans le silence interplanétaire des signaux sonores, et suivant une certaine clause du contrat de navigation, les astronautes sont chargés de prospecter tout indice de vie dans l'espace.
Mais, au cours de cette vérification sur une planète désertique, ils découvrent les restes d'un vaisseau extraterrestre, mais aussi un immense champ d'étranges oeufs qui renferment des créatures inconnues. L'une d'elles attaque l'officier Kane en recouvrant son visage et en l'étouffant avec sa queue...

   

Boudé par le public dans un premier temps, le film deviendra ensuite un film culte ; loué notamment pour la beauté artistique des décors et du monstre, créés par Giger qui obtiendra pour son travail l'Oscar des Meilleurs effets visuels en 1980.

Inquiétant, non ?

Le trajet semblait tout tracé, comme le trajet de retour du Nostromo...

   

Carte nevers Gruyères

   

403 kilomètres pour plus de 6 heures de route en traversant la Bourgogne, une partie de la Franche-Comté et du Jura avant de rejoindre les montagnes suisses pour plonger sur le lac Leman en rejoignant Lausanne, Corsier-sur-Vevey, puis Gruyères.
Mais tout ne se passa pas comme prévu.

  

Comme nous l'avons vu dans le premier épisode (cf : Pourquoi la Suisse ?, épisode 1), notre trajet connut quelques détournements impromptus.
certes, nous passâmes bien par la Bourgogne et le Jura en croisant quelques lieux touristiques...

Chateau-Chinon, rond pointChalons sur saone, musée NiepceTronchy, panneauLac de Val, barque
le Grand sautMorez, lettresMorbier, rond-pointCol de la faucille, lac leman

Mais une fois la frontière suisse passée au niveau de La Cure, un peu après Les Rousses, station de ski alpin/nordique familiale (quand il y a de la neige), ce fut le bazar.
J'avais subitement décidé de passer par le petit village de Céligny afin de me rendre dans le vieux cimetière pour...
Une fois le cimetière visiter, je n'avais plus le temps de me rendre à Gruyères ce jour là. C'était donc vers Sallanches  -où résident ma sœur et mon beau-frère Lapin-  que je me dirigeais.
Fin du premier épisode.

Le surlendemain, je reprenais la route avec un itinéraire simple et presque rapide ; même s'il n'empruntait pas les autoroutes car, comme tu le sais peut être, en Suisse, les autoroutes sont payantes à l'année, et non au trajet.

   

carte itinéraire

    

157 kilomètres pour 3h30 de route environ. Tranquille, pas de soucis, on va y être vite fait à Gruyères !
Mais comme je ne prenais pas l'autoroute, j'empruntais alors des départementales et des nationales qui passaient par des cols, des villes et des villages. Et dans ces villes et villages, il y avait des choses à voir (Cf : Pourquoi aller en Suisse ? 2, le retour).

plateau d'assy, égliseLe chatelard, frontièreMontreux, palaceMontreux, statue Freddie Mercury
Montreux, statue Ray CharlesLac lemanCorsier-sur-Vevey, musée ChaplinCorsier-sur-Vevey, panorama

Maaaaaaaaaiiiisssssssss, enfin ! J'arrivais à Gruyères.

    

       

      

DE NOS JOURS, MAIS UN PEU PLUS TARD
Oui, enfin, je la voyais là-bas au loin : la ville de Gruyères, perchée sur une petite butte également appelé éperon rocheux. La cité culmine à une altitude de 800 mètres.
Comme je n'ai pas pu m'arrêter faire des photos depuis la route, voici deux captations via Google maps.

arrivée à Gruyères       arrivée à Gruyères

C'est beau, hein ? Ça valait le coup, hein ?
Bon, allez demi-tour, on retourne à Nevers.

 

 

Non, j'déconne ! Quoique...
Eh, c'est déjà arrivé. Tiens, par exemple, ce périple Nevers-Krk en 2010 dont je n'ai pas parlé ici.
Eh ben, j'ai fait plus de 1300 bornes sur quatre jours pour prendre ma tronche en photo sous le panneau du nom de la ville parce que je le trouvais drôle...

carte Nevers Krk

Jénorme est à Krk

C'était un beau voyage et comme le disait je-sais-plus-qui : "L'important ce n'est pas l'objectif, mais le trajet." Ou un truc dans le genre.

BREF : te voilà Gruyères ! Ah, ah, ah ! A nous deux Gruyères !!!! Ah, ah, ah !!!!!! Un Gruyères pour tous, tous pour Gruyères ! Ah, ah, ah !!!! Mais qu'est-ce que j'raconte, moi ?

Hein ? Ah. OK.
On me signale dans l'oreillette que la vraie phrase de tout à l'heure est :
"L'important, ce n'est pas la destination, mais le voyage en lui-même."  Et on la doit à l'écrivain et grand voyageur écossais Robert Louis Stevenson (1850-1894).
Bien. Tout rentre dans l'ordre.
En parlant de destination et d'objectif, j'avais repéré un lieu au nom rigolo juste au pied de la colline de Gruyères : le Pont qui Branle.
Mais n'ayant vraiment plus le temps de m'y rendre, j'ai renoncé.
Une prochaine fois peut être...

 

Bon, déjà, premièrement dans un premier temps, ici, à Gruyères, il faut se garer. C'est pas compliqué. Au pied de la petite colline sur laquelle est venue se poser la ville-village, plusieurs grands parkings sont à disposition. Cela répond à deux questions que je ne me suis pas encore posé et dont les réponses sont :
1) Parkings en dehors de la ville = interdiction de rouler dans la ville.
2) Beaucoup de parkings autour de la ville = ville très touristique.

Je choisis le parking P3 dit "de la Catze". C'est un parking de belle facture, gravillonné, avec quelques arbres éparses lui donnant un côté... Oui, eh oh : on n'est pas là pour parler des parkings !!! Toutefois cependant et pourtant, saches qu'il est payant et qu'il te faudra débourser la modique somme de... je ne sais plus. Mais c'set abordable, et ce n'est pas si courant en Suisse.

Une fois le parking payé (2,10 euros), direction le centre du village historique. Pour cela, il faut emprunter un petit chemin montant afin d'atteindre le cœur de la cité médiévale. Car oui, Gruyères est une cité médiévale.
Au bout du chemin montant, une porte.

Gruyères, entrée (Suisse)

C'est le passage du Belluard (= boulevard), accès principal à la ville au Moyen Age. Il date de 1475. Deux autres portes existent à l'est et à l'ouest. Sur cette porte, on peut voir un écu aux armes des comtes de Gruyère, peint vers 1860, encadré par deux sauvages. Ils symbolisent deux héros de la guerre d'Everdes de 1349 entre l'Ours et la Grue.

Derrière la porte,
regarde ces beaux créneaux.
Gryuères, créneaux (Suisse)

   

Une fois la porte du Belluard passée et les créneaux longés, nous entrons sur la grande place de la cité.

    

Gruyères, rue du Bourg, commerces

Gruyères, rue du Bourg, commerces

   

Grande rue pavée, bordée de magasins, de restaurants et de maisons à colombages. Tout autour, des ruelles étroites et sinueuses. Fenêtres richement ornées et portes en bois sculpté.

    

Gruyères, rue du Bourg, commerces (Suisses)         Gruyères, rue du Bourg, commerces

    

Gruyères, c'est aussi un château que j'ai miraculeusement réussi à ne pas prendre en photo. Ben oui, je ne sais pas ce qui s'est passé. J'étais tellement obnubilé par le fait de chercher et trouver le musée Giger que j'ai passé outre quelques autres curiosités de la cité.
On le voit un peu sur une des photos précédentes après zoom :

Gruyères, rue du Bourg, commerces

Edifié au XIIIème siècle, il offre, parait-il, une magnifique vue sur les alentours verdoyants de la ville. Plusieurs salles richement décorées proposent au visiteur de plonger dans l'histoire des seigneurs de Gruyères.
Malgré le mauvais temps, il y a du monde dans les rues. Ce qui m'interpelle également, ce sont les nombreux restaurants avec leurs grandes terrasses. Sur les ardoises de menu, deux plats reviennent souvent : la fondue et la meringue. Mais il y a aussi la soupe de chalet, des röstis et les macaronis d'alpage.
La fondue et la meringue, on sait ce que c'est... Encore qu'ici, il y a plusieurs sortes de fondues : la fondue moitié-moitié, la fondue vacherin, la fondue aux échalottes, la fondue provençale (???), la fondue aux chanterelles, la fondue aux bolets, la fondue royale, la fondue aux truffes, la fondue à la raclette...
Mais la soupe de chalet, les röstis et les macaronis d'alpage ? Hein ? C'est quoi ?
La soupe de chalet est une soupe mêlant oignons, carottes, poireaux, épinards, lait et pommes de terre. Le tout recouvert d'une bonne couche de gruyère.

Les röstis ? Ooooh, on connait les röstis ! C'est ce que l'on appelle la râpée dans le Morvan, mais c'est un plat d'origine suisse. Composés de pommes de terre râpées, on y ajoute des oignons et du lard et on fait revenir le tout dans une poêle. 
Quant aux macaronis de l'alpage (ou du chalet, ou du chalet des alpages), même si leur nom intrigue, il s'agit tout simplement de macaronis avec une sauce au lard-oignons-Gruyère.

Et oui : Gruyère ! Avec un S quand on parle de la ville. Sans S quand on parle du fromage.
Le gruyère est un des fromages les plus consommés dans le monde avec l'emmental. Son nom vient du mot gruière qui veut dire vert en ancien haut allemand. La traduction en ancien français est un peu plus longue puisque Gruyère signfie "forêt soumise à la juridiction du gruier ou juge gruier, appelé aussi verdier, garde forestier et garde-chasse chargé de juger les délits qui y sont commis". Ben oui.
La première mention du mot gruyère comme fromage remonte au XVIIème siècle, mais depuis l'Antiquité cette région est connue pour produire un fromage gras. Le gruyère tel qu'on le connait aujourd'hui est différent suite à l'évolution agro-pastorale des populations des Préalpes fribourgeoises et de leur économie au cours du XVIIème siècle.
Ne vas pas croire que le gruyère exporté dans le monde entier est simplement fabriqué ici dans la cité médiévale. Oh que non ! Sa zone de production s'étend du canton de Fribourg au Jura en passant par les cantons de Vaud, Neuchâtel et Berne.
Nous pourrions parler de la fabrication du gruyère, mais il serait temps d'avancer un peu plus d'avantage en direction de notre objectif premier.

Gruyères, c'est aussi de la culture avec des festivals, des expositions et des musées. Musée de la Tapisserie, maison du gruyère, le Tibet Museum et... et.... celui pour lequel nous sommes venus ici aujourd'hui : le musée Giger.

   

Aaaaaaaaaaaaaah,
quand même !!!!!!

  

 

Après être passé devant tous les restaurants et autres boutiques à souvenirs sans oublier la chapelle à Calvaire, j'arrive enfin devant l'entrée du Museum H.R. Giger, facilement reconnaissable ; une fois les boutiques de souvenirs et de fondues passées.

 

 

On découvre, entre autre, la sculpture qu'il a réalisée en 1999 : "Birth Machine" (ou "Machine de naissances"), elle-même tirée d'une de ses  peintures réalisée en 1967.

 

"Birth Machine" où l'on découvre des fœtus dans le chargeur et le canon d'un révolver ; prêt à être expulsés pour rejoindre un monde de violence aveuglé et assourdissant comme semblent l'évoquer leurs visages et leurs postures. La chaleur du ventre maternelle est remplacée par la froideur de l’arme. Les enfants ont la couleur froide de l’acier.

Ces enfants étranges, comme des extraterrestres, ne sont pas simplement assis dans la pose du pistolet dans des poses inconfortables en prévision d'un «coup de feu». L'avenir de chacun d'eux est déjà déterminé: entre leurs mains se trouvent des copies miniatures du même pistolet avec les mêmes clips d'enfants. 
Il est raconté que, pendant l'accouchement de sa mère, l'enfant Hans Ruedi était coincé et la sage-femme a dû le sortir avec l'aide de forceps. Le psychologue Stanislav Grof, ami de l'artiste, a fait valoir que c’est précisément dans ces circonstances que la cause des cauchemars de l’artiste est devenue l’intrigue de ses peintures.

Bon...

Je pousse la porte du musée.. pour entrer dans un autre monde. Quitter les rues pavés et jolies-mignonnes de Gruyères pour pénétrer dans l'univers artistique de Giger.
De suite, nous entrons dans un autre monde. Même le guichet au milieu duquel se tient l'hôtesse d'accueil, souriante et bienveillante, est façonné pour correspondre à l'univers de l'artiste suisse.

  

Je prends un ticket d'entrée
et un petit prospectus.

Ah ben oui : 12,5 francs suisse.
Et c'est parti pour la visite.

    

La visite commence par la traversée d'un petit couloir étroit sur les murs duquel sont apposées quelques peintures de Giger. 

  

   

Et puis, j'emprunte un petit escalier pour atteindre le cœur du musée et de l'œuvre de l'artiste suisse, non sans longer quelques visages d'enfants platrifiés.

  

   

Il est peut être grand temps avant d'aller plus loin de se poser une question essentielle : mais qui était Hans Ruedi Giger ?
Revenons sur sa vie en parcourant les différentes salles et couloirs labyrinthiques de ce musée incroyable, ouvert depuis le 20 juin 1998.

   

   

En fait, c'est en 1990 lorsque Hans Ruedi Giger expose au château de Gruyères que l'artiste suisse tombe amoureux de la cité médiévale. Avec son épouse Carmen, ils acquièrent un bâtiment en septembre 1997 pour deux millions de francs suisses afin d'y composer un musée : le musée Giger.

  

Alors, bon, avant toute chose, il y a quand même quelque chose d'intéressant à soulever lorsque l'on écrit. Et ce quelque chose est : comment se prononce tel mot ou tel nom ?
Ici, en l'occurrence, la question est : comment se prononce HR Giger quand on ne l'écrit plus ?
Doit-on dire Jigé ? Ou Gigé ? Ou Guigé ? Ou Jigé ? Ou Gigair ? Ou Gaïgair ? Ou Gaïgé ? Ou Guy ? Ou Jean Guy ?
Hein ? Ah ben oui, quand même.
En bien, saches que HR Giger se prononce HR Guiguair ou Guiguerre (suivant si tu es suisse-neutre ou autre).
Voilà. Merci. Continuons.


Né le 5 février 1940 à Coire (Suisse), Hans Ruedi Giger grandit dans un milieu familial classique. Ou presque.
Il a seulement cinq ans lorsque son père, pharmacien, lui offre un crâne humain. Très vite, le jeune Hans Ruedi se l'approprie. Il l'attache à une ficelle et l'emmène partout avec lui. Entre chien et nouveau compagnon. Tout un programme.
Un peu plus tard, l'enfant Hans se passionnera aussi pour la momie d'une princesse égyptienne, conservée et exposée dans un musée de sa ville natale, Coire.
En parallèle à ses nombreuses activités, l'enfant aime passer des heures de solitude dans la cave de la maison familiale.
Plus tard, il dira :
"Les endroits que j’aimais le plus étaient sombres. Dès que j’ai pu m’habiller seul, j’ai porté du noir." 

Autre tournant dans sa vie (et il y en aura plusieurs), à l'âge de 10 ans, il se découvre une véritable fascination pour les armes. Fascination qui, aujourd'hui, serait peut être perçue comme inquiétante, voire dangereuse, suspicieuse et bien d'autres mots du même acabit pouvant faire penser qu'il est alors urgent de l'interner.
Son père soutient cette fascination. Du coup, le petit Hans Ruedi s'y consacre à plein temps et à plein cœur, inventant lui même ses propres armes dans l'atelier du paternel. Toutefois   -encore plus inquiétant-  cette période de créativité "armesque" coïncide avec ses premières terreurs nocturnes. Rêves et cauchemars qui, à partir de cette époque, en le lâcheront plus jamais.

L'enfant grandit. L'enfant créé. L'enfant, peut être un peu tourmenté.
L'enfant devient adolescent, peut être un peu tourmenté.
L'adolescent devient adulte. 

Poussé par ses parents, il étudie l’art industriel à l’Ecole des arts appliqués de Zurich.
Cette passion pour les armes se mêle aux craintes de l'époque : Guerre Froide, après Hiroshima, bombe nucléaire, technologie. Tension, paranoïa, peur, doute.
C'est avec ces "notions" que va naitre la série de peintures en noir et blanc "Enfants nucléaires" avec des têtes de bébés atrophiés par les radiations nucléaires. C'est aussi une première "approche" de ce que va devenir et être le travail artistique de Giger sur l'humain, le progrès, l'avenir, la technologie, la confusion-communion machine-humain.
A la même époque, durant de longs mois, Giger retranscrit ses rêves dans un carnet et les analyse. Il en résulte 12 sérigraphies qu'il intitulera "Un festin pour le psychiatre".

   

   

  

En 1966, il rencontre Li Tobler qui deviendra sa muse, modèle et compagne pendant neuf ans. Plus ou moins. On se quitte. On se retrouve. On se fâche. On se retrouve. On se trompe. Elle apparait-imprime différentes compositions de l'artiste, comme...

   

Li I (œuvre 250) (1974) de HR Giger          30 1969 Li mit Skulptur Biomechanoid

 

Egalement actrice de théâtre, Li Tobler souffrait d'insécurité émotionnelle, d'une forte dépendance aux drogues et d'un épuisement physique dû aux tournées théâtrales.
En 1968, Giger décide de quitter définitivement son métier d'architecte d'intérieur pour ne se consacrer qu'à la création artistique.
En 1972, il commence à utiliser l’aérographe, un petit pistolet à air comprimé dont il deviendra virtuose. Cette technique, plus rapide et plus souple que la peinture à l’huile, est mieux adaptée à son processus créatif. Les encres utilisées (noires, grises, bleues acier) renforcent l’aspect froid et futuriste de ses oeuvres et participent à l’esthétique biomécanique.

Mais en 1975, Li Tobler se suicide avec une arme à feu à l'âge de 27 ans. Tiens, le Club des 27. Comme Jim Morrison, Brian Jones, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Kurt Cobain, Amy Winehouse.
Selon Giger, Li Tobler avait "une énorme vitalité et un grand appétit pour la vie" et souhaitait que sa vie soit "courte et intense".

Ce dramatique évènement va à jamais bouleverser la vie du peintre. Déjà pas très coloré et optimiste, son art va s'assombrir encore d'avantage. La femme va devenir prédominante et la biomécanique, tant chérie par l'artiste, va recevoir une dose de sensualité morbide.

  
"La femme y est la déesse d’un futur en ruine où le plaisir charnel est roi. Les poses deviennent explicitement sexuelles et l’Humain n’a jamais semblé autant en osmose avec la technologie. Aujourd’hui, il est indéniable que cette mort n’aura cessé d’hanter Hans Ruedi Giger et son œuvre." BEWAREMAG

DEATHBIRTH MACHINE III

"L’image de la femme devient le centre de l’esthétique biomécanique. Les femmes deviennent des déesses monstrueuses et sublimes, à la beauté hypnotique. Des prêtresses extra terrestres, mi-humaines mi-machines. Des mutantes, belles et bêtes (animales) à la fois. " MA PETITE HISTOIRE DE L'ART


En me remémorant la vie et les tumultes de Giger, j'entre dans différentes salles du musée. Un peu sur la défensive. Me demandant ce que je vais voir et ne pas voir. Connaitre et ne pas connaitre.

Après le petit escalier et un étroit couloir, nous entrons dans une salle aux multiples vitrines derrière lesquelles on découvre quelques unes des sculptures de Giger... Plus ou moins grandes.

 

ATTENTION,
JUSTE AU-DESSUS DE TOI
VISITEUR !!!!

Oh putain, ce goître !!!!
Enlevez ça de suite,
c'est horrible !!!!

   

 

 

Ah oui : il fallait s'y attendre ! Il/elle est bien là !
Le goître ? Non : l'Alien, également appelé xénomorphe !!!!
C'est chouette comme nom, Xénomorphe. Si j'avais eu un fils, je l'aurais appelé ainsi.
Mais avant le film "Alien, le 8ème passager" réalisé par Ridley Scott, Giger eut un premier contact avec le cinéma et le réalisateur Alejandro Jodorowsky.

"Un artiste au style si reconnaissable ne pouvait rester bien longtemps sous le radar des cinéastes. Pourtant, celui qui l’introduira dans ce milieu n’est autre que… Salvador Dali. Nous sommes en 1975 et le réalisateur chilien Alejandro Jodorowsky compte bien réaliser sa propre version du roman culte de Frank Hebert : Dune. Ce projet sera (et est toujours) unique dans l’Histoire du 7ème art. Jodorowsky ambitionne, en effet, de réaliser le film qui révolutionnera le Cinéma. Plus qu’un simple long-métrage, Dune sera une expérience longue, psychédélique et surtout qui se mérite. Pour mener son plan à terme, le réalisateur va s’entourer des plus grands esprits artistiques de l’époque. Et alors que Salvador Dali est attaché au projet en tant qu’acteur, il va personnellement recommander Giger à Jodorowsky pour la création du monde des antagonistes. Jodorowsky tombe immédiatement sous le charme de l’univers du peintre. (...)
Il sera, avec Moebius, à la direction artistique. Orson Welles, Salvador Dali et Mick Jagger seront casting et, enfin, Magma, Tangerine Dream et Pink Floyd se chargeront de la création de la BO. Hélas, ce projet est bien trop ambitieux pour les studios hollywoodiens et Jodorowsky n’arrive pas à rassembler le budget nécessaire. Dune ne verra donc jamais le jour."
 
BEWAREMAG

J'avance dans cette salle dominée, dans le fond, par une grande sculpture d'alien. Tout autour, diverses peintures de paysages futuristes et de monstres en tout genre.

  


  

 

   

On peut le dire : ici, nous sommes dans une pièce consacrée à Alien et aux différents projets autour de la créature ; représentés par des sculptures, des peintures. et des esquisses-croquis.
Alors : Alien, c'est quoi ? Comment Giger en est venu à concevoir la créature du film de Ridley Scott ?

Tout commence en 1977.
Hans Ruedi Giger publie un recueil de peintures intitulé "Giger's Necronomicon". C'est un hommage à l'écrivain américain H.P. Lovecraft, écrivain américain connu pour ses récits de science fiction (Weird fiction), de fantastique et d'horreur. Sa source d'inspiration principale : l'être humain est insignifiant à l'échelle du cosmos qui lui est profondément étranger.
Tiens, tiens... N'est-ce pas le sujet principal du film "Alien, le 8ème passager" ?

A la même époque, le réalisateur britannique Ridley Scott travaille sur l'histoire d'Alien avec le scénariste américain Steve O'Banon.
Alors que Scott recherche l'aspect visuelle de sa bête, O'Banon lui présente les œuvres de Giger.
C'est comme ça qu'il découvre "Giger's Necronomicon", et plus particulièrement l'un des tableaux titré Necronom IV.

   

   
Ce qui attire Ridley Scott dans ce tableau et au sujet de la bête qui y est représentée, c'est "le fait que la créature avait une attitude agressive et sexuellement vorace, tout en manifestant une certaine beauté." 

Si certains disent que l'origine de la création du xénomorphe provient de l'admiration de Giger pour les limules... Oui, oui : les limules.

  

Appelé également "crabe fer à cheval", la limule est dotée d'une carapace, de cinq paires de pattes articulées, de dix yeux. Elle a le sang bleu et son âge dépasse celui des dinosaures : plus de 350 millions d'années !
Incroyable croisement entre l'araignée, le crustacé marin et le scorpion, la limule vit dans les océans Pacifique et Atlantique.

"Depuis son apparition sur terre, cet animal étonnant a su affronter les conditions climatiques et s'adapter aux changements de notre planète. En 350 millions d'années, son aspect et ses propriétés n'ont pratiquement pas évolué. Elle peut mesurer jusqu'à 70 centimètres et possède une longue queue rigide appelée telson qui lui sert à se diriger et à se redresser. (...)
Elle n'est pas mortelle pour l'homme (contrairement à l'Alien du film de Ridley Scott). D'ailleurs, 
son sang bleu a permis de sauver de nombreuses vies. Quand elle est blessée, les cellules de son sang forment un caillot — une masse semi-solide et visqueuse composée de cellules sanguines — qui détruit des bactéries qui peuvent être dangereuses pour les humains.(...)"
MILAN JEUNESSE

  

Si nous quittons les anthropodes marins pour nous concentrer sur le processus artistique technique de Giger, on remarque que pour composer la créature, l'artiste suisse s'est inspiré d'un mélange de fragments organiques avec des pièces mécaniques. La maquette a ainsi été conçue avec de vrais ossements assemblés avec de la plasticine sur des tuyaux et des pièces de moteur (Cf : H.R.Giger et son personnage : Alien).

  

Pour certains, il faut voir en la composition du xénomorphe "une dimension sexuelle avec cette tête à la forme phallique et cette bouche en forme de pénis pénétrant. On peut y voir l'évocation d'une phrase de la Génèse : 'Le pêché n'est-il pas à la porte, une bête tapie qui te convoite ?'. On a l'idée que Satan, c'est la sexualité, le désir, la luxure." (Williman Audreau pour Le Monde)

   
 

Bon, tout ça, c'est bien joli gentil, mais la structure seule de la créature ne suffit pas pour donner vie au monstre dans le film de Ridley Scott. Il a fallu trouver un acteur capable d'entrer dans la peau du xénomorphe.
Un casting est mis en place, mais aucun acteur ne correspond aux critères physiques.

C'est finalement le producteur associé Ivor Powell qui débusquera l'oiseau... l'alien rare en se rendant dans un pub. Il rencontre par hasard un homme gigantesque, 2,10 mètres, nigérien et étudiant en design. Il s'appelle Bolaji Badejo.
On le fait venir aux studios Shepperton et la magie opère. Il sera l'acteur jouant le xénomorphe sous une épaisse couche de "maquillage" et autres compositions.
L'étudiant sera déçu par son expérience en constatant que son nom ne figurera pas au générique des acteurs, mais à celui des cascadeurs. Il ne refera jmais plus de cinéma et mourra en 1992, à l'âge de 39 ans, d'une drépanocytose, une maladie sanguine génétique.

  

Mais revenons à cette histoire, cette composition artistique de Giger avec ce mélange de fragments organiques, de tuyaux, d'ossements et de plasticine.

C'est ce que l'artiste appellera le "bio-mécanique" ; l'humain fondu dans une machinerie poisseuse pénétrant les corps de tuyaux et découvrant les mécanismes greffés sous la peau.
C'est une des particularités de l'art de Giger ; que l'on a trop souvent tendance à réduire à sa création alienesque.

Pour connaitre un peu mieux le travail de l'artiste suisse, il faut poursuivre notre visite du musée.
Je quitte la salle "Alien" non sans avoir fait quelques selfies...

   

    

    

Il est content Jénorme.
Imaginons l'inverse...

  


 

Allez, je quitte la salle pour rejoindre une autre salle, juste à côté. Ici, de grandes peintures qui semblent me regarder d'un air sombre. Intrigant. Captivant. 

  

   

Univers sombre et inquiétant. Ici, la chair côtoie le métal. Organique et mécanique. La peau devient armure. L'homme fait corps avec la machine.
Mais ce qui captive, ou gène également, c'est la représentation plus ou moins évidente d'une sexualité morbide.

  


  

Très vite, Giger s'est intéressé aux travaux de Freud et à l'analyse de ses propres rêves et cauchemars. Ces recherches se joignent à des expériences traumatisantes, comme celle qu'il a vécu lors d'un séjour à l'île Maurice alors qu'il était encore enfant :

  

"Les vers d'eau transparents, d'un mètre cinquante de longueur et de quatre centimètres de diamètre, que la mer faisait flotter vers la plage, furent un véritable cauchemar. Les tuyaux presque inanimés, pliés à plusieurs endroits comme des préservatifs usés, avaient à un bout des anneaux de vers qui se resserraient de plus en plus et une ouverture qui se dilatait de façon rythmique afin de retenir la nourriture contenue dans l'eau. A peine arrivé sur l'île, je me baignais dans la mer, la nuit était tombée. Mes amis n'avaient pas envie de se baigner. Ainsi, je nageais sur le dos dans l'eau profonde parmi les algues – sans me douter de la présence de ces bestioles dégoûtantes. Ce n'est que le lendemain que je découvris avec horreur que ce que j'avais pris pour des algues étaient en réalité ces vers écœurants. Ils avaient cependant attirés également l'attention des autres baigneurs. En pataugeant dans l'eau peu profonde, ils piquaient avec des baguettes dans cette masse visqueuse et mi-morte d'un air écœuré. Moi, je ne voyais plus que des vers." GIGER

  

Cette expérience, accompagnée de la découverte des ouvrages de H.P. Lovecraft trouvent un échos dans bon nombre de ses oeuvres, notamment la série des Biomecanoides (1969).
Giger peint pour se délivrer de ses peurs et de ses fantasmes ; ce que Freud appelait la sublimation. Louise Bourgeoise disait à ce sujet que l'art était un refuge.

    

"En général je commence une œuvre sans plan préconçu, par le coin en haut à gauche et je finis dans le coin en bas à droite comme dans un état second. La plupart du temps, je suis le premier surpris du résultat… (...)
Je plonge dans un monde où mes mouvements sont guidés par une force extérieure, comme si mon subconscient prenait le pas sur l’aspect conscient de mon cerveau. " GIGER

Je poursuis mon évolution hasardeuse dans les méandres labyrinthiques du musée, de pièces en pièces, de peintures en sculptures. Je m'y perds un peu, mais ce n'est pas désagréable. Il faut juste aimer lacher prise le temps d'une visite dont on ne sait finalement pas quand et où elle va se terminer.

  
Tiens, ici, une peinture qui me rappelle le film "Poltergeist 2", réalisé par Tobe Hooper en 1986.

  

 

    

Le travail sur ce film fut une déception pour l'artiste suisse. Ne voulant pas se déplacer trop longtemps de Zurich, c'est son collègue Cornelius De Fries qui a été embauché pour le représenter au studio pendant la production.

   

"Quand le film est sorti, par la suite, je me suis dit “Oh merde.” Mais je ne pouvais pas changer. Il n'y avait pas assez de temps. Donc je pensais que c'était la mauvaise façon de travailler. Si vous travaillez sur un film, il faut être là tout le temps et toujours être attentif à ce qu'ils font sinon ils font ce qu'ils veulent." HR GIGER

   

Seulement deux des conceptions de Giger apparaissent dans le montage final du film, y compris celle de "la Bête" de Kane. C'est devant celles-ci que je passe alors.

  

           
Intrigante série de trois films que ces Poltergeist qui ont vu leurs actrices/acteurs mourir dans d'étranges conditions avant, pendant et après les tournages...

Un peu plus loin, toujours en rapport avec le cinéma, on retrouve l'Oscar remporté par Giger en 1980 dans la catégorie Meilleurs effets visuels (cf : Alien reçoit l'Oscar).

   

  

Je passe ensuite devant une autre sculpture...

 


  

J'aime beaucoup les questions que pose Julie Opstaele sur son site "Ma petite histoire de l'art" :
"En quoi l’oeuvre de Giger est-elle à ce point dérangeante ? Est-ce à cause de la sexualisation à outrance ? Et si le trouble provenait plutôt du fait que l’obscénité, l’horreur, la sauvagerie y sont représentées de manière esthétique ? Ou bien serait-ce l’illustration de l’inconscient qui nous renvoie à nos propres peurs, à nos propres désirs refoulés. Ou bien la justesse avec laquelle Giger dévoile l’âme de l’Homme moderne ?"

 

Et puis, un petit escalier nous fait grimper au deuxième étage.
L'architecture et la mise en place des salles et des pièces de ce musée me rappelle, malgré moi, l'architecture et l'agencement du musée du Septennat à Château-Chinon, consacré aux cadeaux que le Président de la République française François Mitterrand avait reçu pendant ces deux mandats présidentiels... (cf : "Demi-tour de France : Château-Chinon-Nevers")
Oui, je sais, ça n'a rien à voir... Mitterrand-Giger... Bon.

  
Une fois le petit escalier escaladé (oui, je sais, c'est moche comme formule, mais je m'en fous !), une première salle étonnante apparait !
Cette fois-ci, c'est le mobilier créé par Giger qui est mis en valeur. Le tout illustré par diverses peintures.

  

     

   

ATTENTION !!!

  
JEU
Un Jénorme s'est caché sur la photo ci-bas.
retrouve-le et devine ce qu'il va t'arriver...


      

Juste à côté une autre salle, plus longue avec peintures, sculptures, mobilier... Un véritable feu d'artifices !!!

  

  

 

   

  

Et les montres de Giger,
on en parle ?

  

Et ces visages ?

   

Encore un étage ? Le troisième. L'ultime. Un grenier aménagé dans lequel H.R.Giger a regroupé les œuvres d'autres artistes qu'il aimait. Une collection privée avec des œuvres d'artistes, tels que Dado, Arman, Coleman, Sandoz, André Lassen...

  

Ainsi que cette composition photo-piano-peinture...

  

Ça te rappelle quelque chose ?
eh bien oui : c'est la première photo que j'ai postée en après être entré dans le musée.

  

Maintenant... Le temps passe... Il va falloir reprendre la route... Mais avant, il faut retrouver le chemin de retour vers la sortie dans le musée.
escaliers, marches, alien, sculptures, peintures, impasse, sortie de secours, alien au plafond, croquis, silence, noir, blanc, extincteur...
J'arrive finalement à retrouver la sortie et le guichet fantastique. T'as vu : je ne mets pas de photo pour que tu ailles te rendre compte par toi-même.

   

Je contourne le guichet pour accéder à une autre petite salle en sous-sol où tu peux acheter souvenirs et autres œuvres de l'artiste, comme...

   

  

Son prix ?
Ah, ah, ah !!!
Les mugs, eux, sont à 5 francs-suisses pièce.

    

  

Je sors tout étourdi de cette visite incroyable. Il ne faut pas trop en dire, pas trop en montrer ; tout comme cette visite que nous avions faite au Street Art City, à Lurcy-Lévis où le patron de l'endroit m'a carrément foutu à l'amende pour avoir dévoilé quelques passages de ce fabuleux Hôtel 128 (cf : Street art City (03)).
Bon, il n'avait pas tort, mais il n'a pas eu la manière.

   

BREF : cette visite de musée incroyable m'a donné soif !!!!!
Et ça tombe bien car, juste en face, que ne vois-je pas ?
Un bar ! Mais pas n'importe quel bar !
Oui, Giger avait eu également l'idée de concevoir son bar ! Avec sa décoration !

    

 

 

 

 

 

  

 

 

Ah ben oui.
Une sorte d'impression de boire une bière dans ce vaisseau extraterrestre du film "Alien, le 8ème passager".

 

  

     

Un petit coin pour boire un verre en amoureux ?
Voici : 

 

 

Avant de reprendre la route, je m'offre une dernière rasade sur la vie de Giger et ses dernières années.

Je découvre qu'il adorait les trains fantôme. Il en a même construit un dans son jardin à Zurich.
Vu comme un passe-temps pour l'artiste, ce train demeure pourtant l'une de ses œuvres les plus imposantes et constitue un véritable petit musée dédiée à ses travaux.

    

C'est d'ailleurs avec cette même optique qu'il a créé ses quatre bars "Giger", à Chur, Gruyères, New York et Tokyo.

H.R. Giger n'a jamais cessé de travailler : de chercher, de créer, d'interroger, de pousser sa vision créative au niveau supérieure. Jusqu'où ?
Les dernières années de sa vie, il les passe à dessiner chez lui.
Il inspirera également les musiciens. Lui même fan de musique métal, il réalisera des clips, des pochettes d'album (Celtic Frost, Magma, Dead Kennedys) ou encore le fameux micro du chanteur de Korn.
Un documentaire très intrigant revient sur la vie et les créations de Giger : DARK STAR H.R. GIGER'S WORLD.

   

Bon... Voilà...

  

Il pleut dehors, mais il faut repartir.
Durant ce périple suisse, j'ai visité quelques cimetières  -qui de la tombe de Richard Burton ou de Charlie Chaplin. Je n'allais pas partir de Gruyères sans me rendre au cimetière de la cité médiévale pour voir quelle hypothétique création l'artiste suisse avait pu créer pour sa dernière demeure.
Un tombeau à la Facteur Cheval ? Un ornement comme sur la tombe de Noureev ? Un buste original comme sur la tombe en perdition de Georges Meliès au Père Lachaise ?

  

Je quitte le bar, emprunte une de ses petites rues pavées de Gruyères pour me rendre à l'église. Ce jour là, il y avait une cérémonie funèbre. Discrétion. Je passe.
J'entre dans le cimetière en pensant trouver, très naïvement, une sculpture, un signe, un alien...
Je ne suis pas le seul à chercher la tombe de Giger. Une, puis deux, puis trois personnes, solitaires comme moi en ce jour pluvieux sur la Suisse, semblent chercher un indice.
Tout comme moi, ils tentent de se faire le plus discret possible pour ne pas passer pour des touristes morbides ou sans respect.
Je tourne. Je regarde. Je furte. Je ne vois rien d'original. Les autres non plus. Ils ressortent. Je continue mes recherches en arpentant les quelques allées étroites et aérées. Puis... Soudain... Non, pas soudain, mais finalement... Là, contre le mur Ouest du cimetière...

  

   

Tout simplement.
Hans Ruedi Giger est décédé à Zurich le 12 mai 2014.  Une mort un peu surréaliste puisqu'il est tombé dans les escaliers de sa maison en voulant apporter un gâteau à son épouse.

  

Je quitte le cimetière ben repassant devant la porte d'entrée de l'église qui accueille un cercueil devant une foule de personnes habillées en noir. Je remonte par la rue pavée jusqu'à la rue centrale. Je passe sous la porte Belluard en longeant les créneaux, puis regagne le parking.

   

J'entre dans la voiture.
Musique.

   

 

Une question me taraude quand même :
Alien, il était vegan, végétarien, carnivore ou flexitarrien ?

   

    

   

28 février 2024

En attendant...

Bon.
Vu que
Canalblog est plus ou moins en maintenance pour modifier mise en page et autres avec un peu synchronisation à mettre en place, nous allons regarder, en attendant, une petite vidéo d'une randonnée que j'ai faite la semaine dernière, du côté de l'Espagne, dans la Vallée des Couleurs...
Quand soudain, ne voilà-t-il vraiment pas...

 

20 février 2024

Pourquoi aller en Suisse ? 2, le retour

Tu as aimé le premier ?
Tu aimeras peut être le second !

Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

 

Dans le précédent épisode, nous partions de Nevers, préfecture de la Nièvre, pour rejoindre un seul et unique objectif : le musée H.R.Giger à Gruyères, en Suisse.
Seulement voilà, comme d'habitude, en cours de route et de périple, je me suis un peu dispersé pour finalement arriver, non pas à Gruyères, mais à Sallanches, en Haute-Savoie, chez ma sœur Karine et mon beau-frère Lapin. Oui, ben c'est comme ça, nous nous appelons mutuellement Lapin. "Ça va Lapin ?" "Oui, et toi Lapin ?".
Mais qu'est-ce que c'était-il donc passé en cours de chemin sur la route pour atterrir à Sallanches plutôt qu'à Gruyères ??

Pour le savoir, tu peux aller lire le précédent billet : POURQUOI ALLER EN SUISSE ? épisode 1.
Eh bien, de fil en aiguille, nous avons traversé la Bourgogne, le Jura, la Suisse, la Haute-Savoie,...

Nevers, rugbyChateau-Chinon, rond-pointTronchy, panneauLac de ValLe grand saut

NEVERS → CHATEAU-CHINON → AUTUN → CHALONS-SUR-SAONE → THUREY → SAINT-GERMAIN-DES-BOIS → BLETTERAN → LONS-LE-SAUNIER → CLAIRVAUX-LES-LACS → LA CHAUX-DU-DOMBIEF → LES ROUSSES → SAINT-CERGUE → GINGINS → CELIGNY → GENEVE → SALLANCHES  405 km

Morbier, rond-pointMorez, lettrescol de la FaucilleCéligny, cimetièreCéligny, Richard Burton

 

Nous avons vu des choses, des trucs et des machins en nous rendant dans des lieux secrets, parfois impromptus. Une belle épopée, certes, mais qui ne nous a pas fait arriver au lieu prévu initialement.

 

DE NOS JOURS, MAIS PLUS TARD

C'est donc à Sallanches que je me réveille ce matin... et non à Gruyères, comme prévu initialement.

Sallanches, panorama (74)

Pendant que Gucci teste les nouvelles jardinières, Nebbia sympathise avec un nouveau copain en peluche.

Chez Karine et Christophe, Gucci dans son bac à fleurs        Chez Karine et Christophe, Nébia dans son couffin

De mon côté, je m'en vais faire un petit tour au pied de la cascade de Reninge située sur les hauteurs de Sallanches, pour faire un point météo.

Et le verdict est sans appel...

Même constat en se rendant sur les rives du lac de Passy et sa plage désertée.

Passy, lac de Passy et Mont Blanc dans nuages         Passy, lac de Passy et Mont Blanc dans nuages (74)

Dans ces conditions,
pas facile d'apercevoir le Mont Blanc...
Jénorme est à Passy face au Mont Blanc (74)

Qui, en d'autres météos plus propices,
se mire dans les eaux claires du lac de Passy.
Passy, lac de Passy et Mont Blanc (74)


Ouais bon : on ne voit pas le sommet et les eaux sont troubles, mais bon, hein, eh oh !
Par contre, on voit très bien la cime de l'aiguille de Varan qui domine Sallanches.

 Passy, aiguille de Varan, brouillard        Passy, aiguille de Varan, brouillard (74)

Et avec ce brouillard, ces nuages bas, cette faible luminosité et ce ciel gris, elle arbore une silhouette quelque peu inquiétante, hein... Ah, ah, ah !!!! Elle fait peur !!!! Tu trembles ???? Ah, ah, ah !!!! Regardeeeeeeeee !!!!!!

20240220T172505

Ça fout les booooouuuullllesssss !!! On entre dans la dimension "Alien" !!!!!
Voilà, voilà.
Bon ben, je vais reprendre la route sous ces magnifiques nuages gorgés de pluie. Direction Gruyères et le musée Giger.

TOUT DE SUITE,
LA CARTE !!!
carte itinéraire

Pour bien faire, nous allons éviter les autoroutes puisqu'elles sont payantes à l'année en Suisse ; et comme je n'y resterai que quelques heures, faut pas déconner.

SALLANCHES → PASSY → CHAMONIX → ARGENTIERE → VALLORCINE → MARTIGNY → SAINT-MAURICE → VILLENEUVE → MONTREUX → CORSIER-SUR-VEVEY → CHATEL-SAINT-DENIS → SEMSALES → BULLE → GRUYERES  157 km

Et Google Map nous annonce un petit trajet de... 3h39 !!!! Oh putain !!!!

Pour mettre un peu de soleil à ce voyage qui s'annonce pluvieux, écoutons nous un petit Bon entendeur et Nicoletta...


Magnifique performance d'Audrey Fleurot, folle dingo, dans ce clip ! Belle recomposition de Bon Entendeur ! Magnifique montage, esthétique, couleurs, filtres, rythme ! Ok !
Mais bon, c'est pas le tout d'écouter de la musique des années 80 !!! Et s'habiller en fluo et dire que c'était mieux avant !
Hein, bon eh, faudrait peut être savoir pourquoi où qui comment est née telle ou telle chanson ?! Hein eh oh !

Bon, on ne va pas rechercher l'origine des chansons, telles que "Capitaine abandonné" de Gold, ou "Des démons de minuit" d'Images sans parler du "Born to be alive" de Patrick Hernandez
Là, nous allons nous pencher un court instant sur la chanson originale dont le titre est  -rappelons-le "Fio Maraviha"-  et qui date de 1973.
Car, à l'origine, cette chanson, "Fio Maraviha" est brésilienne et date de 1972, interprétée par Jorge Ben Jor. Son titre est le nom d'un joueur de foot brésilien, moins connu que Pelé ou Zico ou Socratès ; et qui portait le nom de... de... Ben... Mais oui : Fio Maraviha ! Alors, faut suivre ! Oui, il est vrai que le vrai nom de Fio Maraviha était João Batista de Sales. Mais ça, ce sont les joueurs de foot brésiliens, ils ont toujours eu des surnoms. Zico s'appelait Arthur Antunes Coimbra, Pelé était Edson Arantes do Nascimento et Socratès se prénommait simpelment Sócrates Brasileiro Sampaio de Souza Vieira de Oliveira.
La chanson originale évoque la rapidité et le jeu de jambe de ce joueur brésilien, né en 1945, avec ce but resté dans la mémoire du Maracanã lors du match amical entre le Flamengo et le Benfica Lisbonne, le 15 janvier 1972. Un but, une musique, une chanson qui devient un des emblèmes de la bossa-nova brésilienne.

Deux ans plus tard, la version française interprétée par Nicoletta et adaptée par Boris Bergman évoque une autre approche du Brésil.
On oublie le foot pour se concentrer sur la pauvreté des favelas, la musique et la samba.  Extraits.

♫ Ton palais était trois bouts de tôles
Deux planches de bois
Un paradis de bidonvilles
Qui s'appelle Favela ♫
Sur les bidons on peut aussi
Faire de la musique
Et refaire l'Amérique
♫ Fio Maravilla, ton père c'était le soleil
Fio Maravilla, musique et toi c'est pareil
Fio Maravilla, elle était pauvre ta mère
Fio Maravilla, et ta mère c'est la terre ♫
Nicoletta avouera d'ailleurs que pendant longtemps elle ne savait pas que Fio Maravilha était le nom d'un footballeur, mais plus un cri de révolte ou de rassemblement.
Bon Entendeur reprend la chanson avec sa propre rythmique, ré-orchestration et ré-arrangement ; le tout illustré par un clip où l'on voit Audrey Fleurot danser, déguisée en hôtesse de palace hôtelier ?
Et là, on peut se poser la question : quel rapport avec les paroles et la chanson originales ?
Tout se déplace.
Et puisque tout se déplace  -tant psychologiquement que culturellement que géopolitiquement que...-  revenons à la route que nous allons emprunter maintenant pour rejoindre la Suisse et Gruyères.
Après Passy...
Ah tiens, connais-tu cette histoire qui s'est passée un peu au-dessus de Passy, sur le plateau d'Assy, en 1954 ?
Noooooon. Aaaaaaah !
Attention, on a bien dit "Plateau d'Assy", et non "Plateau de Plaine-Joux" qui se trouve un peu plus haut et d'où, en 2018, nous avions sauté en parapente après le remariage de ma sœur avec Lapin...

BREF !
Mais que s'est-il donc passé en l'église de Notre-Dame-de-Toute-Grâce sur le plateau d'Assy en 1954 ?
Pour le savoir, référons-nous au texte, tiré du site ARTIPS.

le christ de Germaine Richier

"1954, Haute-Savoie. Alors qu'un mariage se prépare dans la petite église du Plateau d'Assy, un scandale éclate. Impossible de procéder à la cérémonie devant l’autel principal : la mariée s’y refuse !
Cette dernière n’est autre que Germaine Richier, une sculptrice illustre... et l’auteure du crucifix qui orne le chœur de l’église. Commandée quatre ans plus tôt, l’œuvre s’inscrit dans un ambitieux projet d’art sacré. Des artistes comme Matisse, Chagall et Richier se sont réunis à la demande de deux prêtres pour décorer cette nouvelle église à la pointe de l’art moderne. Le tout est destiné aux tuberculeux des hôpitaux environnants, privés d’église.
 
Lorsque la sculptrice décide de se marier, quoi de plus logique que de le faire au pied de "son" Christ ? C'est là que les ennuis commencent...

En effet, en entrant dans l’église, Richier ne retrouve pas son œuvre dans le chœur. Le Christ en bronze a été relégué dans la discrète chapelle des morts, tout au fond de l’édifice. La raison ? Le Christ, silhouette décharnée au visage lacéré, évoque la souffrance des tuberculeux. Il semble même fusionner avec la croix qui le soutient...
Et son aspect passe mal auprès de certains croyants qui crient à l'outrage. Un cardinal parle même de "scandale pour la piété des fidèles" !
L'œuvre a beau être défendue par d'autres prêtres et les historiens de l'art, cela ne suffit pas... Voilà pourquoi Richier constate qu'on a préféré la placer loin des regards. Mais l'artiste ne l'entend pas de cette oreille : ni une, ni deux, elle exige de déplacer son mariage dans la chapelle des morts.
Hélas, la sculptrice ne verra jamais le retour de son œuvre dans le chœur de l’église en 1969, dix ans après sa mort. Mais elle aura au moins vécu une cérémonie inoubliable en sa compagnie !" ARTIPS (Photo : Le Dauphiné Libéré)

Plateau d'Assy, église

Etonnante histoire.
Aussi étonnante que le nombre d'œuvres d'artistes reconnus qu'accueille l'édifice religieux quelque peu perdu en des lieux reculés sur cette montagne haute-savoyarde. De Bonnard à Braque en passant par Matisse et Chagall, ces artistes ont tenu à laisser une "empreinte personnelle" ici et pas ailleurs.
Passé Passy Ooooouuuaaaaaiiisss... Passé Passy.... Yeah ! C'est beau comme un rap contemporain à base d'auto-tune :
"Passé Passy yeah, brother, ouais, j'déglingue tout, yaeh, woh, anh ! Passé Passy hein ouais, merci Toulouse han !"
DONC passé Passy, j'arrive très vite à Chamonix.
Cela m'émeut toujours de passer par cette ville car j'y ai beaucoup de souvenirs, tant familiaux que curieux et insolites. J'en ai déjà parlé ici sur ce blog lors de l'ascension de l'Aiguille du Midi en téléphérique pour constater le recul et la disparition progressive de la Mer de Glace en 2017...


Sallanches, cascades, lacs et glaciers

Aujourd'hui, certes, il pleut. Certes, ça caille, mais cela ne va rien résoudre.
Je passe Chamonix pour continuer de suivre la D1506 qui navigue dans la vallée entre montagnes et rivière (L'Arve).
Après quelques lacets sur une route confortable, j'arrive à la frontière suisse... encore !...

Pour moi, il y a toujours quelque chose d'inquiétant à quitter mon pays natal.
Si, si, c'est vrai. Même si c'est la Suisse et qu'ils parlent  -à peu près-  la même langue que nous Français. Je me dis toujours : "Est-ce que je roule du bon côté de la route ? Est-ce que je ne fais pas une connerie en ne laissant pas passer les piétons même quand ils sont engagés sur un passage piétons ? Est-ce que j'ai tort de traiter les Suisses de bande de neutres ? Dois-je leur poser la question pour savoir pourquoi autant de sportifs français  -même les plus insignifiants et surtout les tennismen-  viennent habiter chez eux ? Quelle est la différence entre un cunnilingus et un chalet suisse ?"

Voilà ! Plein de questions dans la tête, doublées de sentences prononcées par des comiques français, comme Coluche qui disait : "Y'a un pays qui est bien, c'est la Suisse. C'est propre la Suisse. On peut pas attraper de maladie; on peut attraper que des médicaments.". Ou encore "Non, les Suicidés ne sont pas les habitants de la Suisse." (Alphonse Allais). Ou encore cette citation d'Hugo Loebcher que j'aime beaucoup : "Si Dieu avait été suisse, il serait toujours en train d'attendre le moment favorable pour créer le monde."

On les dit lents, on les dit amoureux de chocolat, on parle de fromages, d'autoroutes payantes, de montagnes, de banquiers, de station de ski bourgeoises avec ses hôtels de luxe, d'asile politique et culturel...
Papon Suissez


La Suisse. La neutralité ? Jusqu'où et jusqu'à quand ? Est-ce possible en ces temps troublés ? Mais finalement, a-t-on connu une époque, un siècle, un décennie, une année, un mois sans guerre dans ce bas-monde ?
Tout ça.

Personnellement, j'arrive au Chatelard. Et c'est plutôt calme, niveau guerre et conflit.

Le Chatelard, frontière (Suisse)

Le Chatelard, frontière

Ah oui. C'est plutôt raclette et dinosaure casqué, comme auraient pu le soumettre Kad et Olivier dans un de leur Kamoulox.

Que dire d'autre sur Le Chatelard ? Hein ?
Ben rien. Allez.

Une fois Le Chatelard passé, il faut redescendre. Virages multiples en épingles entre montagnes vertigineuses  -dont je ne vois pas les sommets en raison du brouillard-  et forêt verte dont les arbres se rapprochent parfois de la route.
Très vite finalement, j'arrive dans un virage à 180° d'où l'on a une vue panoramique sur Martigny. Après les montagnes et les forêts, c'est quelque chose de décevant de revoir autant d'urbanisme subitement.
Martigny atteinte, puis passée, puis dépassée, une longue plaine traversée par cette ligne droite composée par la route 21 nous amène tranquillement sur les rives sud du Lac Leman.
Je traverse Villeneuve pour m'arrêter ensuite à Montreux.

Je m'y étais promené il y a quelques années quand j'avais fait le périple Nevers-Krk (Croatie) ; un périple que je n'ai toujours pas retranscris ici, sur ce blog, bordel !
J'avais notamment fait quelques pas dans ce parc faisant face à l'hôtel Fairmont Montreux Palace, ou Palace Fairmont hôtel Montreux ou Montreux Palace Fairmont... Enfin, tu vois quoi.

Montreux, Fraimont Palace (Suisse)

Ah oui,  la particularité de ce parc est qu'il arbore plusieurs bustes en bronze d'artistes, tels que Quincy Jones, B.B. King, Ray Charles, Ella Fitzgerald, Aretha Franklin, Carlos Santana,...

Montreux, jardin du Fairmont, statue de Ray Charles (Suisse)        Montreux, jardin du Fairmont, statue d'Aretha Franklyn (Suisse)

Montreux, jardin du Fairmont, statue de Quincy Jones (Suisse)       Montreux, parc Fairmont, statue de Santana (Suisse)

Pourquoi ?
Eh bien tout simplement que ces artistes-musiciens de jazz sont venus ici à Montreux, notamment lors du fameux Montreux Jazz Festival, créé par Claude Nobs en 1967.
Un autre festival existe également ici : le festival Montreux Comedy. Tiens, un petit extrait du spectacle donné par Eric Antoine, habitué des lieux, en 2012.

Il n'existe pas encore de parc dédié à ce festival.
Dans le parc de Fairmont se trouve également également une grande statue de bronze de Vladimir Nabokov, l'écrivain américain d'origine russe, auteur de "Lolita", entre autres.

Montreux, jardin du Fairmont, statue de Nabokov (Suisse)     Montreux__jardin_du_Fairmont__statue_de_Nabokov__de_dos__Suisse_

Il n'était pas musicien, mais a vécu 16 ans dans une chambre du palace de Montreux, de 1961 à 1977. Il repose aujourd'hui dans le cimetière de Clarens de Montreux.

Et allez : encore des morts ! Encore des cimetières !
Eh bien non, nous n'irons pas dans le cimetière de Clarens voir la tombe de Nabokov. Non !
Quant à Miles Davis qui a éclairé les nuits montroises de ces notes trompettisées, il a son buste, quelque part, sur les rives du lac Leman ; tout comme le chef d'orchestre et pianiste russe Igor Stravinsky ou encore le gymnaste chinois Li Ning.
Mais en passant ce jour là à Montreux, c'est la statue de Freddie Mercury qui m'appelait. Elle aussi se trouve quelque par sur les bords du Lac Leman.
Je me gare dans un parking souterrain pour me lancer dans une recherche aléatoire de l'objet en question en longeant les quais du lac.

Montreux, le lac Léman (Suisse)


Très vite, je la vois de loin. Je me rapproche...

Montreux, statue de Freddie Mercury

Pourquoi une statue de Freddie Mercury ici, à Montreux ?
Allez, on tente de répondre à cette énième question !

Né le 5 septembre 1946 à Stone Town dans le protectorat de Zanzibar, Freddie Mercury, de son vrai nom Farrokh Bulsara, est un auteur-compositeur-interprète britannique, l'un des cofondateurs, en 1970, du groupe de rock Queen, dans lequel il fut chanteur et pianiste.
C'est en 1970 que Freddie Mercury rejoint le groupe Smile et décide d'en changer le nom pour Queen sans laisser le choix aux autres membres fondateurs. Un an plus tard, un bassiste est recruté, Queen est à présent au complet avec Freddie Mercury au chant et au piano, Brian May à la guitare, Roger Taylor à la batterie et John Deacon à la basse.

OK, tout ça, c'est bien joli gentil, mais pourquoi une statue de trois mètres de haut de Freddie Mercury à Montreux ?
Le groupe vient à Montreux pour la première fois en juillet 1978. Il vient de terminer la tournée de l'album "News of the world" (sur lequel on retrouve, entre autres, les titres "We will rock you" et "We are the champions"). Queen choisit les Mountain Studios, installés dans le casino de Montreux pour enregistrer leur septième album "Jazz". L'enregistrement se passe tellement bien que le groupe rachètera les studios en 1979, travaille dans la foulée sur le mixage de l'album live "Live Killers", synthèse des sept premiers album du groupe, enregistré au printemps 1979 lors de la tournée européenne.
Six albums studio suivront cette première démarche, entre 1978 et 1995. Puis en 1995 viendra "Made in Heaven", 15ème album de Queen, produit avec les parties vocales enregistrées par le chanteur avant sa mort.
Freddie Mercury meurt le 24 novembre 1991, à 45 ans, des suites d'une pneumonie, un jour après avoir révélé au public qu'il était porteur du VIH et atteint du sida.

C'est à partir de 1987 que le chanteur s'est attaché à la ville suisse. Il partage alors sa vie entre le Garden Lodge, sa résidence principale Londonienne, et les rives du lac Leman
D'abord résident dans des villas louées, il s'installe plus ou moins au Fairmont Palace Montreux où, aujourd'hui, la suite qu'il occupait porte son nom. En 1991, il fait l'acquisition d'un appartement alors qu'il se sait gravement malade. Son but : trouver le calme et la sérénité.
Il disait à son amie Montserrat Caballé  -avec qui il avait enregistrée à la fin des années 80 le fameux titre "Barcelona", hymne officiel des Jeux Olympiques Catalans de 1992- : "Si tu veux la paix de l’âme, viens à Montreux".

Queen made in heaven

L'album posthume "Made in heaven" sort en 1995, ultime album de Queen dont les morceaux ont été achevés et réarrangés inlassablement au Mountain Studios. La pochette de l'album reprend cette vue que Freddie Mercury avait des montagnes et du lac Leman depuis la terrasse de son appartement.

Plus d'infos sur FREDDIE.TOURS.

Des visites guidées sont organisées pour découvrir, entre autres, les onze dernières années de la vie de Freddie Mercury à Montreux (cf : Freddie Tours).
On peut passer par la résidence Les Tourelles devant l'appartement de 207 m2 avec sa terrasse de 33m2 situés au troisième étage et de laquelle le chanteur contemplait le lac Léman et les montagnes.
Une vue qui lui aurait inspiré les paroles de sa dernière chanson "A Winter’s Tale", chanson parue en 1995, quatre ans après son décès : "Il y a une sorte de magie dans l’air / Quelle vue magnifique / Une scène à couper le souffle." Il conclut ainsi : "Suis-je en train de rêver?"

On peut également visiter le musée des Studios Mountain qui se trouve au sein du casino de Montreux. Hormis Queen, d'autres artistes sont venus enregistrer certains de leurs albums ici, tels que David Bowie, Iggy Pop, AC/DC, Chris Rea, Les Rolling Stones,...

La statue de bronze de Freddie Mercury a été créée par la sculpteuse tchèque Irena Sedlecká. Elle mesure trois mètres de haut et représente le chanteur tel qu'il était vêtu en ouverture du concert de Wembley en 1986. La statue fut inaugurée le 25 novembre 1996.

Montreux, statue de Freddie Mercury (Suisse)

La statue se trouve à côté d'une autre curiosité locale.

La cabine Allo Claude !
Montreux, allo Claude (Suisse)

Œuvre de Pascal Bettex, artiste suisse, il rend ici hommage à Claude Nobs, fondateur du Festival de Jazz de Montreux. Cette cabine, sculpture cinétique, regroupe des objets de et en relation avec Claude Nobs décédé le 10 janvier 2013 à Lausanne des suites d'un accident de ski de fond survenu sur les hauts de Montreux.

 

Allez, je quitte Montreux avec quelques chansons dans la tête...


Il ne faut pas faire beaucoup de kilomètres pour atteindre un autre lieu de la culture en Suisse : Corsier-sur-Vevey.
C'est ici que Charlie Chaplin est venu s'installer en 1952 avec toute sa famille pour fuir le Maccarthysme aux Etats-Unis. Là, sur les hauteurs de la ville, le manoir de Ban, devenu musée...

Chaplin's world par Jénorme      Chaplin's world par Jénorme

Nous ne reparlerons pas de ce fantastique-extraordinaire musée qu'est "Chaplin's world", installé dans le manoir où vécut la famille Chaplin de 1952 à 1977, année de la mort du réalisateur-acteur-scénariste-musicien-compositeur-producteur.
Nous en avons déjà parlé sur ce blog dans deux billets, rédigés en septembre 2017 : CHAPLIN'S WORLD, le musée et le parc  et CHAPLIN'S WORLD, le studio.

Nous ne nous rendrons pas non plus dans le petit cimetière
où il repose aux côtés de sa femme, Oona...
Corsier-sur-Vevey, tombe de Charlie Chaplin, banc (Suisse)

Non. On n'a pas l'temps ! Il y a encore quelques 34,6 kilomètres à parcourir pour atteindre notre objectif d'hier, qui devient l'objectif du jour : le musée Giger à Gruyères.
Giger-Gruyères, ressemblance sonoritale troublante.

Je quitte Corsier par une belle route large et sillonnante qui s'en va vagabonder sur des hauteurs peuplées de vignes et d'où l'on peut souvent apercevoir, ici et là, la présence passée de Charlie Chaplin.

Corsier-sur-Vevey, la route

Corsier-sur-Vevey, vue panoramique depusi la route (Suisse)

Nous quittons la vue panoramique sur le lac Leman pour nous aventurer dans de beaux paysages à la verdure grasse et apaisante. Ce ne sont pas des plateaux, mais un paysage en mouvement géologique. Des champs, partout, grands. Des étendues herbeuses qui nous permettent de mieux comprendre pourquoi la Suisse est aussi le pays du fromage avec ces vaches qui viennent paitre cette belle herbe verte intense et tendre.
Mais la Suisse, c'est aussi le pays du chocolat. parait-il. Connais-tu cette anecdote à propos de Churchill, adepte de chocolat, et qui a bien failli y laisser sa peau en 1943 ?
Noooon. Ooooohhhh.
OK. Allons-y. Petite histoire dans la Grande pendant que nous traversons ces beaux paysages helvétiques.

"Quand les Nazis pensaient gagner la guerre avec des bombes en chocolat
(...) Si on a vraiment envie de marquer le coup – disons que l'avenir de l'Europe en dépend – pourquoi ne pas utiliser une tablette de chocolat pour tenter de supprimer Winston Churchill ? Aussi débile que cela puisse paraître, la bouffe piégée était apparemment l'une des options privilégiées des saboteurs nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale pour éliminer leurs adversaires. (...)
Pour la fameuse bombe en tablette de chocolat – sans doute le dispositif à la fois le plus appétissant et le plus vicieux du lot – il s'agit tout simplement d'une grenade dissimulée sous une couche de cacao. La légende présente sur le croquis apporte quelques précisions : « La bombe en acier est recouverte d'une fine couche de vrai chocolat. Si on casse un carré de chocolat à l'extrémité de la tablette, la goupille en toile se tend et le dispositif explose au bout de sept secondes. ».
Des espions britanniques infiltrés en Allemagne ont eu vent de ce projet et donné l’alerte. Il a donc été fait en sorte que Winston Churchill soit privé de ce chocolat." VICE

Et nous voici en approche de Gruyères.

Gruyères, vue panoramique alentours (Suisse)

 

 

DANS NOTRE PROCHAIN EPISODE

Pire qu'un film "Alien", ce périple devient insoutenable au niveau du suspense.
Jénorme arrivera-t-il un jour à Gruyères, et surtout parviendra-t-il à visiter le musée H.R.Giger avant que celui-ci ne ferme par respect des horaires de visite ?

 

 

 

 

8 février 2024

Pourquoi aller en Suisse ? Episode 1

Ben ça alors, c'est une question surprenante !
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

 

Tu sais, ce n'est pas toujours facile de trouver un titre à un billet. Je me suis questionné, j'ai tergiversé, tourné, tambouriné, retourné les choses en long, en large et en travers, questionner des amis, des voisins, des passants, et, finalement, vu que nous allons, pour ce billet, prendre la direction de la Suisse, je me suis dit : pourquoi pas ce titre : "Pourquoi aller en Suisse ?" ?
Après tout, c'est pas plus con que les titres de livres suivants...

des chaussuresfakirJonas Jonassonla vie secrètele cercle littérairesourireles fourmisrats kangourousUmberto Ecoles chiens

Hein, bon, alors, voilà !

DONC la Suisse !
Pour ce blog, nous nous y sommes déjà rendus plusieurs fois, soit pour rejoindre la Croatie lors d'un périple aléatoire dont je n'ai toujours pas parlé ici, soit pour visiter le magnifique et émouvant musée Chaplin's world à Corsey-sur-Vevey : LE STUDIO et LE MANOIR ET LE PARC.

Chaplin's world MANOIRChaplin's world MANOIRChaplin's world MANOIRChaplin's world MANOIRChaplin's world
Chaplin's worldChaplin's worldChaplin's worldChaplin's worldJénorme à Chaplin's world

Cette fois-ci, une destination et un objectif différent. Nous restons dans l'artistique, mais... comment dire... euh... plus étrange. Toujours en rapport avec le cinéma, mais un autre cinéma.
Oui, cette fois-ci, nous prenons la direction de Gruyères.

Je te vois venir :
TOI : "- Ah eh, tu vas bouffer du fromage ! Je vois pas l'rapport avec la choucroute, euh, avec le cinéma !?"
Normal. Mais non.
Si je me rends à Gruyères, ce n'est pas pour élucider cette croyance populaire et erronée qui consiste à croire que le gruyère est un fromage avec des trous.
Eh non ! Que tu le veuilles ou pas, le gruyère original n'a pas de trous !!! Alors bordel ! Tu vas arrêter de croire tout ce qu'on te dit, genre la Terre est plate, le gruyère a des trous ! Hein ! Alors ! T'as pas envie de grandir un peu ?!
Non, le gruyère n'a pas de trous ! Tu confonds avec l'Emmental.
Ah, ah, ah ! Nous reparlerons de tout cela une fois sur place ; c'est à dire une fois à Gruyères.

TOI : "- Mais alors Jénorme, tu vas à Gruyères simplement pour nous expliquer pourquoi ce fromage n'a pas de trous ?"
Très bonne question qui pourrait être le titre d'un prochain livre. Et puis des périples à la con pour prendre en photo un panneau de ville ou pour visiter un musée insolite, ça ne me fait pas peur.

Mais non plus.
Si je vais à Gruyères, ce n'est pas pour expliquer pourquoi le fromage du même nom n'a pas de trous, mais bel et bien pour visiter un musée insolite... Aaaaah, pas loin ! Et ce musée est l'œuvre et regroupe les œuvres d'un artiste plasticiengraphisteillustrateursculpteur et designer suisse.
Non pas Jean-Luc Godard. Non, pas Jean Tinguely. Non, pas Patrick Juvet. Non, pas Guillaume Tell. Non, pas Le Corbusier.

Le nom de l'artiste que nous allons aller rencontrer à travers les œuvres qu'il a créé et qui sont exposées dans son musée est Hans Ruedi Giger.
Et les plus cinéphiles d'entre nous auront de suite fait le rapprochement avec, entre autres, une série de films d'horreur-science fiction ; je veux parler d'"Alien".
Le premier de ces films fut réalisé par Ridley Scott en 1979 sous le nom de "Alien, le 8ème passager". Plusieurs films ont ensuite suivis, réalisés par d'autres réalisateurs internationaux (Fincher, Jeunet,...).
Citons : "Aliens le retour", "Alien 3", "Alien, la resurrection", "Alien fait du ski", "Prometheus" (ah tiens), "Alien convenant", "Alien contre Predator", "Alien pète tout et pète après" et, prochainement en 2024, "Alien Romulus".
Mais qu'est-ce que cet Alien qui, en français, rappelons-le se traduit de l'anglais par "extra-terrestre".
A ne pas confondre avec "Allein" qui en allemand veut dire "Seul". Mais, en même temps, cela donna l'idée de l'accroche-texte de l'affiche du film : "Dans l'espace, personne ne vous entendra crier".

alien, affiche

 

Et à quoi ressemble cet alien, créé par H.R.Giger ?

Eh bien voilà !
Jénorme est au musée de HR Giger, alien de plafond, Gruyères (Suisse)

C'est le truc pendu au plafond derrière là, hein, pas de méprise ! Le machin devant, c'est moi en "bon gars" qui veut selfiser tout ce qu'il voit.
On ne le voit pas bien ? Ah, ah, ah... Eh bien, il va falloir attendre un peu pour en savoir plus, ah, ah, ah...

 

ALLEZ !

Pour se rendre à Gruyères depuis Nevers, le plus court chemin est la ligne droite.
Mais comme je ne suis pas pressé et qu'il y a des choses à voir en route  -ou légèrement à côté-  nous allons faire quelques détours.

Voici l'itinéraire voiture prévu pour nous rendre à l'objectif du jour :

NEVERS → CHATEAU-CHINON → AUTUN → CHALONS-SUR-SAONE → THUREY → SAINT-GERMAIN-DES-BOIS → BLETTERAN → LONS-LE-SAUNIER → CLAIRVAUX-LES-LACS → LA CHAUX-DU-DOMBIEF → LES ROUSSES → SAINT-CERGUE → GINGINS → CELIGNY → GENEVE → SALLANCHES  405 km

Incroyable ! Fabuleux ! Quel périple !

Et là, tu me dis :
TOI : "- Euh, y'a un problème ! Tu passes certes par la Suisse, mais tu arrives à Sallanches ; et pas du tout à Gruyères !?"

Ah, ah, ah.

C'est vrai. Mais nous reparlerons de tout cela à la fin de ce billet.
Ouah, mais quel suspense : on comprend rien, c'est génial !!!

 

ALLEZ,
C'EST PARTI !

Debout de bonne heure car il y a de la route.
En ce début de matinée d'un autre mois que celui pendant le quel tu lis ces mots, Nevers se remet de la victoire de son équipe de rugby contre Montauban la veille. Match où je me suis rendu avec Néness, ami de très longue date.

Jénorme et Néness avec mascotte de l'Uson (58)

Alors, bon, Néness, c'est le gars qui est à droite sur la photo. Et le truc jaune au milieu, ce n'est pas Alien, mais bel et bien la mascotte de l'USON et qui se prénomme Azuro. Azuro, dans le stade, personne ne l'entendra crier ! Ben oui, il a pas le droit de parler. C'est dans son contrat, comme pour les mascottes qui défilent dans les parc Disney et Astérix... Et là, tu me dis : "Mais comment il a pu te parler de son contrat alors qu'il n'a pas le droit de parler ?"
Bonne question.
Ah, ah, ah. Mais saches que...

Un Néness que tu peux retrouver dans cet incroyable bande-annonce
sur l'art de faire des cascades...
Quand on avait 14 ans.

Ouais ben, on n'avait pas le même budget qu'Alien, nous ?! Mais on avait tout miser sur les dialogues, hein ?! Les dialogues, merde ! Quand t'as pas de budget, tu parles ! Pas compliqué !

BREF : Oui, il y avait de l'ambiance pour ce match Nevers-Montauban ; même si certains ne sont pas vraiment enthousiastes à l'idée que Nevers puisse devenir une ville de rugby...

Nevers, tag (58)

Je quitte Nevers de bonne heure et de bonne humeur.
Direction l'Est avec la traversée du Bazois et sa capitale, Chatillon-en-Bazois, où il y a, entre autre, un magasin de brocante.

Chatillon-en-Bazois, brocante (58)

Oui... Dans le magasin de brocante de Chatillon-en-Bazois, personne ne vous entendra crier.
OK, j'arrête.

Après le Bazois, le Morvan. Et sa capitale : Château-Chinon qui, ce jour là, avait redécoré le rond-point de la rue Bibracte...

Château-Chinon, rond-point (58) 

Et là, tu peux te dire : "Mais pourquoi ont-ils mis cette décoration genre "Alice au pays des merveilles" sur ce rond-point ? Y'a-t-il un rapport avec Lewis Carroll ? Lewis Carroll a-t-il vécu à Château-Chinon ? Alice au pays des merveilles est-elle née à Château-Chinon ? A-t-on tourné le film adapté du roman ici, dans la capitale du Morvan ?"
Aaaaaah oui, c'est chouette de se poser des questions, de ne pas admettre l'évidence, de se demander pourquoi ceci ici. C'est ça la vie aussi : questionnement, découverte, culture, rencontre, Histoire, questionnement...
Eh bien, pour répondre à cette profonde énigme reposant sur le questionnement "Mais que fout la reine de cœur d'Alice au pays des merveilles sur un rond-point de Château-Chinon ?", je te répondrai simplement.
Oui. Simplement. Tranquillement. Doucement. Sans aller par quatre chemins. Directement...
Oui, si une représentation de la reine de cœur d'Alice au pays des merveilles est sur ce rond-point, ici, à Château-Chinon, capitale du Morvan, sous-préfecture de la Nièvre, posée à 450 mètres d'altitude. Qui a eu comme maire de 1959 à 1981 l'ancien Président de la République française, M. François Mitterrand. Qui a... Oui, bon.
Oui si une représentation de de la reine de cœur d'Alice au pays des merveilles est sur ce rond-point, ici, à Château-Chinon, c'est parce qu'à cette époque  -nous sommes début août de l'an de grâce 2023- la ville morvandelle reçoit le comice. Et que cette année là, le thème du comice était "Contes et légendes".
Voilà.
Et là, tu peux te demander : "Mais qu'est-ce qu'un comice ?"
Certes, mais là, on n'a plus le temps. Hein. Si à chaque ville ou chaque village, on s'arrête deux heures pour se poser des questions, on n'avance pas.
Bon, si tu veux savoir ce qu'est un comice en Nièvre, tu peux toujours revenir sur celui auquel nous avions assister en 2008 à Moulins-Engilbert en cliquant ici : LES VACANCES QUE FAIRE : COMICE.
Bon.

Traversons ce beau Morvan, sauvage et mystérieux, de la Nièvre à la Saône-et-Loire. Tiens, voici Autun et un autre rond-point avec une grosse vache en ferraille dessus...

Autun, rond-point 

Mais pourquoi ???? Pourquoi une grosse vache en fonte sur un rond-point ????? POURQUOI ?????????
Non, on n'a pas l'temps, eh oh !

Autun passé, aventurons-nous sur la D978 pour passer devant le beau château de Couches, puis traverser les riches vignes de Mercurey avant de rejoindre Chalon-sur-Saône, ville natale de l'inventeur de la photographie : Nicéphore Niepce. Un musée lui est d'ailleurs consacré ; nous l'avions visité en août 2009 pendant le festival de théâtre de rue (cf : Chalon dans la rue, épisode 1).

Chalons-sur-Saone, Niepce

Chalon-sur-Saone, Musée Niepce

Un bref historique nous rappelle que...
miracle et photo

 

Poursuivons notre itinéraire en suivant cette fois cette incroyable route D678 qui va de Chalon-sur-Saône à Saint-Laurent-en-Grandvaux ; non sans oublier de passer par des villages comme...

Tronchy, panneau (71)

Juif, panneau (71)

 

 

Une petite pause entre deux ville set deux panneaux aux noms amusants puisque nous arrivons à Lons-le-Saunier, chef-lieu du Jura. Hein ?
Ah bah non, je n'ai pas dit que ce serait drôle comme nom, Lons-le-Saunier. C'est juste que Lons-le-Saunier  -comme tu ne le sais peut être pas-  c'est la cité où est née la... la... Suspense incroyable !!!! La... Vache qui rit !!!! Et depuis 2009, en plus de son entreprise, elle a son propre musée : "La maison de la vache qui rit".

maison de la vache qui rit
Photo : Jura Tourisme

Eh oui. Nous sommes à l'entrée de la région des bons fromages du Jura. Et ça commence avec "La vache qui rit" ?!
Mais pourquoi ? Oui, pourquoi donner le nom de vache qui rit à un fromage ? Pourquoi la vache rit-elle ? Et pourquoi est-elle rouge ? Et qu'est-ce que c('est que cette idée de boucles d'oreille ? Et ce fromage n'est-il pas un peu trop industriel pour une région qui défend les valeurs agricoles ?
J'ai fait ma petite enquête sur tous ces sujets brûlants. Jai obtenu pas mal de réponses et nous en reparlerons dans un prochain billet.

Jénorme a un beau déguisement de vache qui rit


Reprenons la route et les panneaux de noms de villes intrigrants avec...

Poids de Fiole, panneau (39)

Pont-de-Poitte, panneau (39)

Mais c'est un peu plus loin que Pont-de-Poitte... oui, je sais pas, ça me fait rire comme nom, ça me fait penser à l'expression "Les mains moites et les pieds poites"... que j'arrive dans un de ces bel endroit naturel du Jura que l'on appelle la vallée du Hérisson.
Ce nom ne vient pas du petit animal que l'on retrouve souvent écrasé sur nos routes... ooh, c'est moche... mais de la rivière qui traverse la région. En même temps, on peut se poser la question : mais pourquoi avoir donné ce nom à ce torrent ? Et qui était là en premier, la rivière ou l'animal ? Ah, ah, ah : intrigante question encore ! Un peu comme "Qui était là en premier : l'œuf ou la poule ?". Ah, ah, ah.

On tente de répondre vite fait avant de se lancer sur les sentiers des cascades du Hérisson.
Eh bien, pour que la poule naisse, il lui faut sortir de l'œuf. Donc on peut dire que l'œuf est arrivé avant la poule. Mais qui a pondu l'œuf alors ?
Roy Sorensen, professeur en philosophie, a sa petite idée :
"Selon lui, c’est bien l’œuf qui précède la poule. La mutation aurait eu lieu il y a bien plus de 7000 ans, avant l’époque à laquelle les premiers oiseaux proches de la Gallus gallus domesticus que nous connaissons comme poule ont été domestiqués. En substance, une protopoule a donc pondu un œuf, et un protocoq l'a fécondé. Mais lorsque les gènes de la quasi-poule et du coq ont fusionné, ils se sont combinés d'une nouvelle manière, créant une mutation qui a accidentellement rendu le bébé différent de ses parents." WOOPETS

On a bien avancé là. Cela me rappelle cette comptine interminable sur Epiménide le Crétois que l'on dit paradoxale :
"'Tous les Crétois sont des menteurs' disait Epiménide le Crétois.
Or, s’il est Crétois, alors il ment. Mais s’il ment, il dit alors la vérité, et donc il ne ment pas."

Bon, en d'autres lieux, d'autres temps et d'autres temps, cela me rappelle aussi la démonstration du professeur  Garrison au sujet de ce que l'on appelle "l'évolution", dans cette fabuleuse série animée qu'est South Park  :

Eh ouais.
Pour clore ce débat, disons simplement que la vallée du Hérisson vient du mot "Hérisson" qui vient de "Yrisson", qui signifie "eau sacrée".

Voilà.
Alors la vallée du Hérisson. Où sommes-nous ?
Eh bien, nous sommes en Franche-Comté, dans le Jura, département 39, quelque part entre Menétrux-en-Joux et La Chaux-du-Dombief. C'est la région des lacs. Des lacs que l'on peut admirer depuis le belvédère des quatre lacs...

Clairvaux-les-lacs, région des 4 lacs (39)

Pour arriver au départ de la petite randonnée qui longe les cascade du Hérisson, il te faudra longer le lac du Val... Rien à voir avec la bière belge qui se prénomme de toute façon Duvel, et non du Val, mais avec modération bien sûr.
Ooooouuuuuuuh, par cette météo capricieuse et pluvieuse, le lac du Val a des airs bien confidentiels, comme si on le dérangeait dans sa brume matinale inattendue...

 


AMBIANCE

Menétrux-en-Joux, lac du Val (39)

Menétrux-en-Joux, lac du Val, barque (39)       Menétrux-en-Joux, lac du Val, barque coulée (39)

Menétrux-en-Joux, lac du Val       Menétrux-en-Joux, lac du Val, barques (39)

Le lac de Val est un lac glaciaire, certes, mais il me semble "entendre" sur ses rives quelques légendes dont je ne parviens pas à trouver la source sur livres et documents consultables dans les environs. Peut être la météo pluvieuse et brouillasseuse m'amène à penser que ce lac regorge de quelques mystères et énigmes jamais résolues. Impossible de se baigner, mais on peut se rendre en d'autres moments au parc animalier dit du Hérisson, où subsistent quelques aurochs et bisons, entre autres.

En suivant cette D326 longeant les rives inaccessibles du lac de Val, j'arrive au bout du bout. L'impasse. Et cette impasse, c'est l'un des départs de la randonnée vers les nombreuses cascades du Hérisson.
C'est un lieu unique : sur un parcours de 3,7 km pour un dénivelé de 250 m, la randonnée des cascades du Hérisson offre pas moins de 31 sauts dont 7 cascades principales. Quelques vestiges historiques demeurent également, rappelant que durant près de sept siècles, des populations habitaient ici pour utiliser la force de l'eau, forger des outils, moudre les grains… Les habitants utilisaient aussi les ressources naturelles locales, comme le chanvre, le minerai de fer, les céréales ou le bois.
On peut faire le tour des cascades du Hérisson sur 12 kilomètres en 4 heures avec un dénivelé de plus de 400 mètres.

Un peu pris par le temps, je ne marcherais que quelques mètres pour voir la sublime cascade de l'éventail et celle prénommée Le Grand Saut.
Ces cascades ont, à l'époque, subi les désagréments du réchauffement climatique et de la canicule de ce mois d'août 2023...

Menétrux-en-Joux, cascades diu Hérisson, l'éventail (39)       Menétrux-en-Joux, cascades diu Hérisson, l'éventail

Ici, c'est L'éventail ! Une chute d'eau de plus de 65 mètres. J'étais venu la voir en 2004...

Ménétrux-en-Joux, cascade du Hérisson, l'éventail

Oui, bon. Je continue. Une belle montée, bien balisée, bien ferraillée par des escaliers qui n'existaient pas la dernière fois que j'étais venu.

Menétrux-en-Joux, cascades diu Hérisson, sentier escaliers(39)       Menétrux-en-Joux, cascades diu Hérisson, rivière (39)

Menétrux-en-Joux, sentier cascades diu Hérisson, panneau (39)

Tout est bien aménagé pour qu'un maximum de personnes viennent ici sans crainte, et pas forcément en chaussures de randonnée.
Quelques mètres plus haut et plus loin, j'arrive au Grand Saut, une chute d'eau de 60 mètres...

Menétrux-en-Joux, cascades diu Hérisson, le grand saut 

Bon, déjà, première approche difficile à base de questionnement : où qu'c'est qu'il est le grand saut ? 
Eh bine, c'est le petit filet d'eau qui tombe de la roche. 

En d'autre temps,
il ressemblait plutôt à ceci :
Ménétrux-en-Joux, cascade du Hérisson, le grand saut (39)

Bon... C'est comme ça. Mais c'est inquiétant tout de même ce peu d'eau.


Hein, bon. A part ça ?
Pourquoi il y a moins d'eau ?
Parce qu'il y a réchauffement climatique.
Mais pourquoi il y a autant d'eau dans la région du Nord-Pas-De-Calais en ce moment ?
Parce qu'il a beaucoup plu depuis ces derniers mois.
Mais pourquoi pleut-il beaucoup dans le Nord et pas dans le sud-Ouest du côté de Perpignan ?
OK.

Alors, Le Grand Saut, ça me fait penser à cet excellent film des frères Cohen que l'on voit rarement repasser à la télévision ; voire même jamais.

Allez, je retourne à la voiture après cette petite marche.
J'adore cette région. Il y a de grandes étendues herbeuses vertes, de belles vaches jurassiennes, des lacs, des petites collines. C'est une région où subsiste un savoir-faire artisanal. C'est aussi une région où l'on mange bien. Tiens, d'ailleurs, ne voilà-t-il pas que j'arrive à Morbier... 
Et une fois de plus, un rond-point nous parle.

Morbier, rond-point (39)

Mais pourquoooooiiiiiiiii ?
Pourquoi une vache, une marmite et un personnage qui semble touiller la marmite ?
Eh bien, c'est parce que nous sommes à Morbier. Eh oui. Voilà, voilà.
Y'a un comice ici aussi ?
Ah, ah, ah. Non.
Ben alors ?

Eh bien, ce rond-point reprend simplement, efficacement, directement, sans .on découvre une mise en scène simple de la fabrication du célèbre fromage fabriqué ici.
Le Morbier est un fromage au lait cru de vache, à pâte pressée non cuite. Il est protégé par une AOP depuis 2002. On le reconnait, entre autre, à fine couche de cendre. Cette particularité à une histoire :
"À partir du XVIIIème siècle, lorsqu'il restait du lait après la préparation du comté, mais pas suffisamment pour en confectionner un autre, les paysans du pays de Morbier réservaient le restant de caillé dans une cuve en le recouvrant d'une fine couche de cendre récupérée dans l'âtre et ayant pour fonction de le protéger des insectes. Alors uniquement fabriqué par les agriculteurs, le morbier était donc exclusivement un fromage fermier." WIKIPEDIA

De nos jours, cette couche de cendre présente n'est là que pour rappeler la particularité du Morbier.
Touchant Morbier, je traverse maintenant la ville de Morez, dont le nom apparait en lettres blanches sur une colline, tel qu'à Hollywood (= bois de houx en français, et on oublie bien souvent de le dire !).

hollywood

Hop pardon,
erreur de chargement de photo.
Recommençons.

Morez, les lettres hollywood

Ici, pas d'actrices/d'acteurs, pas de cinéma, pas de studios de cinéma ! Mais des artisans, des entreprises, du terroir ! 
Marquée aux XXème et XXIème 
siècles par l'industrie de la lunette, après avoir été, au XIXème siècle, la capitale de l'horloge comtoise, Morez est située dans une vallée assez sombre, au fond de laquelle s'écoule la Bienne canalisée. La ville s'étend sur trois kilomètres de longueur, reconnaissable aux viaducs de chemin de fer qui la surplombent. Les habitations sont nombreuses. Beaucoup d'immeubles en centre-ville avec une seule route en sens unique bordée de magasins divers. C'est assez sombre. Il faut dire que la météo du jour n'est pas très favorable non plus.

Je quitte Morez par la Nationale 5 qui s'enfuit vers la frontière franco-Suisse en passant par la station des Rousses.
Les Rousses, sculpture (39)

Oui, ben, y'avait pas de rond-point donc j'ai pris ce poteau avec des vaches à la verticale.
Y'a-t-il un rapport ? Je ne sais pas. Voyons.

Situé à 1107 mètres d'altitude, le village des Rousses se situe à la limite des bassins versants du Rhône et du Rhin.
"C'est ici que naquit en 1900, sous l'égide de Victor Félix Péclet, maire de la commune à l'époque, la pratique du ski en France."
Ça, c'est ce que dit Wikipédia, mais la réalité est toute autre. En fait, il est difficile de savoir où l'on a skié pour la première fois en France.
Certains disent que c'est à Chamrousse... Cham, rousse... Les Rousses... Peut être la confusion vient-elle de là ; même si Les Rousses se trouve dans le Jura et Chamrousse dans les Alpes. Voici la version de Wikipédia :
"Selon la tradition, en 1878, Henry Duhamel, un alpiniste grenoblois, après avoir découvert à l'exposition universelle de Paris une paire de skis exposée dans un stand scandinave, fut le premier en France à les essayer sur les pentes du Recoin. Cependant, cette information apparaît de plus en plus discutable, car ce n'est qu'en 1908 qu'Henry Duhamel déclare avoir essayé des skis à Recoin en 1878."

Le doute est aussi présent quand on cherche à savoir quelle fut la première station de ski "créée" en France.
Montgenèvre, dans les Hautes-Alpes, se revendique la primeur en 1907 par la création de la première épreuve de saut à ski en France (cf : Réservation Montgenèvre).
Maaaaaaiiiiiisss Megève, en Haute-Savoie, elle aussi, se dit première station de ski en France avant que la commune se soit devenue le lieu de prédilection de la famille Rothschild dans les années 1910.
Bref : c'est pas simple !
première station

C'est un peu comme si on se demandait qui était là en premier : l'œuf ou la poule ?
Hein ? Ah oui, merde, on en a déjà parlé plus haut. mais ça,

J'aime bien cette ambiance de station de ski hors saison. Même si de nos jours, ce côté hors-saison sans neige semble être de plus en plus long.
A se demander si, un jour prochain, nous n'allons pas pratiquer le ski sur des cailloux.

Jénorme fait du hors ski
Jénorme faisant du hors-ski au Col du Pourtalet


Une fois Les Rousses passé, j'arrive à présent à la frontière franco-suisse au lieu-dit la Cure. Pas de contrôle. Je passe pour rejoindre une route sans nom qui va sur Saint-Cergue. Un beau panorama apparait sur le lac de Genève et les Alpes.

Col de la faucille, vue sur le Léman

Col de la faucille, vue sur le Léman (39)


La route sinueuse descend sur Genève, mais c'est à Céligny que j'arrive.
J'ai une petite idée derrière la tête. Je ne sais plus ni quand, ni comment, mais j'ai appris que dans le cimetière de cette petite commune suisse du canton de Genève reposaient deux célébrités. Non, pas Jean-Luc Godard dont les cendres, certes, sont en Suisse, mais dans un domaine privé, propriété de la famille.
C'est charmant Céligny. Il y a de la couleur, ça a l'air calme. C'est ici, lors de son exil en Suisse au début du XXème siècle, que Benito Mussolini a vécu et travaillé comme maçon (notamment pour la construction de l'école). Mais ce n'est pas non plus sa tombe que nous venons voir ici, dans le cimetière du village puisque son tombeau se trouve à Predappio, en Italie.
Ce n'est pas non plus la tombe de l'acteur Michel Simon, qui est repose à Genève. Ou encore celle d'Audrey Hepburn qui se trouve au cimetière de Tolochenaz, un peu avant Lausanne. Ou celle de Peter Ustinov du côté de Bursins. Ou celle de Coco Chanel dans un cimetière de Lausanne, appelé Bois-de-Vaux, non loin de Pierre de Coubertin. Ou celle de l'écrivain Nabokov qui repose à Montreux.
Alors, qui repose(nt) dans ce petit cimetière de Céligny ?

Je me gare sur le parking situé derrière le château de Garengo. Je suis à pied la route-chemin des Grands-Hutins pour arriver à la porte du cimetière. J'entre. Je cherche la tombe en question, mais quelque chose m'intrigue. Je ne reconnais pas du tout le lieu par rapport aux photos que j'avais vues sur internet.
Le cimetière de Céligny me semblait être sous les arbres, un peu à l'abandon, isolé. Et là, les tombes sont exposées plein soleil, encadrées par un grand mur blanc.
Je ressors du cimetière pour découvrir un panneau directionnel indiquant la marche à suivre pour rejoindre le "Vieux cimetière". J'étais donc au "Nouveau cimetière".

Céligny, le vieux cimetière, panneau (Suisse)

Céligny, le vieux cimetière, panneau (Suisse)

Céligny, le vieux cimetière, panneau (Suisse)

plan Céligny

 

Je suis la route qui devient chemin, puis sentier, pour aller m'aventurer dans un bois. A l'orée de ce bois, une grille, un mur, un banc en bois, un arrosoir rouge.

Céligny, le vieux cimetière, entrée (Suisse)       Céligny, le vieux cimetière, entrée, grille (Suisse)

Poussons la grille et entrons pour découvrir qui repose(nt) dans ce cimetière au "charme secret".

 

Eh oui :
Richard Burton.
Céligny, le vieux cimetière, tombe Richard Burton (Suisse)

Céligny, le vieux cimetière, tombe Richard Burton, derrière (Suisse)     Céligny, le vieux cimetière, tombe Richard Burton, pièces (Suisse)Céligny, le vieux cimetière, tombe Richard Burton, derrière

Et là, peut être que les plus jeunes d'entre nous qui lisent ces mots se disent : "Ah ouais, le mec qui joue dans "Le Parrain" et dans "Apocalypse now" ?!"
Ouais, ouais... mais non. Tu confonds avec Marlon Brando. Et impossible de se rendre sur la tombe ou les cendres de Marlon Brando puisque nous ne savons pas où il/elles est/sont... Un peu comme Jean-Paul Belmondo.

Mais revenons à Richard Burton, acteur gallois tourmenté, vu dans bon nombre de films entre 1949 et 1984.

La tombe a été récemment restaurée. En effet, elle était laissée à l'abandon depuis 2019, suite au décès du jardinier de 97 ans qui s'en occupait. C'est un compatriote gallois, Philip Jennings, et sa femme qui ont décidé de la remettre à neuf et redonner "vie" ainsi à la présence de ce grand acteur en ces terres suisses (cf : L'Illustre).
C'est très intrigant d'ailleurs de voir le monde journalistique, médiatique et artistique présent lors des obsèques de l'acteur en 1984 dans ce petit cimetière retiré de tout...

Avec, notamment la venue d'Elisabeth Taylor
qui voulait avoir un moment seule pour se recueillir sur la tombe :
Elisabeth Taylor obsèques Burton
LIZ TAYLOR SUR LA TOMBE DE BURTON.

Puis de constater que la tombe fut laissée à l'abandon avant que ce couple de Gallois ne décident de la restaurer, provoquant ainsi un regain d'attention pour l'acteur et sa carrière.

Tout de suite, biographie de Richard Burton :
"Militaire, escrimeur, explorateur, écrivain et poète mais aussi traducteur, linguiste, ethnologue, orientaliste, maître soufi, diplomate et espion, il a collectionné les vies. Mais aussi les provocations... Ses expéditions dans les confins de l’Empire britannique, sa faculté stupéfiante à parler une trentaine de langues (à défaut de la langue de bois) et ses coups d’éclat bâtiront sa légende. Il est l’un des premiers occidentaux à atteindre la Mecque, déguisé en pèlerin. Mais alors qu’il est au faîte de sa gloire, une expédition dans la région des grands Lacs d’Afrique à la recherche des sources du Nil manque de gâcher sa vie et même de le détruire. Qui était cet explorateur iconoclaste, cet homme au caractère bien trempé ?(...)" GEO

Ah mince, on me fait signe dans l'oreillette que je me suis trompé de Richard Burton puisque là, je viens de commencer à écrire sur Richard Francis Burton.
On recommence.

Tout de suite, biographie de Richard Burton :

richard Burton

"Richard Jenkins naît le 10 novembre 1925 à Pontrhyden, village minier du pays de Galles. Il est le douzième des treize enfants d'une famille de mineurs. Jamais il ne reniera ses origines. Enfant, il obtient une bourse d'études pour Oxford grâce à un de ses professeurs, Philip Burton. Celui-ci l'encourage à devenir acteur, alors qu'il voulait être boxeur. Richard Jenkins rendit hommage à cet homme en lui empruntant son nom.

Richard Burton débute au théâtre en 1943, fait son service militaire dans la Royal Air Force, puis tourne son premier film en 1948 : The Last Days of Dowlin, d'après une œuvre de l'auteur dramatique Emlyn Williams. Le cinéma anglais lui offre, à cette époque, quelques rôles peu gratifiants mais il se fait remarquer sur la scène, en particulier comme interprète de Shakespeare et de Christopher Fry. Une pièce de Fry, The Lady's not Burning, est montée à Broadway en 1950. Richard Burton attire l'attention des producteurs hollywoodiens, signe un contrat avec la 20th Century Fox, et tourne alors dans Ma Cousine Rachel (Henry Koster, 1951), Les Rats du désert (Robert Wise, 1953), La Tunique (Henry Koster, 1953), première production en Cinémascope. Parallèlement, il fait deux « saisons » à l'Old Vic de Londres, dans des rôles shakespeariens. Au cinéma, il plaît surtout pour son physique viril, son visage expressif, ses yeux verts sous des cheveux bruns. Il piétine un peu jusqu'à Amère Victoire (1957), film de guerre tourné en France par Nicholas Ray. Mais c'est Tony Richardson, l'un des chefs de file du nouveau cinéma britannique, qui le lance avec Les Corps sauvages (1959), tiré d'une pièce de John Osborne. L'expérience du théâtre sera toujours profitable à Richard Burton. En 1962, il fait partie de l'abondante distribution du Jour le plus long, superproduction de Darryl F. Zanuck sur le débarquement des forces alliées en Normandie, le 6 juin 1944. En 1963, il est Marc Antoine dans Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz, où Elizabeth Taylor tient le rôle de la reine d'Égypte. Le film manque de ruiner la Fox mais l'idylle amoureuse des vedettes est connue dans le monde entier. Leur premier mariage a lieu en 1964. Avant Le Chevalier des sables (Vincente Minnelli, 1965), un de leurs meilleurs films, Burton s'impose, sans Liz, dans La Nuit de l'iguane (John Huston, 1963), Becket (Peter Glenville, 1964), Hamlet (Bill Colleran, 1964), grâce à son génie de la composition. Certes, Qui a peur de Virginia Woolf ?(Mike Nichols, 1966), La Mégère apprivoisée (Franco Zeffirelli, 1967), Docteur-Faustus (Neville Goghill, co-réalisation Burton, 1967), Boom (Joseph Losey, 1968), Divorce (Waris Hussein, 1972) reposent en partie sur les « règlements de comptes » du couple. Pourtant, la vraie gloire de Richard Burton — qui tourne sans arrêt, tout en brûlant sa vie — tient à ses rôles dans L'Escalier (Stanley Donen, 1969), Anne des mille jours (1970),  L'Assassinat de Trotski (Joseph Losey, 1972), Sutjeska (Stipe Delic, 1973), Equus (Sidney Lumet, 1977) et quelques autres. À la télévision, Richard Burton participe au « remake » de Brève Rencontre (Terence Young, 1974), interprète le personnage de Churchill dans Du sang, de la sueur et des larmes (Herbert Wise, 1976) et celui de Wagner dans un feuilleton sur le musicien (Tony Palmer, 1982). Sur une scène de Broadway, il retrouve Liz Taylor en 1982 pour Les Amants terribles, de Noël Coward. Au cinéma, où, jusque dans des films médiocres, sa présence ne passait jamais inaperçue, il termine sa carrière avec le rôle du tortionnaire O'Brien dans 1984, de Michaël Radford, d'après le roman de George Orwell." JACQUES SICLIER pour UNIVERSALIS

 

Du côté de la vie privée, on ne peut parler de Richard Burton sans parler d'Elisabeth Taylor :

richard burton liz Taylor

"Chose rare dans l’histoire du show-business : un homme profite de la notoriété d’une femme." LE MONDE
Ils se rencontrent en 1962 sur le tournage le plus cher de l'histoire du cinéma :Cléopâtre (1963) de Joseph L. Mankiewicz. Coup de foudre sur le tournage, mais ils sont tous les deux mariés. Peu importe, l'attirance est trop forte. L’acteur quitte sa femme, Sybil Williams avec il est marié depuis 12 ans, et ses deux enfants pour aller se jeter dans les bras de l'actrice aux yeux violets, mariée au chanteur Eddie Fisher (son quatrième mari).
Leur liaison choque le monde, le pape allant jusqu’à condamner cette dernière. Amants pendant deux ans, ils se marient en 1964. Amour passionnel, mais aussi destructeur, répondant à cette sorte de sentence universelle : "Qui aime bien châtie bien.". Disputes incendiaires, retrouvailles passionnées.
Après treize ans de mariage plutôt chaotiques, ils divorcent une première fois le 26 juin 1974. Incapables de vivre l’un sans l’autre, ils se remettent ensemble l’année suivante et se remarient le 10 octobre 1975... puis re-divorcent le 29 juillet 1976.
Même s'il semble toujours amoureux l'un de l'autre et que Liz Taylor tentera maintes fois de le reconquérir, Richard Burton résistera toujours à ses avances. Il se marie en 1983 avec Sally Hay. C'est son cinquième mariage.
"Et pourtant. Quelques jours avant sa mort, le 5 août 1984, Elizabeth Taylor reçoit une ultime lettre d’amour de la part de l’acteur, qui la supplie de lui laisser une dernière chance. L’actrice n’aura pas le temps de lui répondre, Richard Burton mourant d’une hémorragie cérébrale quelques jours plus tard. Ils se seront aimés jusqu’au bout, la comédienne déclarant au Daily Mail en 2009 : « J’aurais épousé Richard une troisième fois »." MARIE-CLAIRE
Elizabeth Taylor lui rendait visite à Céligny très régulièrement, mais préférait Gstaad.

richard Burton
Photo : UNHCR

L'autre particularité privée de Richard Burton est son rapport aux excès en tout genre : coureur de jupons, certes, mais aussi insomniaque, alcoolique et gros fumeur. Peut être est-ce cela qui a précipité sa mort prématurée à l'âge de 59 ans d'une hémorragie cérébrale.

Non loin de la tombe de Richard Burton, une autre personnalité repose.

Céligny, le vieux cimetière, tombe Alistair MacLEAN (Suisse)

Il s'agit de l'écrivain écossais Alistair MacLean à qui l'on doit, entre autres, "Les canons de Navarone" et "Quand les aigles attaquent". Un roman qui sera adapté au cinéma et dont Richard Burton interprétera le rôle principal, celui du Commandant Jonathan Smith.

Sur la pierre tombale taillée dans le granit, on peut lire ces mots :"Come my friends, it's not too late to seek a newer world" ("Venez mes amis, il n'est jamais trop tard pour chercher un monde nouveau"). Mouaip, ben... un autre jour peut être.

Je marche un peu dans le cimetière le long du seul petit chemin qui traverse le lieu. Il règne ici un silence de recueillement apaisant. Quelques chants d'oiseaux sortent des arbres aux sons discret de la rivière qui coule non loin.
Je repense aux mots de Philippe Villard pour TDG en 2017. Extraits.

Céligny, le vieux cimetière, vue générale (Suisse)       Céligny, le vieux cimetière, vue générale

"La grille, lourde comme le poids des ans, grince et gémit sur ses gonds fatigués. Les murs de pierres, ou ce qu'il en reste à voir, se disjoignent sous l'assaut vigoureux des racines des résineux et des feuillus dont la puissante ramure et la généreuse frondaison tressent l'écrin vert sombre de ce jardin quasi anglais livré au liseron, au lierre et aux herbes folles. Le chant des oiseaux et celui du ruisseau se faufilent entre les pierres tombales et les croix qui gîtent le plus souvent, comme si la terre les boulottait dans la patience infinie du temps qui passe. Il règne ici un abandon lascif et décrépit, nimbé d'une traîne fantastique...(...)" 
DANS LE VIEUX CIMETIERE DE CELIGNY

Quelques sépultures aux étranges sculptures surmontées.
Céligny, le vieux cimetière, tombes Bordier(Suisse)

 

 

Des épitaphes...
Céligny, le vieux cimetière, tombes Charonnière       Céligny, le vieux cimetière, tombes Charonnière

Céligny, le vieux cimetière, tombes Charonnière (Suisse)

"Légèrement à l'écart des chemins fréquentés par les promeneurs et les pèlerins engagés sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, le vieux cimetière de Céligny héberge la tombe de Richard Burton. Un homme qui a sans doute besoin de cette paisible éternité suisse pour se remettre d'une vie irriguée d'alcool et nourrie de passions orageuses, jalonnée d'unions et de divorces, jonchée de vaisselle brisée et de diamants jetés au lit des femmes.(...)"  
DANS LE VIEUX CIMETIERE DE CELIGNY

 

Des stèles délaissées...
Céligny, le vieux cimetière, tombes Powell (Suisse)

Et au bout du cimetière, une impasse, une tombe seule, isolée, derrière des grilles rouillées toujours ouvertes et instables...

Céligny, le vieux cimetière, tombe à part (Suisse)

Je quitte le vieux cimetière de Céligny pour retourner à la voiture. Il n'est pas loin de 17h32. J'en conclus qu'aller à Gruyères maintenant, c'est un peu tard. En même temps, c'était prévu. Je me dirige donc donc sur Sallanches pour rendre visite à ma sœur et mon beau-frère, que je surnomme affectueusement Lapin. Notre Richard Burton à nous.
Mais avant cela, il faut encore traverser Genève... et ça... à cette heure-ci, en cette saison, par ce temps... Bouchons !!!!
J'en profite pour faire quelques photos de la ville depuis la voiture ; tout en écoutant les infos...

Genève, vue de la bagnole (Suisse)     Genève, vue de la bagnole

Il fait chaud

Ben oui. En Suisse, il fait beau, il fait chaud, ça donne des idées à certains.

Je finis par sortir des bouchons de Genève pour attraper l'autoroute A40.
Quelques kilomètres plus tard, j'arrive à Sallanches.

Sallanches, vue panoramique (74)

 

DANS LE PROCHAIN EPISODE

C'est rigolo : on devait se rendre à Gruyères au musée H.R. Giger et, finalement, eh ben pas du tout.
Mais, peut être que dans le prochain épisode, Jénorme reprendra la route de la Suisse pour découvrir ce lieu étrange créé par l'artiste-plasticien-graphiste-illustrateur-sculpteur-designer helvète.
Et pour répondre à cette question que, peut être, tu ne te poses pas : Non, Richard Burton n'a jamais joué dans un film à composante d'Alien.

 

 

 

29 janvier 2024

Sur la côte Cantabrique 2, la suite (Espagne)

Dans l'épisode précédent, Jénorme s'était rendu sur la Côte Cantabrique pour un petit périple qui devait initialement le conduire à San Juan de Gaztelugatxe.
Mais que la route était belle et les villages sympathiques. Le petit trajet qui devait se dérouler sur deux heures prenait des allures de road-trip infini avec son lot de surprises, de rencontres, de découvertes, d'histoires et d'Histoire.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

 

Allez, hop :
PETIT RAPPEL
B ayonne, manifestation des agriculteurs, janvier 2024 (64)

Oui, n'oublions pas les agriculteurs. Non seulement, ils nous nourrissent, mais ils entretiennent également nos beaux paysages.
Solidaire !

Donc... Qu'est-ce que je disais ?
Ah oui.

PETIT RAPPEL
Deba, mirador Vierge de Itziar, la route (Espagne)

Alors que le froid et la pluie sévissait sur la France, Jénorme décidait de se remémorer ce périple routier qu'il avait fait quelques mois auparavant en longeant la Côte Cantabrique afin de rejoindre l'intrigant et mystérieux îlot de Gaztelugatxe.
Pour y parvenir, il s'était confectionné un petit itinéraire :

IRUN → SAN SEBASTIAN → ORIO → ZARAUTZ → GETARIA → ZUMAIA → DEBA → MUTRIKU → ONDARROA → LEKEITIO → ELANTXOBE → LAGA → GUERNICA → MUNDAKA → BERMEO → SAN-JUAN-DE-GAZTELUGATXE  → MUNGIA → BILBAO   198km

Cet itinéraire suivait les routes espagnoles longeant la côte Cantabrique, de la Guipuscoa à la Biscaye.

carte périple Cantabrique

Après avoir arpenté les routes et les côtes du Guipuscoa, Jénorme entrait à présent dans la province basque de la Biscaye. 

Côte Cantabrique, entre Mutriku et Ondarroa

 

DE NOS JOURS, MAIS EN AVRIL 2022

J'entre en Biscaye.
Petit rappel. La communauté autonome du Pays Basque (Euskadi) se compose de trois provinces : l'Alava, la Biscaye et le Guipuscoa.
A ne pas confondre avec la division traditionnelle du Pays Basque qui, elle, est composée de sept provinces :  Labourd (Lapurdi), Basse-Navarre (Behe -Nafarroa) et la Soule (Xiberoa) côté français ; Guipúzcoa (Gipuzkoa), Biscaye (Bizkaia), Navarre (Nafarroa) et Álava (Araba), côté espagnol.

Après avoir passé le panneau d'entrée dans la Biscaye, j'arrive dans la ville d'Ondarroa.

Ondarroa, ville et Artibai (Espagne)pays bas

Ah oui, c'est chargé là, en immeubles. Une fenêtre, un habitant. Ou une fenêtre, des vies. Cela m'a toujours fasciné de traverser certaines villes en regardant le nombre de fenêtres des immeubles en pensant au nombre de vies qu'il y a derrière...
J'ai également des images de films qui me viennent avec le générique de "Peur sur la ville" (1975) d'Henri Verneuil.

Ou encore ce passage dans l'excellent film de Michael Mann, "Heat" (1995) où l'on voit Neil McCauley (Robert De Niro) et Eady (Amy Brenneman) s'embrasser devant un panorama de lumières sur les hauteurs de Los Angeles.

heat

Quel film ! Quelles interprétations ! Quelle réalisation ! Quel récit ! Et je repense à ce passage où une seule histoire d'amour prend vie devant ce "tapis" de lumières derrière lesquelles se cachent tant d'autres histoires...

Ah ouais, non, mais moi, des fois, je suis un putain de romantique ! Quand ça m'prend, putain, ça tiraille les tripes jusqu'aux burnes !!!

DONC : j'arrive à Ondarroa. Des immeubles, des fenêtres, des vies, des histoires, mais pas que.

L'étymologie la plus habituelle qui est donnée au nom d'Ondarroa est celle de "bouche de sable", qui provient de ondar (tza) sable, et ahoa bouche en basque ; ce qui explique sa nature géographique.

La ville est "construite" sur un terrain accidenté, sur un tronçon du littoral formé de falaises abruptes, parmi lesquelles se détache la Peña del Fraile, le Rocher du Moine.
La ville est également traversée par la rivière Artibai. Elle épouse à la fois les pentes de la colline et les méandres de la rivière Artibai.

Mais il n'y a pas que sa géographie qui est "tourmentée". Ondarroa a également connu une histoire mouvementée.
Fondée en 1327 par Maria Diaz de Haro, Dame de Vizcaya, Ondarroa entretient une grande rivalité avec la ville voisine Lekeitio, principalement en rapport avec la pêche à la baleine fort lucrative à l'époque.
En 1463, la ville est ravagé par un grand incendie qui la laisse presque sans population ; ce qui amena le roi Enrique IV de Castille à lui concéder divers privilèges dans le but de la faire revivre. Un siècle plus tard, la pêche, le commerce et la course (corsaires) sont à leur apogée à Ondarroa.
Mais, une fois de plus, le 28 aout 1794, lors de la Guerre de la Convention, des troupes françaises vinrent occuper la localité et l'incendièrent. Cent dix maisons et la chapelle de San Juan Bautista furent réduites en cendres et l’église de Sainte Marie fut mise à sac Heureusement, au XIXe, l’industrie de la mise en conserve s’installa et remis en marche l’économie locale qui permit à la ville de se récupérer.
La guerre civile espagnole a causé à Ondarroa nombre de dommages humains et matériels.

Cinq ponts enjambent la rivière pour permettre l'accès à la petite ville de pêcheurs d´Ondarroa.
Ici aussi, on retrouve un port donnant sur l'océan ainsi qu'une vieille ville aux rues étroites et en pente. C'est l'un des ports les plus important du Pays Basque.

Ondarroa, le port (Espagne)         Ondarroa, Pays Basque (Espagne)

Si Mutriku fête chaque année le maquereau, ici, à Ondarroa, c'est l'anchois que l'on célèbre chaque second samedi de mai : concours de pintxos d'anchois, dégustation de pintxos d'anchois préparés par les sociétés gastronomiques d'Ondarroa, représentation du travail et de l'atmosphère dans une ancienne usine de conserves, et un marché de conserves d'Ondarroa.
Le dernier samedi de juin, c'est le Zapatu azul (samedi bleu) pendant laquelle, entre autres festivités, on organise la foire de chemisettes du Pays basque. Les gens s'habillent en chemise de mahón (traditionnelles des gens de la mer), au milieu d'une bonne atmosphère de fête dans la vieille ville.
Mais la plus grande fête qui ai lieu à Ondarroa est la Fête d'Andra Mari qui a lieu chaque année autour du 15 août. Prennent part les groupes culturels et sportifs locaux, les txistularik se chargeant des pasacalles, le concours de marmitako, tamborradas, géants et cabezudos (grosses têtes), courses cyclistes, partis de football ou démonstrations de danse. Il y a des concerts d'importants groupes de rock, banquets populaires, charangas, des feux d'artifice, concerts de mariachis ou des zones spéciales d'activités pour les petits.

Ondarroa, rond-point (Espagne)         Ondarroa, bateau au large

Je ne parviens pas à me garer pour aller errer dans ces rues et ruelles, autour du port et de la plage. J'aurais aimé voir les nombreux restaurants de poissons. Tant pis. Je poursuis ma route par la BI-3438.

J'arrive à Lekeitio. Lekitto en basque et Lequeitio en espagnol.
Par contre, je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais j'ai loupé la ville. En suivant une route aléatoire pour me garer, j'ai finalement atterri dans une impasse, face à une sorte d'ancienne forteresse surveillée par des brebis.

Leiketio, Santa Katalina, brebis de dos(Espagne)      Leiketio, Santa Katalina, brebis et côte (Espagne)

Je n'ai donc pas vu les plages d'Isuntza et de Karraspio, ni l'île San Nicolás. D'un point patrimoine artistique, je n'ai pas vu la basilique de la Asunción de Santa María et son magnifique retable gothique plaqué or. Pas vu non plus les Palais d'Uriarte, d'Oxangoiti, d'Uribarri et d'Abaroa.
J'ai loupé le panorama sur le port Txatxo. Je n'ai pas vagabondé sur la place Independencia, ni sur le pont d'Isuntza.
Pourquoi ? Parce que je n'ai pas eu le courage de me garer. Parce que je ne savais pas où me garer. Parce que je voyais le temps passer et que je n'étais toujours pas à Gaztelugaxte.
Je me trouve en fait sur les hauteurs ouest de la ville, au lieu dit Santa Catalina. Il y a là un bar-restaurant avec vue sur mer, ainsi que, plus bas, le phare de Santa Catalina qu'il est possible de visiter.

Je quitte Lekeitio.

La route s'est éloignée de la côte. Je roule dans les terres et plus précisément au milieu d'une forêt d'eucalyptus d'où se dégagent des senteurs originales mentholées.

Côte Cantabrique, entre Ondarroa et Ea, forêt d'eucalyptus (Espagne)

Toutefois, même si cela est parfaitement original comme vue et comme parfum, cela n'est pas sans dangers pour l'environnement dans les provinces de Biscaye et Gipuzkoa où l'eucalyptus pullule... Ah oui, le verbe "Pulluler", on n'y pense pas assez.

"PULLULER
1. Se multiplier, se reproduire en grand nombre et rapidement.
2. Exister, être en très grand nombre.
3. Être plein de, fourmiller d'êtres ou de choses."
LE PETIT LAROUSSE


En effet, l'eucalyptus est un arbre qui brule facilement, mais qui est aussi très gourmand en eau au point d'assécher la terre, d'empêcher la pousse d'autres espèces et donc d'appauvrir le sol.
Une plante assez contrariante :
1. L'eucalyptus est toxique pour les humains et les animaux de manière générale, agissant en bloquant la respiration cellulaire. Seul le koala a développé une résistance à cette toxicité.
2. L'eucalyptus est utilisé pour soigner les bronchites, la toux, les rhumes ou la sinusite pour ses vertus sur l'appareil respiratoire (rhinites, toux grasses, rhinopharyngites).
3. L'eucalyptus est utilisée en confiserie principalement dans la fabrication de gommes au goût de menthe, ainsi que dans la fabrication de pastilles ou de pâtes destinées au traitement des maux de gorge.

 

Après avoir traversé la forêt, j'arrive à Ea.
C'est très court comme nom...
Ea, panneau (Espagne)
...mais j'y sens un certain charme, propre à ces villages
dont on ne parle pas beaucoup,
"perdus" sur une route allant d'une grande ville à une autre.

Ea, village (Espagne)

Entourée de verdure, Ea est bien blottie dans un petit vallon, traversé par la rivière du même nom.
Elle nait au XVIème siècle quand des pêcheurs des villages voisins Ereño, Bedaroa et de Natxitua, établissent une demeure permanente de pêcheurs dans le port naturel que forme la ria d'Ea. Petit port de pêche ouvert sur la mer, les bateaux  -ou plutôt les barques- y sont plus petits qu'ailleurs.
C'est en suivant cette ria à pied sur quelques mètres que l'on retrouve océan et petite crique, praticable seulement à marée basse. Cette spécificité géologique et géographique lui donne parfois le nom de "Venise de l'Euskadi" avec ses ruelles et ses ponts de pierre.

Ea, centre village

Cela confirme que chaque village de la Biscaye a sa personnalité propre, son attrait particulier, son charme.

Ea, centre village, ours caché (Espagne)         Ea, maison abandonnée (Espagne)

Je repars.
Le temps passant  -malgré le peu d'arrêts que je fais dans les différents villages et villes traversés-  je décide de quitter la route côtière pour prendre la direction directe de Guernica.

Et quand on parle de Guernica,
on pense de suite à...
Guernica, affiche (Espagne)

"Le lundi 26 avril 1937, pendant un jour de marché, la petite ville basque de Guernica est bombardée par des avions allemands et italiens.
C'est la première fois dans l'Histoire moderne qu'une population urbaine est sciemment massacrée. Ce massacre a été voulu par Hitler, allié du général Franco dans la guerre civile espagnole, pour terroriser la population civile.
Dès le début de la guerre civile, Hitler a utilisé l'Espagne comme un banc d'essai pour des armes nouvelles et un terrain d'entraînement pour ses aviateurs. En octobre 1936 a été créée une unité aérienne spéciale, la Légion Condor, sous le commandement du général Hugo Speerle.
Lorsque les franquistes vont diriger leurs attaques sur le Pays basque et les Asturies, au nord-ouest de l'Espagne, elle va s'acquérir une sinistre notoriété.
La veille du drame, Guernica est traversée par les combattants républicains basques, les gudaris. Ils fuient l'avance des franquistes et tentent de gagner Bilbao, au nord, en vue d'y organiser une nouvelle ligne de défense. Le baron von Richthofen propose à ses alliés espagnols de couper la route aux fuyards en détruisant le pont de Rentería, au nord de Guernica. Il n'est officiellement pas question d'attaquer la ville proprement dite.
Dans les faits, la Légion Condor emporte non seulement des explosifs brisants et des bombes antipersonnelles utiles pour cette mission mais aussi 2 500 bombes incendiaires. Rien à voir avec la simple destruction d'un pont !
Accompagnés de plusieurs chasseurs et d'avions italiens, les bombardiers attaquent la ville en plusieurs vagues, au moment où se tient le marché, de 16h30 à 18h. Les deux tiers des maisons, la plupart en bois, sont détruites et incendiées.
À la faveur du bombardement, les nazis mettent au point une stratégie de terreur qu'ils auront l'occasion de réemployer pendant la Seconde Guerre mondiale, avec par exemple le sinistre sifflement des Stukas en piqué.
Le bilan est terrible : sur les 7.000 habitants, 1.645 sont tués et 889 blessés.(...)" HERODOTE

Ce fut la première fois dans l’histoire qu’un bombardement massif fut dirigé sciemment contre des civils "dans une volonté évidente, à la fois, de terroriser la population et de frapper le nationalisme basque en l’atteignant à la source de ses traditions". 
Plus de 85% de la ville fut totalement détruite selon un plan minutieux :

  1. "Les premiers avions utilisés étaient les bombardiers et quelques avions de chasse dont la mission était d’avertir la population et de l’obliger à entrer dans les refuges, au centre de la ville. Puis les avions de chasse volèrent en cercle pour empêcher quiconque de s'échapper du centre.
  2. Les premières bombes lâchées étaient des bombes à fragmentation entre 50 et 250 kg pour détruire les bâtiments. Les bombes détruisaient les toits et en s’écrasant à terre formaient d’énormes cratères. Toute la structure et les éléments de bois des maisons de l’époque étaient ainsi laissés à nu. 
  3. Puis suivirent les bombes incendiaires. Ces bombes pesaient entre 1 et 2 kg, elles étaient fabriquées en acier et contenaient un alliage de magnésium, d’aluminium et de zinc qui, en entrant en contact avec d’autres métaux, réagissait et provoquait un incendie incontrôlable et des températures de plus de 1500 degrés centigrades. Suite à ce bombardement, un énorme incendie dévora Gernika, avec des flammes que l’on pouvait voir à des kilomètres de distance. 
  4. Les survivants qui avaient tenté de s’échapper du centre-ville furent finalement mitraillés par les avions de chasse qui volaient en piqué jusqu’à moins de 50 mètres d’altitude. Ils frappaient sur les routes d’accès à Gernika et volaient en cercle pour maintenir la population à l’intérieur du périmètre de feu. Le centre de Gernika était composé de rues très étroites et de maisons unies entre elles, ce qui facilita la propagation du feu."  TURISMO GERNIKA

Ce n'est qu'en 1997 que l'Allemagne reconnaitra son implication dans ce drame en présentant ses excuses aux victimes du bombardement nazi.
Quand on entend le nom de "Guernica", on pense également au tableau de Picasso, réalisé la même année, entre le 1er mai et le 4 juin, après qu'il ait découvert le drame en parcourant le journal en terrasse du Café de Flore, à Paris. Cette œuvre fut la réponse à une commande du gouvernement républicain de Francisco Largo Caballero pour le pavillon espagnol de l'Exposition universelle de Paris de 1937.

Jénorme devant le tableau Guernica

Bon. Une fois que je m'enlève de devant le tableau exposé en permanence au Musée Reine Sofia de Madrid, que voit-on ?

guernica

Huile sur toile, le tableau a des dimensions gigantesques  -349,3 x 776,6 cm- ; ce qui accentue le côté dramatique de la représentation. 
La palette austère composée de noir, blanc et gris aurait été inspirée, dit-on, par les couleurs des journaux de l'époque, dans lesquels Picasso a pris connaissance du bombardement de Guernica, largement couvert par les médias internationaux.
Picasso n'aimait pas expliquer ses œuvres :
"Si vous donnez une signification à certains éléments de mes peintures, elle peut être tout à fait exacte, mais je n'aime pas l'idée de donner une signification. Les conclusions conscientes que vous faites, je les ai faites aussi mais de manière instinctive, inconsciente. Je peins pour peindre. Je peins les objets pour ce qu'ils sont." PICASSO

Mais beaucoup de critiques d'art ont tenté de trouver une explication aux différentes représentations qui hantent cette œuvre monumentale :
"(...) La mise en scène d'un taureau, symbole traditionnel de l'Espagne, est ambigüe en ce sens qu'elle peut aussi bien représenter les victimes espagnoles que la brutalité espagnole. La figure de la mère voilée pleurant la mort de son enfant pourrait être une référence à la Pietà de Michel-Ange dans laquelle la vierge pleure la mort de son fils. Le cheval encorné, au centre du tableau, piétine le corps brisé d'un soldat au sol. La seule figure incarnant l'espoir est la forme féminine apparaissant à une fenêtre. Elle tient à la main une lampe et met en lumière la dévastation, pour, sans doute, que le monde puisse voir l'horreur et en prendre conscience.(...)" NATIONAL GEOGRAPHIQUE

A la demande de l'artiste, le tableau ne devait pas revenir en Espagne tant que le pays ne serait pas devenu une république. Il restera ainsi jusqu'à la mort de Franco en 1975 (deux ans après la mort de Picasso) au MOMA, Manhattan, New York, Etats-Unis.
Même si l'Espagne n'était pas devenue la République que l'artiste espérait, le tableau fut prêté au Musée du Prado en 1981, exposé derrière une vitre à l'épreuve des balles. En 1992, il réalise son dernier voyage en prenant place au Musée de la Reine Sofia, à Madrid, dans une salle qui lui est exclusivement consacrée. 11 000 personnes viennent l'admirer chaque jour.

J'erre un peu  -en voiture toujours- dans les rues de Guernica. Je cherche l'Arbre de Guernica ("miraculeusement" épargné lors des bombardements de 1937). Celui marque l'emplacement de l'autonomie du peuple basque au Moyen-Age. Mais je me perds un peu dans ses rues "nouvelles". Je ne finis que par m'émerveiller de la présence d'une cabine téléphonique...

Guernica, cabine téléphonique (Espagne)
Alors, t'as qu'à voir !

Le temps passe. La lumière naturelle s'affaiblit. Fin de journée approchante. Je n'ai toujours pas atteint mon objectif du jour qui est  -rappelons-le- Gaztelugatxe !
Je retrouve la route côtière qui, dans un premier temps, longe la Mundakako Itsasadarra, l'estuaire de Mundaka.
Après quelques kilomètres de route droite, j'entre dans Mundaka.

Mundaka, la ville (Espagne)

Si Guernica est malheureusement célèbre pour les bombardements de 1937, Mundaka, elle, est connue pour tout à fait autre chose. Ici, c'est la vague de gauche la star !
Mais qu'est-ce qu 'une "vague de gauche" ?
"Mundaka, localité de la Réserve de la Biosphère d'Urdaibai est particulière fière de sa vague gauche considérée comme la meilleure vague d'Europe de cette catégorie et qui attire tous les ans de nombreux surfeurs et visiteurs du monde entier.
Cette vague qui prend naissance dans la barre de Mundaka et termine sur la plage de Laida se forme par des vents de sud - sud-ouest et peut atteindre 4 mètres de hauteur et 400 mètres de long. Sa forme de tube qui permet aux surfeurs d'admirer toute la côte depuis son intérieur lui donne une valeur supplémentaire. C'est l'une des plus longues vagues du monde."  BILBAOTURISMO

La réserve de la biosphère d'Urdabaï, c'est un espace naturel formé par de grands marais et 12 km de grands bancs de sable qui servent de refuge à des milliers d'oiseaux migrateurs. Il se développe tout le long de la ria de Mundaka que l'on peut apprécier depuis un ponton, à l'Est de la commune. Parfois, avec l'enneigement des montagnes environnantes, Mundaka a alors des airs de fjord norvégien.

Mundaka, Mundakako Itsasadarra, mer et montagnes (Espagne)

Et puisque nous parlons de fjord et d'eau, une légende attribue le nom de Mundaca à l'expression latine munda aqua (eau propre).
"Selon cette histoire il est arrivé à la côte de Mundaka un navire en provenance d'Écosse qui portait une princesse qui avait été exilée de sa terre. Les Écossais ont appelé dans leur langue latine (sic) au lieu Munda aqua puisqu'ils ont trouvé une source d'eau très propre qui contrastait avec les eaux troubles de la ria d'Urdaibai. Cette princesse aurait eu un fils que l'on nommera plus tard Jaun Zuria et deviendra, selon cette légende, le premier Seigneur de Biscaye. Par cette légende il serait en outre expliqué pourquoi Mundaka occupait le premier plan parmi les elizates de Biscaye." WIKIPEDIA


Mundaka est certes une petite commune, mais elle est charmante. Son activité se concentre essentiellement autour de son port de pêche.

Mundaka, le port (Espagne)

Ce port est "illustré"... ouais j'invente des expressions comme ça, des fois... Je trouve plus poétique  -car je suis un salopard de poète en plus d'être un putain de romantique-  d'utiliser le verbe "illustrer" que le verbe "entouré". Voilà. C'est comme ça, c'est dit.
DONC le port de Mundaka est illustré de belles façades aux couleurs basques. Bars et restaurants animent le lieu avec leurs terrasses. Non loin de là, un parc où les habitants viennent se retrouver pour parler, lire ou prendre l'apéro. Tout autour du port aussi règne une belle activité sociale.
Aux abords de ce parc, l'église Santa Maria quelque peu discrète. Construite au XIème siècle, elle fut détruite par de nombreuses batailles.
Dans un autre domaine, non loin de l'église, la boutique Mundaka BC propose vêtements, souvenirs, coin de lecture et expositions d'artistes locaux. L'idée des propriétaires de cette boutique est de soutenir les marques locales, c'est pour cette raison que presque toutes les enseignes du magasin sont basques : Loreak Mendian, Kukuxumuxu, Skunk Funk, etc. Elle a également sa propre marque de vêtements. Toujours dans cette boutique, on découvre un espace appelé Ithaka Books Corner. Aménagé pour rapprocher les peuples par la culture et l'histoire basque, on y trouve, entre autres, quelques ouvrages d'Ernest Hemingway. L'écrivain-journaliste américain a passé quelque temps dans la région.
Une route a même été "créée" pour reprendre les différents lieux
où il aimait se rendre pour retrouver "ses amis basques".
route Hemingway
Carte : Casarural Kanala

On a plutôt tendance à parler d'Ernest Hemingway lorsque l'on se rend à Pamplune et se remémorer les mots de son livre "Fiesta", plus connu en France sous le nom de "Le soleil se lève aussi" en 1926, son premier roman.
Pendant neuf ans, il assista aux fêtes de la Saint-Firmin. Un parcours Hemingway dans la ville de Pampelune emmène le touriste sur les traces de l'écrivain nobélisé en 1954 ; de l’élégant café Iruña à sa statue massive devant les arènes en passant par la chambre 217 du Gran Hotel La Perla, où il se logeait pour assister aux encierros depuis le balcon surplombant la rue Estafeta (cf : La route basque d'Hemingway).

Et puisque nous parlons de route, reprenons-la.
Le temps passe, le temps presse. Je me souviens, comme ça, au passage d'une citation de Pierre Dac :
"L'avenir, c'est du passé qui se prépare."
Ce serait bien, cependant, que j'arrive à hauteur de Gaztelugatxe avant la nuit ; histoire de voir si le lieu a beaucoup changé depuis l'an 2010 quand je m'y étais rendu pour la dernière fois.

J'arrive à Bermeo où il est impossible de ne pas s'arrêter pour se poser quelques instants devant la belle vue sur le port et ses habitations environnantes.

Bermeo, le port (Espagne) 

Ce n'est pas la plus belle vue de la ville, mais je n'ai plus le temps de m'arrêter, hélas.
Même d'ici, de cette route BI-2235 qui surplombe la ville portuaire, il y a vraiment quelque chose de réconfortant dans ces villes, villages et stations de bord d'océan basques espagnoles. Chaque fois, on a cette impression que le port est un refuge contre et autour duquel les différentes habitations et commerces viennent se greffer, comme un enfant vers ses parents. Bien blottis.
Il faut dire que depuis le XXème siècle, Bermeo s'est lancée vers la mer avec un plus grand élan que jamais, recourant à toutes les avancées technologiques, arrivant de cette façon à un essor extraordinaire et se maintenant dans l'avant-garde des flottes de pêches côtières. Elle possède aussi une importante flotte de haute mer, ainsi qu'une structuration industrielle de pêche extraordinaire.
Il n'y a pas moins de trois ports ici : le port commercial, le port de pêche et le vieux port ; tous les trois contemplables (mais si, ça se dit !) depuis le Gaztelu.

Mais Bermeo, comme la plupart des villes côtières que nous avons traversées durant ce périple, est aussi à flanc de colline ou de montagne. Une plongée vers l'océan ; et ce depuis le Jaizkibel entre Fontarrabia et San Sebastian. Ce qui lui confère un charme à part.
Ici, à Bermeo, la colline en question se prénomme Mont Sollube. Pas soluble : Sollube.
C'est sur ses flancs que Bermeo est venue se poser, entre terre et océan. La ville ne se dissout pas dans le golfe de Gascogne espagnol. On peut visiter le Musée du Pêcheur, s'aventurer au casino de Bermeo inspiré des châteaux français, visiter l'église Santa Eufemia, de style gothique et, bien sûr, la vieille ville, l'un des centres historiques les plus anciens et les plus  grands d'Euskal Herria. 
On découvre également plusieurs statues représentant des artistes, des marins ou des agriculteurs, des personnages importants pour la ville.

Eh oui. Mais je n'ai plus le temps de m'arrêter !
Le soleil semble regarder sa montre.... n'importe quoi... tout en commençant à se fondre avec l'horizon océanique.

Depuis Bermeo, je suis dans un dernier baroude d'honneur la Route BI-631 aux multiples panoramas. Dans le poste-radio-clé USB, c'est Rodolphe Burger et ses musicalités envoutantes de guitares accompagnées de sons divers rythmés qui accompagnent les virages aux panoramiques sur la côte déchirée...

Et c'te Stephan Eicher ! Et ce son. Musique parfaite pour ce lieu. 12 kilomètres de lacets agréables sur l'asphalte, entre terre et mer. Panoramas et collines. Vue bouchée. Vue dégagée. Tiens, au détour d'une courbe, l'île Akatz un peu au large, petit rocher, avec une végétation rare qui héberge une importante population d'oiseaux...

San Juan de Gaztelugatxe, autre îlot (Espagne)

Et puis la voici en vue. L'objectif du jour, le but. Presqu'île mystérieuse de par la présence qui figure sur cet îlot. San Juan de Gaztelugatxe semble ne pas vouloir se détacher de la terre, sans vouloir y rester. Demeurer à part. Indépendante, elle aussi.

San Juan de Gaztelugatxe, vue panoramique (Espagne)

Je me rapproche du but.
L'idée est de retourner sur les hauteurs de cet ilot en passant sur les 200 mètres de pont piétonnier séparant l'îlot du continent pour, ensuite, gravir les 241 marches  -en partie creusées dans la roche-   pour atteindre le monastère situé à 50 mètres au-dessus du niveau de la mer.
Je me gare sur le parking visiteur. Je me rends à l'endroit de passage pour atteindre le chemin à Gaztelugatxe... Et... Et... Barrage !
Deux personnes dans un petit guichet en bois me demandent en espagnol si j'ai réservé. Je leur dis que non. Eh bien, l'accès n'est pas possible sans réservation par internet au préalable.
"Mais je suis là, sur place. Je peux payer directement et passer !"
"Ah non, l'accès au site ne se fait que si vous avez une entrée réservée au préalable sur internet."

Bah merde ! Qu'est-ce que c'est que cette connerie ?! On en peut plus accéder à un site presque naturel si on n'a pas réservé pas sur internet avant ? Et si les gens qui ont réservé sur internet à l'autre bout du monde il y a trois mois, ne viennent finalement pas aujourd'hui, je ne peux pas prendre leur place ?
Bon... On discute un peu avec les deux jeunes personnes responsables... ou plutôt chargées de refouler les gens sans billet. Ils m'expliquent que depuis quelques années, le site est devenu une des attractions touristiques les plus courues de la côte basque ; notamment avec le tournage de quelques épisodes de la septième saison de la série télé à succès "Games of Thrones" (cf : Ouest-France). Gaztelugatxe s'appelle alors Dragonstone.
Bon. Ben comment faut faire pour accéder au site ?
Eh bien, il faut se rendre sur le site INTERNET et réserver une entrée gratuite au préalable : https://www.tiketa.eus/gaztelugatxe.
Ben voilà ! En attendant, tu peux regarder le monastère et son ilot depuis le parking. Ce qui donne à peu près cela.

San Juan de Gaztelugatxe, vue panoramique

San Juan de Gaztelugatxe, vue panoramique

Bon. Oui. C'est intrigant. C'est captivant, envoutant. On a envie d'y aller voir de plus près. Mais non.

Euh....

Que dire sur le lieu sans y aller ?
En même temps, quand on revient sur ce périple, je suis passé dans quelques villes et villages sans m'y arrêter forcément très longtemps ; voire même pas du tout.
Bon... Allons sur les sites internet pour voir qu'est-ce qu'ils disent sur San Juan de Gaztelugatxe ; tout en utilisant les photos que j'avais faites en 2010.

Tout d'abord, plusieurs hypothèses sur l'étymologie du nom Gaztelugaxte :
1) "château [perché sur un] rocher" du basque "gaztelu" = château, et "aitz", pierre, roc, rocher, soit "Château érigé sur un roc".
2)  "gatxe" (gaitz, gaizki), pierreux, difficile, mauvais, maudit, voire par substantivation Le Mal, soit Château maudit.

San Juan de Gaztelugatxe, au pied de l'escalier (Espagne)      San Juan de Gaztelugatxe, panorama (Espagne)Jénorme à San Juan de Gaztelugatxe (Espagne)

Ici, comme sur une grande partie de la côte basque, les vagues de l'océan Atlantique érodent sans cesse les rochers, façonnant des cavités, des arches et des îles.
Par ces faits naturels, Gaztelugatxe est percée de plusieurs passages souterrains et possède de nombreuses grottes, dont certaines ont été aménagées.
On évolue sur une surface de 270 mètres de long pour 80 mètres de large.

San Juan de Gaztelugatxe, escaliers (Espagne) 

Pour accéder à l'ermitage, -puis à l'église située à 50 mètres au dessus du niveau de la mer-, il faut donc emprunter un pont étroit, puis gravir 241 marches creusées en partie dans la roche. Durant cette ascension, on croise les 14 stations du chemin de croix.

San Juan de Gaztelugatxe, croix et escaliers (Espagne)       San Juan de Gaztelugatxe, escaliers et côte sud(Espagne)

La construction de l'ermitage remonterait au IXème siècle ; celle de la petite église du Xème église.
Il a connu une histoire mouvementée, faite de pillages, d'incendies et de batailles.
En 1334, c'est ici que que Juan Nuñez de LaraSeigneur de Biscaye, affronte Alphonse XI, roi de Castille.
En 1593, l'ermitage est mis à sac par Sir Francis Drake et son armée de corsaires. En 1594, il est attaqué par les Huguenots venus de La Rochelle.
Pendant l’Inquisition espagnole, l’Église catholique traque les hérétiques jusque dans les environs de l’île. Certains récits suggèrent que des femmes soupçonnées de sorcellerie furent enfermées dans les grottes de Gaztelugatxe.
Abandonné par les religieux qui ont pris avec eux toutes les objets de valeur, le site continue d'être fréquenté par les habitants des alentours, notamment les marins ayant survécu à un ou des naufrages ainsi que les couples soucieux de fertilité ; d'où la présence de nombreux ex-votos dans le sanctuaire.
Au XVIIIème siècle, le site est une nouvelle fois saccagé par des troupes anglaises avant d'être complètement reconstruit en 1886. Les objets retrouvés (pièces, boulets de canon) sont jugés sans importance et jetés à la mer ; ce qui amène aujourd'hui bon nombre de plongeurs autour de l'îlot.
Le 10 novembre 1978, le site est détruit dans un incendie. Restauré par des bénévoles, il réouvrira deux ans plus tard.

Et une fois en haut, on découvre le monastère, situé à 50 mètres au dessus du niveau de la mer.

San Juan de Gaztelugatxe, escalier vue d'en haut (Espagne)

Jénorme à San Juan de Gaztelugatxe         San Juan de Gaztelugatxe, ermitage (Espagne)

San Juan de Gaztelugatxe, le monastère        San Juan de Gaztelugatxe, le passage (Espagne)

"La légende veut que saint Jean Baptiste ait débarqué à Bermeo. Il aurait atteint l'îlot en trois enjambées, laissant une empreinte à chacun de ses pas, la dernière au sommet de l'île, et sur laquelle il aurait ordonné de construire l'ermitage. La tradition basque recommande après la pénible montée, de faire sonner trois fois (chiffre tiré du nombre des pas du saint) la cloche du sanctuaire en faisant un vœu. À l'origine de la tradition, il s'agissait d'effrayer les mauvais esprits." WIKIPEDIA

Aujourd'hui  -et depuis l'afflux de touristes en rapport avec la diffusion des épisodes de "Games of Thrones"-, il est interdit de faire sonner la cloche afin de protéger la quiétude et la reproduction des oiseaux.

Ainsi qu'une vidéo où, à l'époque, je savais me taire...

 

Bon. Depuis le parking sur lequel je suis resté, je lance un dernier regard sur Gaztelugatxe...

San Juan de Gaztelugatxe, vue d 'ensemble, profil (Espagne)

San Juan de Gaztelugatxe, vue d 'ensemble


Et je repars.
Direction Bilbao pour récupérer Nicouane à l'aéroport.
Fin de ce beau périple le long de la Côte Cantabrique.

 

 

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