The Red Bulletin CF 07/19

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SUISSE JUILLET/AOÛT 2019, CHF 3,80

Plus : le FanBoost, comment ça marche ?

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Sébastien Buemi contre Edoardo Mortara Tout sur les pilotes suisses en Formule E

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ÉDITORIAL

PAS LÀ POUR DES LIKES SUR INSTA Repos, escapades, fiestas, grillades, sport, rencontres… Un bon break estival peut aussi être l’occasion de déconnecter, de lâcher vos prothèses smartphoniennes pour n’emmagasiner que du vrai. Du réel, du concret : voilà votre programme pour le mois. Celles et ceux qui prennent leurs quartiers d’été dans ce numéro carburent au vrai. Comme Sébastien Buemi et Edoardo Mortara, nos héros en couverture. Les pilotes de Formule E, compatriotes et concurrents, se sont prêtés au jeu de la vérité.

FELIPE BARBOSA (COUVERTURE)

Pas le genre de scène que vous observez depuis votre bagnole dans les bouchons. Quand Perrine Fages quitte son bureau chez beIN, au Qatar, pour s’entraîner à vélo page 54, entre réalité et mirage...

Au Qatar ou à Oman, sur son vélo, Perrine Fages n’est pas là pour des likes sur Insta, mais bien pour exploiter au max ces lieux rares d’entraînement et de performance. Et sur la scène du Red Bull Dernier Mot, si la baston est réelle, seuls les punchlines frappent. Artik, en spécialiste, explique les bienfaits des battles d’impro. Authentique ! Lisez plus ! Votre Rédaction

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CONTRIBUTEURS NOS ÉQUIPIERS

DOM DAHER

Des œuvres de l’artiste Richard Serra dans l’infini désert du Qatar, une cycliste hyper performante qui travaille 40 heures semaine en tant que juriste et roule 40 autres heures pour se préparer à une épreuve dans le sultanat d’Oman. Le photographe Dom Daher a bourlingué, mais pour documenter le quotidien rare de la Française ­Perrine Fages, entre job et performance, il a été bluffé par une vie et des lieux peu communs. Page 54

FELIPE BARBOSA

Le Brésilien installé dans la capitale française fait ce qu’il appelle de la photographie freestyle, jouant avec la lumière naturelle. Il shoote ses portraits de rue au gré des rencontres. C’est cette ­ouverture à la spontanéité qui lui a facilité la tâche pour notre sujet de couverture : les heureux pilotes suisses n’avaient que peu de temps pour poser lors du Grand Prix de Formule E à Paris, fin avril. Page 42

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SOMMAIRE juillet-août

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REPORTAGES

2 2 Regardez le surf

3 4 L eur dernier mot ?

Le 12 juillet à Marseille, les pros de l’impro et de la rime qui tue s’affronteront lors de la finale du Red Bull Dernier Mot. À voir !

4 2 I ls roulent à l’électro !

Sébastien Buemi et ­Edoardo Mortara sont compatriotes et ­s’affrontent en Formule E. Nous les avons mis face à face.

5 0 N ouveau souffle

Du jazz en boîte de nuit ? La compositrice et saxophoniste anglaise Nubya Garcia le passe en mode sound system et au-delà.

5 4 L e cas Perrine

Le passe-temps préféré de Perrine Fages ? Les courses à vélo ­ultra-distance. Le farniente, c’est bon pour les autres.

6 6 S ecret Cinema

Dans ce spot tenu secret de Londres, vous ne venez pas juste mater Star Wars ou Blade Runner. Vous faites carrément partie du film.

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LITTLE SHAO/RED BULL CONTENT POOL, AL OVERDRIVE, DOM DAHER

Avant le numérique, YouTube et autres Instagram, l’Américain Brian Bielmann nous transmettait l’image du surf.

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BULLEVARD Un mode de vie hors du commun

6 Fumée rose, moteurs et talons :

place aux sisters de l’asphalte 10 Quand Dâm-Funk balance une leçon de disco aux kids japonais 12 L’instagrameuse virtuelle Lil Miquela, on like ou pas? 13 Cet aquarium écolo s’autogère et fait pousser votre herbe… 14 À Bilbao, regardez les hommes plonger 16 Ce que Tayla Parx a appris en créant des succès pour les autres 18 Ne demandez plus votre steak bien cuit, mais bien imprimé ! 20 Des Ramones à Zhané, ces titres qui mettent bien Karen O

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GUIDE

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Voir. Avoir. Faire. 76 Voyage : que faire vers C ­ oachella

sans passer par le festoche 80 Food : savez-vous préparer un poisson croustillant ? 82 Montres : faites parler la poudre 84 Fitness : les tips du pilote moto enduro Wade Young 86 Agenda : ne ratez rien ! 88 Red Bull TV : restez branchés 90 Matos : qu’emporter avec vous pour la micro-aventure ? 96 Ours : ils et elles font le TRB 98 Makes you fly : pas cap d’y aller

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Caramel Curves

SŒURS DE L'ASPHALTE À la Nouvelle-Orléans, ces femmes font vrombir la culture motarde.

AKASHA RABUT

a fumée rose dans les rues de la Nouvelle-­ Orléans annonce la présence en force du Caramel Curves Motorcycle Club. À sa création en 2005, les treize membres du club exclusivement féminin entendent i­nspirer d’autres femmes à vivre leur passion via une visibilité locale renforcée. 2005 est aussi l’année de l’ouragan Katrina, qui les oblige à fuir la Nouvelle-­Orléans. En 2006, alors que la ville entame sa reconstruction, le Caramel Curves Motorcycle Club est de retour et devient, outre un espace de socialisation, un lieu où ses membres peuvent se reconstruire. « Conduire une moto, être bien sapée, c’est à la

LOU BOYD

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portée de tout le monde, mais l’essentiel pour nous est de montrer que les femmes peuvent être unies, lance ­Shanika Beatty, alias Tru, l’une des deux membres ­fondatrices restantes, avec ­Nakosha Smith, surnommée Coco. C’est bon d’avoir des personnes sur qui compter et que l’on peut appeler en cas de pépin. Nous nous soutenons quel que soit le coup dur, décès dans nos familles, ­divorces, et j’en passe. Avec les Caramel Curves, vous avez toujours une sœur que vous pouvez ­appeler. On est là les unes pour les autres. » Le nom du groupe veut avant tout affirmer sa différence avec les autres clubs de motards aux États-Unis. « Caramel fait référence à nos origines afro-américaines et notre douceur, Curves au fait que nous négocions les virages mieux que les hommes, explique Tru. Nous ne voulions pas être noyées dans un grand rassemblement masculin ; l’émancipation ­féminine a toujours été notre moteur. » Talons aiguilles et (parfois) vestes à paillettes, 8

« DANS NOTRE CLUB, IL Y A TOUJOURS UNE SŒUR QUE VOUS POUVEZ APPELER. »

enfourchant d’énormes ­Suzuki Hayabusas, Gixxers et autres Can-Am Spyders aux jantes roses brossées pour ­certaines, les Caramel Curves ne passent pas inaperçues en ville. Notamment lorsqu’elles exécutent leur fameux burn (la moto accélère sur place pour produire un max de fumée) ou des wheelings, ­l’atmosphère se teinte de rose. « Un jour, en faisant un burn, j’ai produit de la fumée rose. Les filles ont adoré, explique Tru. C’est vite devenu l’une de nos signa-

Les bases : talons aiguilles et jantes roses.

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AKASHA RABUT

Les victimes de Katrina ont trouvé chez les Caramel Curves un lieu de guérison.

tures. Et puis un jour, une des filles a mis une crête rose sur son casque, et nous l’avons toutes imitée. L’idée d’un style partagé a ainsi vu le jour et accentué l’unité du groupe. On aspire simplement à être ensemble. » L’univers de la moto est ­dominé par les hommes, aussi lorsqu’elles sillonnent ensemble les rues, elles ont conscience d'apporter plus qu’un simple défilé en tenues de gala et la composition même de leur crew est un message fort. « Nous sommes toutes patronnes d’entreprises ou femmes d’affaires ; nous étions des bikeuses confirmées avant de rejoindre le groupe, mais l’union fait la force, insiste Tru. Je suis mère, femme et fille, et dirige deux entreprises. Mais sur ma moto, mon esprit se libère, je me détends. C’est un peu ma thérapie. Je m’occupe de moi. » Aujourd’hui, les Caramel Curves sont en pleine expansion : le groupe accueillera bientôt deux nouvelles recrues, sans compter les 90 000 fans qui les suivent dans le monde à travers les réseaux sociaux « Nous souhaitons écrire de nouvelles pages en créant des clubs Curves dans le monde entier, poursuit Tru, des clubs pas seulement ouverts aux Afro-Américaines mais où toutes les nationalités et toutes les origines ethniques seront les bienvenues. Voir sur toute la planète des groupes de femmes comme le nôtre ­serait un vrai kif ! » Facebook : @caramelcurves

LOU BOYD

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SALUT LA FRANCE SNIPES PARIS CC CRÉTEIL SOLEIL SNIPES PARIS RUE SAINT DENIS

SNIPES CARRÉ SÉNART LIEUSAINT SNIPES PARIS VAL D‘EUROPE


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Tokyo, Japon

DISCO FEVER

Aux platines, c’est Dâm-Funk, un chanteur, producteur et DJ américain – et véritable groove machine. Ici, en avril, il enseignait aux kids du Red Bull Music Festival de Tokyo ce que la fièvre du disco signifiait dans les années 70 : faire du patin à fond sur des beats enflammés – ha ha ha stayin’ alive ! (Bon, il faut imaginer les kids et les patins…) Instagram : @damfunk

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YUSUKE KASHIWAZAKI/RED BULL CONTENT POOL


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PLUS FAUSSE QU’UNE AUTRE ?

Les androïdes prennent la relève sur Instagram. Rencontre avec une « fake » vedette des réseaux sociaux.

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iquela Sousa est l’une des influenceuses les plus sexy d’Instagram. Le million et demi d’abonnés de « Lil Miquela » parcourt ses posts afin de découvrir ses tenues et apprendre à quelles fêtes exclusives elle a participé. Mais ce qui différencie cette superstar des réseaux de ses collègues, c’est qu’elle n’existe pas en dehors de ses publications. « Je suis musicienne, j’ai 19 ans, et je suis un robot », écrit-elle sur son blog pour

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le label streetwear haut de gamme Opening Ceremony. « J’ai été construite par Cain ­Intelligence, une entreprise de la Silicon Valley. » Miquela est un avatar né de l’infographie et de la retouche d’image. Brud, la start-up américaine à son origine, ­travaille à « un monde plus tolérant envers la robotique, l’intelligence artificielle et la culture ». Derrière le visage souriant de Miquela se cachent des businessmen a ­ visés : Brud aurait reçu 18 millions d’euros par des investisseurs pour ­soutenir leurs projets d’influenceurs virtuels. Contrairement aux influenceurs humains, qui disposent d’un réel libre a ­ rbitre, les avatars sont entièrement contrôlés et contrôlables, pour s’adapter aux besoins commerciaux. « Brud se sert de Miquela pour vendre ses idées, explique Christophe Brumby , spécialiste des stratégies ­créatives. Elle s’adresse à un ­réseau de personnes très ­influentes à l’échelle mondiale et hautement connectées. Elle synthétise ce qui est dans l’air du temps comme

­ ersonne. » L’existence fabrip quée de toutes pièces de Miquela a trouvé sa place au milieu du flux des images ­filtrées et photoshopées d’Instagram. « Qu’elle soit réelle ou non, cela ne change rien. Tout le monde l’a acceptée. » Miquela pourrait bien ­donner son propre avis d’ici peu. « La technologie permettra bientôt aux influenceurs virtuels d’utiliser des données pour produire leur propre fil d’actualité, dit Brumbly. Ils repousseront bientôt les limites de ce qui les inhibe actuellement, en utilisant des manipulations vidéo qui les rendront plus vivants. » Miquela a choisi de ne pas prendre part à la discussion. « Ce sont sûrement des histoires étranges de science-­ fiction, je préfère ne pas y penser. » Finalement, est-elle plus « fake » que certaines « vraies » influenceuses ? Instagram : @lilmiquela

LOU BOYD

Lil Miquela

1 77 6

BRUD

7 6 , 1 k

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EcoGarden

UN BOCAL, C’EST LA VIE

FLORIAN OBKIRCHER

Loin d’être un simple aquarium, ce micro-­ écosystème pourrait assurer de façon durable et esthétique nos ­besoins en nourriture.

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amza Qadoumi e­ ntend révolutionner la culture vivrière et la rendre durable. À 24 ans, cet ingénieur suédois est conscient que notre planète fait face à une demande de nourriture sans cesse croissante due à l’augmentation de la population conjuguée à une pénurie de terres fertiles et arables. Qadoumi, dans sa quête ­d’alternatives, a préféré

ÉCHANGE DE BONS PROCÉDÉS Les plantes filtrent l’eau, fournissant un habitat propre pour les poissons…

r­ éhabiliter des méthodes anciennes plutôt que de chercher des concepts modernes. L’aquaponie est une technique agricole jadis utilisée par les A ­ ztèques dans les ­marais poissonneux des chinampas, ou jardins flottants. Le principe est simple : les poissons sont nourris, leurs excréments servent de nutriments aux plantes qui à leur tour nettoient l’habitat des poissons et nourrissent les hommes. À grande échelle, l’aquaponie pourrait réduire fortement notre empreinte carbone car son besoin en eau est de 90 % inférieur à celui de l’agriculture traditionnelle pour un rendement jusqu’à six fois supérieur. L’idée de Qadoumi est d’adapter l’aquaponie à l’échelle du particulier. Mi-­ aquarium et mi-serre miniature, son EcoGarden exploite la symbiose entre les poissons et les plantes pour créer un écosystème autosuffisant. Les herbes et les plants de basilic ou de cresson poussent toute l’année sans terre fertile. Une application permet de gérer l’appareil, nourrir les poissons à distance et se connecter à d’autres écojardiniers. D’après Qadoumi, son EcoGarden ouvrira à tous ­l’accès à une nourriture durable. « Notre gestion désastreuse des ressources vient de notre perte de lien avec la culture de la terre », expliquet-il. Par chance, notre poisson rouge la cultivera pour nous. ecobloom.se

DAVID LAGERHOLM, ECOBLOOM.SE

… dont les excréments constituent des nutriments pour les plantes.

L’appli permet de nourrir les poissons à distance et d’échanger des infos avec d’autres écojardiniers.

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Bilbao, Espagne

MONUMENTAL

DEAN TREML/RED BULL CONTENT POOL

Une gigantesque fresque de street art ­regarde un homme tomber dans la rivière Nervion. Le Mexicain Jonathan P ­ aredes vient de s’élancer depuis une plateforme perchée à 27 mètres sur le pont de La Salve, qui mène au musée Guggenheim. Cette année encore, Bilbao hébergera l’élite du cliff diving avec l’étape finale du tour le 14 septembre qui couronnera le meilleur plongeur mondial de 2019. redbull.com/cliffdiving

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En composant des tubes pour d’autres et en devenant elle-même une pop star, la singulière artiste américaine de 25 ans a un peu ­percé le secret du succès.

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orsque des stars comme Janelle Monáe, ­Anderson .Paak et Christina Aguilera sont en panne d’inspiration, elles font appel à Tayla Parx. L’actrice native de Dallas – en 2007, elle incarne Little Inez dans la comédie musicale Hairspray, aux côtés de John Travolta – devenue auteure-­compositrice est à l’origine de quelques gros tubes écrits pour d’autres. Rien que l’an dernier, Tayla Parx a co-signé quatre des dix top singles américains, dont le ­numéro un mondial ­d’Ariana Grande, Thank U, Next (et le suivant 7 Rings, également numéro un). À ­présent, c’est à son tour d’être dans la ­lumière. À l’occasion de la ­sortie ­récente de son ­premier album, We Need to Talk, nous avons pris Parx au pied de la lettre en l’invitant à en parler. Cette surdouée de 25 ans explique à The Red B ­ ulletin en quoi l’écoute est le secret de sa créativité et comment elle ­s’affirme en ­présence de ces idoles.

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Plus de 200 par an, dit-on… Je n’y peux rien. J’ai besoin de libérer le flot de musique qu’il y a en moi. Qu’est-ce qui nourrit votre créativité ? Les expériences des autres. Quand ma propre imagination me fait défaut, les conversations avec mon entourage et ma fantaisie prennent le relais. Garder le cœur et l’esprit ouverts permet d’alimenter constamment la créativité et l’inspiration. Quand je me sens moins inspirée, j’éprouve le besoin d’en parler. Craignez-vous de céder votre chanson la plus aboutie à quelqu’un d’autre ? Comme 7 Rings pour Ariana Grande ? Non. Les choses n’arrivent pas par hasard. Si une autre super­ star en avait hérité, la chanson aurait eu un impact différent parce qu’elle était destinée à cette artiste en p ­ articulier. C’est comme si une autre que Beyoncé avait chanté Crazy in Love, son tube de 2003, la chanson n’aurait probablement pas autant c­ artonné. Qu’est-ce qui vous a poussé à interpréter vos morceaux ? De nos jours, le public ­demande de l’originalité en musique. Jusque là, j’avais imaginé un univers pour d’autres ; à présent, j’en ­invente un inédit qui me ­ressemble. Y a-t-il encore un créneau pour de la pop originale ­aujourd’hui  ? C’est comme en amour : allezvous offrir à votre chérie le même bouquet de fleurs pendant dix ans ? L’emmener

­ îner toujours dans le même d resto ? Non. Il y a mille et une façons de dire « je t’aime ». Pour moi, être originale se ­situe moins dans ce que l’on fait que dans la manière de le faire. Et comment cela se traduit-il en musique ? En mêlant deux univers que vous n’auriez jamais imaginés ensemble. Lil Wayne l’a fait en associant hip-hop et rock. Run-DMC l’avait précédé mais à sa manière. Dans mon cas, j’essaie de brouiller les frontières censées séparer la pop du R’n’B et du hip-hop. En les mélangeant cela devient plus intéressant. Comment gère-t-on l’admiration qu’on a pour ses ­modèles  ? C’est dingue. Imaginez devoir dire à votre idole : « Je n’aime pas » ou « Je voudrais que tu le fasses ainsi. » Dans ce cas, il faut garder en tête que vous êtes là pour ajouter une dimension que nul autre ne peut apporter. Et cela vous conforte dans l’idée que vos propositions comptent. Une posture osée. Comment arrive-t-on à ce niveau de confiance ? Je suis une jeune femme noire, je pars donc avec un handicap. De plus, je n’ai pas de famille dans l’industrie musicale, je dois donc travailler trois fois plus que les autres. Bref, si je ne crois pas en moi, qui le fera ?

Le premier album de Tayla Parx, We Need to Talk, est dans les bacs ; taylaparx.com

FLORIAN OBKIRCHER

« SI JE NE CROIS PAS EN MOI, QUI LE FERA ? »

the red bulletin : Auteure-­ compositrice semble être un rôle ingrat : on œuvre au succès d’autrui sans aucune reconnaissance. Alors, pourquoi le faire ? tayla parx : Vous savez, j’écris pas mal de chansons et je ne peux pas toutes les chanter.

MADELEINE DALLA

Tayla Parx

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«  J’AI ­BESOIN DE LIBÉRER LE FLOT DE MUSIQUE EN MOI. » THE RED BULLETIN

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DEVENIR VÉGÉTARIEN RÉDUIRAIT NOTRE EMPREINTE CARBONE DE 73 %.

Une entreprise imprime en 3D de la « viande » à base de riz et de petit pois. Une solution pour sauver le monde ?

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CHRISTINA LOCK

TON STEAK ? IMPRIMÉ !

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a lutte pour la sauvegarde de l’environnement s’intensifie et nous avons plus que jamais besoin d’idées innovantes. Des chercheurs affirment qu’en adoptant un régime végétarien, notre empreinte carbone diminuerait jusqu’à 73 % et l’utilisation des terres arables jusqu’à 75 % à l’échelle mondiale (l’équivalent de l’Australie, de l’Europe et des ÉtatsUnis réunis). C’est en étudiant la fabrication d’organes artificiels que Giuseppe Scionti, ingénieur et fondateur de la start-up espagnole Novameat, découvre une alternative à la consommation de viande. « Je reproduisais des p ­ arties du corps humain en développant des tissus et des organes. Et en ­développant une oreille prototype ayant l’aspect et le tissu d’une vraie, l’idée m’est venue

Un des steaks imprimés en 3D de Novameat. THE RED BULLETIN

LOU BOYD

Novameat

d’appliquer cette technique pour produire des steaks végétaux avec le goût, la texture, l’aspect et les propriétés nutritionnelles de la viande. » Pour se faire, une pâte beige à base de protéines de riz, de petits pois et d’algues marines est fabriquée puis conditionnée pour l’impression 3D qui produit le « steak » dans sa forme finale. « Les protéines servant à recréer les fibres musculaires sont ensuite placées à un niveau micro par extrusion, poursuit Scionti. L’imprimante recrée la texture musculaire et le tissu animal, le goût et l’aspect. » Après avoir mis au point son steak végétal à faible ­impact carbone, Novameat travaille à présent à sa saveur avec des chefs cuisiniers et étudie la possibilité de l’adapter aux b ­ esoins des consommateurs, en jouant sur la teneur en p ­ rotéines, nutriments et vitamines. « Au final, ce produit pourra intéresser les sportifs ou les agences spatiales, précise Scionti. Voire les organisations humanitaires luttant contre la malnutrition dans le monde. » novameat.com



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Karen O

« LE SON DES RAMONES ? ­IRRÉSISTIBLE » L’emblématique chanteuse des Yeah Yeah Yeahs et les quatre titres qui l’apaisent.

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STEVIE WONDER A PLACE IN THE SUN (1966)

MOSES SUMNEY DOOMED (2017)

ZHANÉ HEY, MR DJ (1993)

« Les Ramones étaient un groupe très charismatique, unique en son genre, dont la musique est tout simplement irrésistible. L’écouter me stimule et me donne envie de bondir et de me trémousser comme une ado. C’est simple et revigorant, et les paroles font mouche. Judy Is A Punk est le genre de morceau qui me stimule quelle que soit la ­situation ou mon humeur. »

« Ce titre du jeune Stevie Wonder m’évoque un lieu chaleureux et joyeux. Sa pureté et sa beauté créent en moi une sensation de bien-être. J’ai rencontré Stevie quand j’étais enceinte (de son fils Django, 3 ans aujourd’hui, ndlr). Comme j’étais très intimidée, je lui ai dit : “Pouvez-vous mettre la main sur mon ventre et bénir mon enfant ?” Il l’a fait, depuis j’en ­espère des merveilles. »

« La chanson est triste, mais même les chansons tristes font parfois du bien. Et celle-ci est vraiment apaisante. Elle a un côté sublime que je n’avais pas entendu depuis de très nombreuses ­années. Et la tristesse qu’elle porte est allégée par la magnifique voix de Moses. C’est léger et mélancolique en même temps… Voilà que je n’arrive plus à décrire une musique. »

« Ce morceau du duo hip-hop est très relax, et en même temps il me donne envie de danser. Je fréquente peu les discothèques en ce moment, alors à chaque fois quand je rends visite à des amis, on se débrouille toujours pour monter le son et danser. Danser fait partie de ma vie. Nous avons tous besoin d’une musique qui adoucit les mœurs, surtout par les temps qui courent. »

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ELIOT LEE HAZEL

THE RAMONES JUDY IS A PUNK (1976)

FLORIAN OBKIRCHER

n avril 2003 sortait l’un des premiers albums les plus excitants de l’histoire du rock. Oscillant entre riffs de guitare tapageurs et new wave énergique, Fever To Tell du trio newyorkais Yeah Yeah Yeahs est le catalyseur de la vague dance punk de la décennie et transforme Karen O – née d’une mère sud-coréenne et d’un père polonais – en icône culturelle. Lux Prima, son second opus en solo en collaboration avec le producteur Danger Mouse, évoque le ­climat sociopolitique actuel et offre ses morceaux en guise d’échappatoire. « La musique est la meilleure façon de tout affronter », confie O, 40 ans. Voici quatre titres qui la requinquent les jours sans.


LES RÉUNIONS LES PLUS COURTES SONT LES MEILLEURES.

Des ailes pour toute l’équipe avec l’abonnement Red Bull et son frigo sur BRACK.CH. Infos sur redbull.ch/abo


Brian Bielmann, le légendaire photographe de surf, revient sur les clichés incontournables de ses quarante ans de carrière.

Faites que cette photo soit nette ! Le Californien Nathan Fletcher n’aurait jamais dû rider cette vague, c’était de la folie pure. Je me revois encore agenouillé face à mon ordinateur, priant pour que la photo soit nette. Et elle l’était ! J’ai sauté de joie quand je l’ai vue. J’étais tellement content. Cette photo est entrée dans l­’histoire du surf.

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L’esprit du surf

Quand il commence les photos de surf en 1978, Brian Bielmann ne s’imagine pas devenir une légende avec plus de 150 couvertures de magazines à son actif et un style en constante évolution. C’est pourtant exactement ce qui s’est passé. Plongé dans les clichés de son portfolio devenu culte, Bielmann admet qu’il ne se voit pas comme un photographe sportif. « Pour moi, le surf n’est pas un sport, mais plutôt une forme d’art. Et je me suis d’ailleurs toujours considéré comme un artiste. La différence est visible dans mon travail. » Bielmann a une histoire associée à chacune de ses photos les plus marquantes. Et c’est ainsi qu’il nous livre sans le vouloir un genre d’historique à la première personne où s’entremêlent le surf et tout un pan de la photographie. « Il y a tellement de choses qui ont changé depuis que je me suis lancé là-dedans, dit-il en se remémorant une époque où jet-skis, grosses vagues et autres cartes SD n’existaient pas. Avant, on ramait et on avait 36 chances de faire une bonne photo, pas une de plus. Maintenant, on peut mitrailler autant qu’on veut, avec l’autofocus en prime. Mais le but reste le même : prendre des photos qui font rêver. » Précurseur dans l’âme pour avoir contribué à l’avènement de la photographie de surf numérique et ­popularisé les prises de vue sous-marines, Bielmann avec son côté traditionnel, se moque bien des tendances (« j’utilise rarement de fisheye, ça n’a jamais été mon truc »). Plus que toute autre chose, il use de son talent pour jouer avec la lumière, la composition et l’aspect spectaculaire des vagues. Et ces décennies à côtoyer les plus grands surfeurs lui ont permis de capturer des moments révélateurs de l’esprit du surf. Penché sur ses plus beaux clichés, Bielmann a la gorge nouée quand on l’interroge sur le sens de son œuvre. « C’est comme un album de famille, auquel tout le monde du surf aurait contribué. J’ai commencé à prendre des photos pour passer plus de temps sur ma planche… Et au final, ça a changé ma vie. » brianbielmann.com 24

PORTRAIT: TERI ANN LINN

Les réflexions de ­Bielmann sur l’œuvre de sa vie : la quête de la vague parfaite et la ­redéfinition d’une forme d’art.

Avec le recul, Bielmann peut le dire : « Tout ça a changé ma vie. » THE RED BULLETIN


Entre deux mondes L’Hawaïen Andy Irons et moi étions restés sur place après une compétition. On a fait quelques photos sous l’eau pour le plaisir. En les regardant plus tard, je les ai vues sous un autre angle. Sur celle-ci, intitulée Heaven Knows d’après la chanson de Robert Plant, on dirait qu’Andy est en train de passer d’un monde à l’autre.

Quand les ennemis deviennent amis Un souvenir plein de joie : le jour où Andy Irons et Kelly Slater (à droite) ont mis leur éternelle rivalité au placard et sont devenus amis. Je suis sûr que cette journée en Indonésie reste un beau souvenir pour Kelly. Andy nous a quittés cinq ans plus tard. THE RED BULLETIN

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Au cœur de l’action Voilà le Californien Kolohe Andino lors d’un voyage avec Red Bull aux îles Mentawaï, en Indonésie, il y a huit ans environ. J’étais sur un ­bateau pour prendre des photos et j’ai réussi de justesse à passer par-dessus la vague. Qu’est-ce que ça me manque, ces trips !

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Surf, drogues et rock’n’roll Il s’agit d’une photo que j’ai prise pour le magazine Surfer au début des années 80. On y voit le surfeur hawaïen Tim Fretz, plus connu sous le nom de Taz. C’était un type un peu taré qui a vécu comme il surfait : vite et intensément. Taz a ouvert la voie des airs. Il est mort jeune d’une overdose. C’était vraiment triste de le voir gâcher un tel talent.

Des gosses devenus stars Ici, Zeke Lau (tout à gauche) et les frères Florence (de gauche à droite : Nathan, Ivan et John John), tous originaires d’Hawaï, manifestent contre un projet de construction (finalement abandonné) de centre commercial. Depuis, ces enfants sont devenus des stars du surf, et John John est considéré à juste titre comme le meilleur au monde.

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Les débuts avec Kelly Une photo du jeune Kelly Slater, à quatorze ans, prise à l’aube de ma ­carrière. Je bossais pour Quiksilver à l’époque. C’est un style qui a ­rapidement été repris par d’autres ­photographes et d’autres marques.

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Une photo, deux mystères Il s’agit d’une photo du surfeur californien Nic Lamb que j’ai prise du haut de la falaise, au Jaws Festival de Maui en 2015. Cette image reste un grand ­mystère : on ne sait ni d’où il sort, ni où il va disparaître.

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Rayon de soleil On était en train d’attendre la lumière parfaite, et là, une bande d’Australiens est arrivée et a tout foutu en l’air en à peine quelques secondes. Je devais faire le portrait d’Andy Irons pour le magazine Transworld Surf. On avait tout organisé pour faire des photos dans la véranda de la Billabong Hawaii House au coucher du soleil. Mais c’était compter sans ce groupe d’Australiens. Ils se sont assis juste à côté de nous avec leurs bières. J’étais en panique. Il ne me restait que dix minutes, donc il fallait que j’improvise. Et puis, le miracle a eu lieu : un rayon de soleil a traversé l’une des fenêtres et a éclairé Andy d’une lumière sublime. J’ai fait dix prises et c’était fini. C’est cette photo qui a fait la couverture de Transworld Surf à la mort d’Andy en novembre 2010. Il avait 32 ans.

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La photo qui m’émeut le plus C’est ma préférée de toutes. Andy Irons a le regard tourné vers Pipeline, un célèbre spot de surf sur la côte nord d’Oahu, une île d’Hawaï. Après sa mort, j’ai appelé cette photo When ­Doves Cry, en l’honneur de la chanson de Prince. Des magazines du monde entier ont utilisé cette image. Elle représente plus pour moi que n’importe quelle autre de mes photos.

Quand la vague frappe Une photo de chute sous-marine. Je ne me souviens plus du nom du surfeur. Le magazine Transworld Surf a affirmé qu’il s’agissait d’Andy Irons et depuis, tout le monde dit la même chose. J’ai tout juste réussi à le regarder dans les yeux avant qu’il ne se fasse emporter par la vague. THE RED BULLETIN

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Le pouvoir de la rime improvisée : Pyromic (gauche) parviendra-t-il à déstabiliser Doc Brrown ?


RED BULL DERNIER MOT

« Les livres sont des munitions pour le pistolet à rimes » SARAH BASTIN/RED BULL CONTENT POOL

Texte SMAËL BOUAICI

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the red bulletin : Vous travaillez chez Apple : est-ce que le fait d’être un as de la répartie vous aide dans votre boulot ? artik : Oui, parce que je suis souvent amené à délivrer des formations devant des groupes de personnes sur un sujet que je maîtrise à peine, avec des informations qui tombent au compte-gouttes. L’improvisation, au-delà de rimer, c’est lire le contexte autour de soi et pouvoir s’en servir. Tout le monde a connu ce moment où, après une dispute, on se dit : « J’aurais dû lui répondre ça ! » L’impro peut-elle aider dans ces situations ? Le principe même de l’improvisation, c’est d’avoir un coup d’avance. Quand on te dit un mot, ça doit déclencher plein d’autres mots dans ta tête. Alors dans une dispute ou dans une discussion où vous voulez que votre avis soit pris en compte, l’impro va être très utile. Si vous arrivez à prévoir ce que l’autre va dire, et à lui répondre avant, vous pouvez fermer les portes et remporter la conversation comme un ­battle. L’impro est un outil artistique mais qui va beaucoup plus loin que ça. Est-ce que cette pratique peut aider les gens qui se sentent timides en société ? Pour quelqu’un qui doit parler en public, si vous maîtrisez à l’avance ce que vous avez à dire, vous buterez moins sur les mots et structurerez mieux vos idées. Et surtout, vous aurez moins peur de passer pour un idiot. J’étais agoraphobe, et les battles de hip-hop m’ont permis de dépasser ce trouble. Si vous devenez fort dans vos propos, les autres ne pensent pas à qui vous êtes. Et ça soulage, parce que l’agoraphobie, c’est de croire que tout le monde vous domine. Mais quand les gens se taisent et écoutent, vous devenez plus fort qu’eux.

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THE RED BULLETIN

SARAH BASTIN/RED BULL CONTENT POOL

Maître du battle rap ­depuis les années 90, Artik a largement démontré qu’il était un improvisateur hors pair en remportant les fameux concours End of The Weak. Désormais consultant pour les battles d'impro Red Bull Dernier Mot, il sera dans le jury de la finale 2019 qui se déroulera à Marseille le 12 juillet. Nous l'avons retrouvé dans un bar près de la Défense pour lui demander comment l'impro rap a changé sa vie et l'a aidé à forger son caractère.


« L’impro est un outil artistique, mais qui va ­beaucoup plus loin que ça. »


L’arène de l’impro. Le Trianon, lors de la finale du Red Bull Derniet Mot à Paris l’an dernier.

« J’avais l’impression d’être spectateur de ma propre rime, c’était dingue. »


À quel âge peut-on commencer ? Je fais toujours le lien avec l’écriture, parce que l’impro, ça ne vient pas sans avoir écrit un peu de rap avant. À partir du moment où l’on sait écrire et parler, on peut commencer à tester le rap et l’improvisation. Est-ce que les relations avec vos proches ont évolué après votre succès dans les battles de rap ? Lors des rassemblements dans le quartier, j’ai toujours été un peu taquin, avec le sens de la formule. C’est plutôt moi qui ai changé. J’ai commencé à avoir moins peur et j’ai développé une assurance, qui, peut-être au sommet de ma carrière quand je gagnais les battles, a pu être ­perçue comme un manque d’humilité.

À VOUS DE JOUER ! LES 5 TIPS D’ARTIK POUR ­DEVENIR UN PRO DE L’IMPRO 1 - L’entraînement, la répétition de l’exercice. Il faut le faire de manière quasi journalière, c’est ce qui apporte les automatismes.

SARAH BASTIN/RED BULL CONTENT POOL, LITTLE SHAO/RED BULL CONTENT POOL

2 - Se défaire du stress. C’est le stress qui empêche le cerveau d’arriver correctement au bout de la rime. Il faut être le plus zen possible pour voir venir et être capable de programmer ses attaques. 3 - Écouter beaucoup de hip-hop avant une battle pour entendre la langue française décortiquée pour le rap et s’imprégner des formules et des constructions rythmiques qui viendront plus ­facilement en tête. Avant un clash, j’écoutais même de vieilles cassettes d’impro !

Durant ces battles, est-ce qu’il y a eu des moments où vous vous êtes dit que votre cerveau avait réagi de manière extraordinaire ? Oui, plusieurs fois. La plus remarquée, c’était pendant une épreuve de freestyle bag pour End of the Weak. Il fallait improviser sur un objet qu’on ne connaissait pas à l’avance. Quand je l’ai sorti du sac, il m’est tombé des mains. Le temps de le ­ramasser, j’ai construit ma rime et le nom de l’objet – un gant squelette – est sorti au moment où je le levais. Ça s’est joué en deux mesures. « Tu peux me le ramasser je te le dis gars / Qu’est-ce que c’est, un gant avec des os en forme de doigts. » Quand

j’ai vu l’objet, j’ai su que ça allait rimer avec doigt, mais je ne ­savais pas comment j’allais placer « gants » et « os ». Et c’est arrivé en même temps que le geste. J’avais l’impression d’être spectateur de ma propre rime, c’était dingue. Quand on prend du temps à construire, les gens vous voient mettre en place une mécanique. Mais quand le mot semble sortir en même temps que l’objet, ça devient de la magie. Qu’est-ce qui se passe dans la tête des protagonistes quand on dévoile les mots sur lesquels il va falloir improviser en battle ? Quand l’indice, le mot ou l’objet sort, et que ce n’est pas encore parti, il y a tous les scénarios possibles qui tournent dans la tête de l’improvisateur. Celui qui dit qu’il attend le dernier moment est un menteur. Quand le mot arrive, on est déjà en train de l’orchestrer. On n’a pas toujours la bonne idée au moment opportun, mais le cerveau est déjà en train de cogiter. Inventer des rimes, est-ce que c’est un état d’esprit permanent ? À l’époque où je pratiquais beaucoup, c’était une gymnastique constante. Dès que le corps est occupé, l’esprit vagabonde. Je travaillais au McDonald’s à cette période, en cuisine, et je répétais les mêmes gestes. Comme je ne pensais plus à ce que mes mains faisaient, ma tête était concentrée à fabriquer des rimes toute la journée.

Maras, vainqueur de l’édition 2018 du Red Bull Dernier Mot.

4 - Observer autour de soi. Pendant la compétition, il faut toujours être aux aguets, regarder ce qui se passe, parce que tout peut servir. La rime que vous n’aurez pas, il faudra peut-être ­aller la chercher dans la foule. 5 - Ne pas se formaliser des

a­ ttaques de l’adversaire. Le moment où vous êtes énervé doit ­durer moins de dix secondes, et il ne faut pas vouloir absolument rendre coup pour coup. Si l’adversaire vous a vexé, n’essayez pas de le vexer : essayez de le battre.

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« Quand je ­travaillais au McDonald’s, ma tête fabriquait des rimes toute la journée. » Au job ou sur scène, la rime se joue partout. Ici, Maras clashe Doc Brrown.

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THE RED BULLETIN


RED BULL DERNIER MOT QUAND L’IMPRO ENVAHIT MARSEILLE Le 12 juillet, les meilleurs improvisateurs de France ont rendez-­ vous à Marseille pour s’échanger des punchlines lors d’une joute verbale sans filet. « Si Red Bull Dernier Mot avait existé à l’époque, j’y aurais participé sans hésiter, affirme Artik, consultant et membre du jury de la finale 2019. Parce que c’est le concours de battle rap le plus complet : freestyle, impro, clash… Cette compétition révèle à la fois les qualités d’improvisateur et les qualités de clasheur. C’est vraiment le m ­ eilleur de tous. » Né en 2017, Red Bull Dernier Mot est l’adaptation française de Red Bull Batalla de los Gallos (trad. la bataille des coqs), un battle lancé en 2005 et devenu un ­phénomène international dans le monde hispanophone avec des dizaines de milliers de spectateurs pour la f­ inale mondiale chaque année et des millions d’autres en live streaming. À ­travers différentes épreuves, Red Bull Dernier Mot est un concours qui mixe battle de rap, impro, prose, poésie et présence scénique. Les MC’s doivent improviser sans préparation sur des thèmes imposés en direct

LITTLE SHAO/RED BULL CONTENT POOL

Res Turner, à gauche, envoie de la punchline, tandis que Maras anticipe sa prochaine rime.

au dernier moment via un mot ou une image, projetés sur grand écran. Après le Bataclan et le Trianon à Paris, c’est donc le Théâtre S ­ ilvain de la cité phocéenne qui accueillera la finale le 12 juillet, où s’affronteront les seize meilleurs MC’s sélectionnés. Pour participer, rendez-vous sur l’appli Red Bull Dernier Mot : sélectionnez un beat, placez les mots imposés dans une impro et envoyez votre vidéo. Le jury visionnera l’intégralité des prestations et retiendra les seize concurrents qui s’affronteront pour succéder à Maras, vainqueur en 2018, et Res Turner, champion 2017, sous les yeux d’Artik, qui ne tiendra pas sur sa chaise. « Quand je suis juge au Red Bull Dernier Mot, dans ma tête, je fais toutes les épreuves. Généralement, je m’en sors bien ! » Un conseil de pro aux ­candidats ? « Se mettre le public dans la poche. Avec le public derrière soi, on est optimisé, il nous pousse à sortir le meilleur de nous-mêmes. Et ne jamais perdre espoir. On l’a vu lors de la finale l’année dernière : il suffit d’une rime éblouissante pour effacer le reste d’un battle. À tout moment, il peut y avoir une fulgurance qui remet tout en cause. »

« Si tu es subtil et drôle dans tes rimes, tout passe. » Quelles sont les limites d’une attaque en battle d’improvisation ? Le physique, les vêtements, la démarche, les histoires inventées, tout ça, c’est normal, c’est notre matière première. La ­limite, pour moi, c’est quand ça devient personnel. Quand l’adversaire frappe là où ça fait mal dans la vraie vie. Il faut être plus fort que l’autre, mais pas forcément le tuer. Ça ne sert à rien de lui dire que c’est une merde de manière brute. J’ai vu des clashs qui auraient pu partir en vrille à l’époque où le battle rap était moins connu et cantonné à des petites salles. À mes débuts, j’ai parfois joué dans des coupe-gorges où une rime qui ne passait pas, c’était un risque de bagarre. Mais si tu es subtil et drôle dans tes rimes, tout passe. De toute façon, en battle, si vous faites une rime à laquelle vous ne croyez pas, ça ne fera rire personne. Il faut être son premier fan. Existe-t-il des techniques pour clasher avec finesse ? Les comparaisons et les métaphores fonctionnent bien. Si vous comparez l’adversaire à un animal, et qu’il lui ressemble vraiment, ça marche, comme les références pop connues de tous. Mais c’est difficile : on doit déjà trouver des rimes et du sens, et seuls les meilleurs arrivent à placer des figures de style. Il est primordial aussi de réagir sur l’instant et retourner contre lui ce que l’adversaire vient de dire. Et il n’est pas conseillé d’avoir un schéma trop établi. Il faut laisser ouvert le champ des possibles. Quelles sont les qualités nécessaires pour se lancer dans l’impro ? Il faut du vocabulaire. Quand j’enseignais le rap en MJC, je disais à mes élèves de lire beaucoup. Les livres sont des munitions pour le pistolet à rimes. Chercher ses mots, c’est un signe de faiblesse. Il faut aussi avoir un esprit de compétition, être sportif dans l’âme. Je ne l’étais pas du tout, mais c’est devenu une nécessité. Je n’y allais pas pour gagner, mais pour me persuader que j’étais fort.

redbullderniermot.com THE RED BULLETIN

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SÉBASTIEN BUEMI

Le Vaudois de 30 ans a fait de son hobby son métier, et cela le pousse à donner le meilleur de lui-même.

E FORMU LLE DUE T FA N B O O S

À VOS MARQUES, PRÊTS… BRANCHÉS !


En Formule E, les fans peuvent donner plus de puissance à leur pilote favori en votant pour lui via le FanBoost. Avant la fin de la cinquième saison, nos pilotes suisses SÉBASTIEN BUEMI et EDOARDO MORTARA s’affrontent donc en duel pour remporter leur sympathie.

À vous de choisir le vainqueur.

EDOARDO MORTARA

Le talent que le Genevois de 32 ans n’a pas reçu à la naissance, il le compense par son dur labeur et sa volonté.

Texte NINA TREML  Photos FELIPE BARBOSA

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1 ER TOUR

ÉCHAUFFEMENT Qui sont Sébastien Buemi et Edoardo Mortara ? Portrait des pilotes suisses.

SEB

EDOARDO MORTARA

EDO

SURNOM

31/10/1988 à Aigle (VD)

NAISSANCE

12/01/1987 à Genève (GE)

Suisse, Italie

NATIONALITÉ

Suisse (depuis 2016), Italie

« Quand j’avais cinq ans, mon père m’a offert un kart pour Noël. J’ai alors su que c’était ce que je voulais faire : je voulais être pilote de course professionnel ! »

POURQUOI ES-TU DEVENU PILOTE DE COURSE ?

« Comme nombre d’enfants, j’ai eu la chance de faire du kart de temps en temps. Mais pour moi, c’est rapidement devenu plus qu’un passe-temps amusant. »

« En 1997, j’ai participé à une course de kart à Locarno. C’était génial ! Je n’avais même pas neuf ans et j’affrontais déjà des adversaires âgés de douze ans. »

QUELLE A ÉTÉ TA PREMIÈRE COURSE ?

« Il s’agit certainement d’une course de kart en 1997. Mais j’ai oublié où et comment c’était, sûrement parce que je n’ai pas gagné. »

Champion du monde d’endurance 2014, vainqueur des 24 Heures du Mans 2018, champion de Formule E 2015/16, course de Formule 1 pour Toro Rosso 2009/11.

TEMPS FORTS DE TA CARRIÈRE

Champion de Formule 3 Euro Series 2010, quatre titres multi-classes au GP de Macao, des victoires lors du DTM et du GP2 Series ainsi qu’une victoire en Formule E.

Pilote d’essai et remplaçant lors de l’Aston Martin Red Bull Racing en Formule 1, Nissan e.dams. Pilote titulaire en Formule E, pilote d’usine de Toyota lors du championnat du monde d’endurance.

ENGAGEMENTS ACTUELS

Pilote titulaire de Venturi en Formule E.

Le grand-père de Seb, Georges Gachnang, a participé aux 24 Heures du Mans en 1960, et sa cousine Natacha Gachnang court aussi.

ANECDOTE

En plus de son métier de pilote professionnel, Edoardo Mortara vient de terminer ses études d’économie.

FANBOOST QUESTIONS ET RÉPONSES QU’EST-CE QUE C’EST ? Un système de vote unique en son genre dans le sport de haut niveau qui permet aux fans d’influencer le déroulement de la course. COMMENT ÇA FONCTIONNE ? Les cinq pilotes ayant obtenu le plus grand nombre de votes avant la

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course peuvent débloquer 100 kilojoules supplémentaires durant la seconde moitié de la course, portant ainsi leur puissance moteur de 200 à 250 kW. Les pilotes sont libres d’utiliser le boost pour un sprint, de le répartir sur une plus longue distance ou de le combiner avec le mode attaque. Ce mode peut aussi

être activé pour un coup de boost de 25 kW, très court, indiqué par un s­ ignal violet. COMMENT VOTER ? Sur fanboost.fiaformulae.com, via une appli ou en utilisant le hashtag #FanBoost sur Twitter. Le vote ouvre six jours avant la course et ferme

15 min après le départ. Chaque personne peut voter une fois par jour. Y A-T-IL DES ABUS ? Le FanBoost est critiqué pour être parfois manipulé par des bots informatiques et des votes achetés. Il est donc important de s’opposer aux abus avec de vraies voix !

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GETTY IMAGES, MOTORSPORT IMAGES

SÉBASTIEN BUEMI


LE PIONNIER

Pilote de Formule E de la première heure, Sébastien Buemi a remporté le championnat 2016 avec Nissan.

FORMULE E LES BASES

Le Championnat de Formule E ABB FIA est la seule série de sport auto au monde où les pilotes conduisent des monoplaces électriques sur des circuits exclusivement urbains. La cinquième saison compte treize courses. Onze équipes de 22 coureurs s’affrontent. Plus besoin de changer de véhicule en milieu de course : la capacité de la batterie est désormais suffisante pour toute la durée de la course (45 min + 1 tour). La discipline a gagné en prestige ­depuis le début de la première ­saison en 2014 à Pékin : avec Audi, BMW, DS, Nissan, Jaguar et bientôt Mercedes et Porsche, cette compétition attire plus d'équipes d'usine que toute autre série.

LE ROI DE LA VILLE

Edoardo Mortara, de l’équipe Venturi, est le spécialiste des circuits urbains étroits.


2E TOUR

PERFORMANCE Quels sont les atouts de Seb et d’Edo en Formule E ? Signal de départ du championnat électrique.

SÉBASTIEN BUEMI

EDOARDO MORTARA

Nissan e.dams

TEAM

Venturi

Oliver Rowland

COÉQUIPIER

Felipe Massa

Saison 1 (2014/15)

PARTICIPE DEPUIS

Saison 4 (2017/18)

VOITURE

« Ma voiture porte le numéro de départ 23. En japonais, deux se dit “ni” et trois “san” : le numéro est donc une dédicace à Nissan. »

« Ma voiture est une diva lunatique. Nous formons une super équipe, mais elle est parfois pénible. »

New York

PARCOURS FAVORI

Hong Kong

« Lors de la deuxième saison, j’ai pris le départ à Londres en pole position, certain de remporter le titre de champion. Heurté dès le premier virage, j’ai dû retourner dans les stands. Ma seule chance de remporter le titre après ça était de réaliser le meilleur temps de tour, ce qui donne également des points. J’y suis arrivé ! »

QUEL A ÉTÉ TON MEILLEUR MOMENT DE FORMULE E JUSQU’À PRÉSENT ?

« Lors de ma dernière course à Hong Kong, la chance était de mon côté. J’ai franchi la ligne d’arrivée en deuxième position, mais j’ai fini sur la première marche du podium en raison d’une pénalité de temps dont a écopé le vainqueur. On n’oublie jamais son premier triomphe, peu importe comment on a gagné. »

« Je ne connais personne qui se soit ennuyé lors d’une course de Formule E. Si quelqu’un émet des critiques, je réponds : “Regarde et on en reparle après.” »

QUE RÉPONDS-TU AUX GENS QUI TROUVENT LA FORMULE E ENNUYEUSE ?

« Comment ça, ennuyeuse ! Des duels passionnants, des tas d’incidents et des drapeaux rouges : n’est-ce pas exactement ce que les amateurs de course automobile veulent voir ? »

DESIGN DU CASQUE Le casque est le seul élément visuel auquel on reconnaît un pilote à l’intérieur du cockpit. Qui a le design le plus cool, le plus original, le plus voyant ? Seb ou Edo ?


3E TOUR

STAR -APPEAL Les pilotes de course sont-ils glamour ? Passage à la loupe des étoiles du circuit.

SÉBASTIEN BUEMI

EDOARDO MORTARA

env. 101 000

FANS SUR FACEBOOK

env. 22 000

env. 74 000

FOLLOWERS SUR INSTAGRAM

env. 30 000

env. 129 000

FOLLOWERS SUR TWITTER

env. 6 600

APTITUDES À PRENDRE LA POSE

GETTY IMAGES, MOTORSPORT IMAGES

Sébastien Bu et Rita Ora.

Edoardo Mor tara et une marga rita.

emi

« Non, sûrement pas ! Bien que, pour être honnête, je profite parfois de ma notoriété pour obtenir une place dans un hôtel ou un restaurant complet. »

AS-TU DES LUBIES DE STAR ?

« Absolument pas ! Je suis nature et d’un abord facile. Mais n’allez pas demander à ma PR manager si c’est vrai. »

« J’essaie de contrer avec une réponse aussi stupide que possible. »

COMMENT RÉAGIS-TU À DES QUESTIONS IDIOTES LORS D’UN ENTRETIEN ?

« Je reste pro, mais je ne sais malheureusement pas cacher ce que je pense. Il faut de toute urgence que j’apprenne à bluffer ! »

« Tapez Absoluter Fahrschul-Fail – Fahrlehrer rastet aus dans YouTube. Je fais semblant d’être un apprenti conducteur. »

AS-TU UN TALENT DE COMIQUE ?

« De l’extérieur, j’ai l’air super sérieux, pourtant j’ai l’humour d’un enfant. Je ne peux pas m’empêcher de blaguer. »

QUELLES SONT LES TROIS STARS AVEC LESQUELLES TU AIMERAIS TRAÎNER ?

« Roger Federer, Ayrton Senna et Jim Clark. »

THE RED BULLETIN

« Albert Einstein, Socrate et Napoléon. »

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4 E TOUR

GESTION DE L’ÉNERGIE

Comment Seb et Edo se comportent-ils en privé ? Jetons un coup d’œil dans les coulisses du sport automobile. SÉBASTIEN BUEMI

EDOARDO MORTARA

« Ma famille. Être avec mon épouse et nos deux enfants me permet de mener une vie normale en dehors du circuit. »

QU’EST-CE QUI TE FAIT GARDER LES PIEDS SUR TERRE ?

« Le travail. En plus des courses auto, je dirige conjointement une usine de produits alimentaires en France et une société immobilière en Suisse. Beaucoup de mes partenaires commerciaux ne savent pas que je suis pilote. »

« Mes enfants. Ce sont de véritables pitres. »

QU’EST-CE QUI TE FAIT MOURIR DE RIRE ?

« Les bons humoristes. Will Ferrell par exemple ! »

DE QUOI POURRAIS-TU TE NOURRIR EXCLUSIVEMENT ?

« De pâtes. »

« De pizza.»

« Les bonbons ! J’en ai toujours un paquet dans mon casier. Je suis super gourmand ! »

QUEL EST TON PÉCHÉ MIGNON ?

« La bonne cuisine, l’alcool et les soirées. »

« Que je ronfle. »

QU’EST-CE QUI ÉNERVE TA COMPAGNE ?

« Que je ne pense qu’à moi et à mes projets. Elle est latinoaméricaine et me crie après en espagnol. Le plus drôle, c’est que je ne comprends pas un mot d’espagnol ! »

« Je suis très ordonné. Je ne supporte pas le chaos. »

EN QUOI ES-TU UN BÜNZLI TYPIQUE ?

« Je suis obsédé par la ponctualité. »

« Des requins ! À la mer, je ne m’éloigne jamais de la plage. »

DE QUOI AS-TU SECRÈTEMENT PEUR ?

« De vieillir ! J’aime ma vie. Je voudrais que le temps s’arrête maintenant. Là ! Tout de suite ! »

« J’aime presque tout, de la pop au rock en passant par le hip-hop. Le seul style dont je me passerais bien, c’est la musique folklorique. »

QUELLE MUSIQUE ÉCOUTES-TU ? LAQUELLE TE FAIT FUIR ?

« J’aime les rythmes électros, le rap, la house et la pop. Mais ne me fais pas écouter du reggaeton ! »

QUEL FILM/QUELLE SÉRIE POURRAIS-TU REGARDER 100 FOIS ?

« Narcos. »

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« Star Trek. »

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5 E TOUR

LIGNE D’ARRIVÉE À quel point nos pilotes sont-ils ambitieux ? On attaque le dernier tour !

SÉBASTIEN BUEMI

EDOARDO MORTARA

« Je veux être le plus rapide ! Le fait que mon hobby soit également mon métier m’oblige à donner le meilleur de moi-même. »

TA RECETTE DU SUCCÈS ?

« Je suis un bourreau de travail, un perfectionniste et un obsédé du contrôle. Le talent que je n’ai pas reçu à la naissance, je le compense par ma volonté. »

« Lors de courses importantes, je mets toujours mes sousvêtements porte-bonheur. Eh oui, je les lave de temps en temps. »

AS-TU UN RITUEL SUPERSTITIEUX ?

« Je me sens mal lorsque je ne dors pas suffisamment ou que je mange mal. J’ai peur ensuite de tout foutre en l’air. »

« Je les fête avec mon équipe. Même si je suis seul dans la voiture : le sport automobile est un sport d’équipe. »

COMMENT FÊTES-TU TES VICTOIRES ?

« Je jubile, je crie, je félicite mon équipe, puis je m’isole pour passer la course en revue. »

« D’humeur à ce que personne ne m’adresse la parole. Dans ce cas, je ne suis vraiment pas le mec le plus sympa. »

COMMENT ES-TU APRÈS UNE DÉFAITE ?

« Je suis énervé. Comme n’importe quel pilote après une défaite. Mais, moi, je le suis encore plus. Personne ne peut être plus énervé que moi. »

« Il raconte probablement que je l’ai récemment touché en le doublant. Il aime me rappeler cet incident. »

QUE DIT EDO/SEB DE TOI ?

« Je suppose qu’il raconte que je ne lui ai pas laissé assez de place pour me doubler. Je suis d’avis qu’il ne devrait même pas me doubler ! »

« C’est un très bon pilote, surtout sur les circuits urbains. Je ne connais aucun autre pilote capable de longer un mur d’aussi près et avec autant de précision. »

QUE DIS-TU D’EDO/ DE SEB ?

« J’estime que c’est le meilleur pilote de Formule E : il a tout ce qu’il faut pour gagner dans cette série. »

Lequel des deux est le plus convaincant, le plus drôle, le plus sympathique ? Qui mérite votre vote FanBoost ? À vous de décider !

DANS QUELLE AUTRE DISCIPLINE VAINCRAIS-TU SÛREMENT EDO/SEB ?

ISTOCK, NETFLIX, PICTUREDESK.COM

« Le ski. »

« La boxe. »

« Enfant, je n’aurais jamais rêvé de courir en Suisse à cause de l’interdiction des circuits. J’apprécie chaque seconde. »

QUE SIGNIFIE POUR TOI DE DISPUTER UNE COURSE EN SUISSE ?

« Énormément. Je suis né ici, j’ai grandi ici et, même si j’ai couru pendant des années sous le drapeau italien, je suis fortement enraciné en Suisse. »

« Je veux gagner toutes les courses auxquelles je participe, les 24 Heures du Mans comme la Formule E. »

QUEL OBJECTIF SOUHAITES-TU ENCORE ATTEINDRE ?

« Je veux devenir champion de Formule E ! Mais je ne vis pas dans le futur, je suis dans le présent. »

SAISON 2018/19

LES DERNIÈRES DATES LE 22 JUIN À BERNE, À PARTIR DE 8 HEURES Après le premier championnat suisse de Formule E à Zurich en 2018, cette année, c’est au tour de Berne. Le circuit exigeant de 2,7 kilomètres, d’une topographie inhabituelle, traverse le quartier ­d’Obstberg avec vue sur la vieille ville. swisseprix.com LES 13 ET 14 JUILLET À NEW YORK À PARTIR DE 13 H 30 (HEURE LOCALE) New York City servira de toile de fond aux deux dernières courses de la saison. Comme l’année ­dernière, l’événement de deux jours aura lieu à Red Hook, le port de Brooklyn. fiaformulae.com

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NUBYA GARCIA

Nouveau souffle

Cette saxophoniste de jazz canalise la culture sound system pour les foules des festivals et les dancefloors. Texte LOU BOYD Photo ADAM JALLOH

Lors du passage de Nubya Garcia au ­Village Underground de Londres en mars dernier, le concert affichait complet, la queue de fans faisait le tour du bâtiment. La musicienne de 28 ans originaire de Camden dans le nord de la capitale anglaise n’est ni une DJ de renom ni une artiste indie connue (l’apanage de cette salle de mille places), c’est une saxophoniste de jazz, un genre considéré par certains comme « difficile » et peu accessible. Et bien que sa musique nous fasse danser, Garcia ne craint pas d’emprunter des avenues modales et improvisées. La compositrice a pour instrument privilégié le saxophone ténor ; elle est l’une des chefs de file de la scène jazz internationale actuelle et fait partie d’une génération de jeunes artistes qui jouent une musique bien différente des standards surjoués que l’on entend dans les clubs poussiéreux. Ses compostions épousent parfaitement les attentes groovy des dancefloors moites des boîtes de nuit. « Mon univers musical tourne autour de la musique dance et la culture du sound system, ­précise Garcia. On a oublié qu’à l’origine, le jazz était une musique pour danser. » ­Garcia raconte comment elle canalise l’énergie de la culture des clubs dans ses concerts et ce que cela fait d’être l’une des nouvelles artistes les plus en vue sur une scène en pleine renaissance… 50

the red bulletin : Est-ce que jouer de la musique a toujours constitué une part importante de votre vie ? nubya garcia : D’aussi loin que je me souvienne. J’ai commencé à jouer du saxophone ténor à l’âge de dix ans mais je lisais la musique dès mes cinq ans. Avant le saxo, c’était le piano, le violon, l’alto… Je n’ai jamais eu l’intention de faire de la musique pour toujours, c’est juste arrivé. Camden est plus connu pour sa scène indie-rock. Était-ce inhabituel dans ce quartier d’être une adolescente qui joue du jazz ? Bien sûr. Je n’étais pas attirée par la musique indie quand j’étais enfant mais je ne m’intéressais pas non plus à la musique à succès ni à la pop. Nous avions plein de vieux disques à la maison mais mes goûts musicaux venaient des disques de ma mère et des concerts auxquels j’assistais. Mes frères et sœurs plus âgés étaient aussi musiciens. Nous avons grandi avec notre propre énergie musicale.

« On emporte toujours un peu des saveurs de ce que l’on écoute. » THE RED BULLETIN


Coup d’anche : la fusion dancefloor contagieuse de Garcia convaincra tous les jazzophobes.


Il y a tellement d’influences et de styles différents qui imprègnent le jazz en ce moment, de l’afrobeat au grime et à la bass music. Comment vos goûts personnels ont-ils façonné votre son ? On emporte toujours un petit peu des ­saveurs de ce que l’on écoute. La culture du sound system britannique et de la bass constituent l’épine dorsale de ce que j’écoute, mais d’autres influences comme le grime, le dancehall, le dub et la house traversent aussi l’univers du jazz. Nous commençons à entrelacer les différents types de musique que nous aimons de toutes les façons possibles. C’est dans notre son, c’est dans le type de salles et de festivals où nous jouons. Les organisateurs nous approchent pour notre énergie. Même le public qui assiste à nos concerts est mélangé ! C’est une progression naturelle qui m’encourage à croire qu’il y a une place pour nous et notre son.

« D’autres influences comme le grime et le dancehall traversent l’univers du jazz. » Vous jouez dans beaucoup de festivals de musique grand public qui n’ont pas l’habitude de présenter des concerts de jazz. Vous attendiez-vous à ce que votre carrière mène à ces opportunités ? Non, pas du tout. Quand j’étais jeune, il y avait des clubs de jazz où j’avais hâte ­d’aller jouer comme le Ronnie Scott (à Londres, du nom de son fondateur, un saxophoniste ténor anglais, ndlr) et il y avait des festivals de jazz, mais c’est tout ce que j’imaginais vraiment. Maintenant, c’est un espace totalement illimité et une période phénoménale pour la musique live.

Vous avez perfectionné votre art au sein d’un groupe de jeunes musiciens de jazz aux vues similaires dont certains sont maintenant des artistes à succès comme vous. Nous avons tous appris la musique à la Roundhouse (Centre des arts de la scène à Camden, ndlr) et à Tomorrow’s Warriors (un programme innovateur pour les jeunes musiciens de jazz, ndlr). Il y a plusieurs petites enclaves de jazz à travers la ville mais New Cross dans le sud-est de Londres est l’endroit où nous nous sommes tous fait les dents. Nous avons donné des concerts dans le coin, nous avons traîné et écouté de la musique, et nous nous sommes produits avec nos groupes respectifs. Et maintenant vous remplissez des salles immenses. Avez-vous senti que le jazz devenait plus populaire ces ­dernières années  ? Je le remarque quand je remplis les salles où j’espérais autrefois avoir l’occasion de jouer. Je le sens aussi au fait que d’autres personnes de notre groupe y parviennent. Moses Boyd a rempli Islington Assembly Hall, Sheila Maurice-Grey a sorti son EP avec Kokoroko (un groupe d’afrobeat britannique, ndlr), et l’EP de Theon Cross s’est vendu en un éclair. C’est de la folie.

Votre jazz perce désormais aux USA... Tout cela semble irréel. Après avoir joué au SXSW Music Festival, je ferai une tournée à travers les États-Unis plus tard cette année et j’ai de gros projets secrets pour l’été. Ce n’est que lorsque j’ai eu l’occasion de m’arrêter et de repenser à ces moments cruciaux que j’ai réalisé que je voyage à travers le monde en faisant ce que j’aime. C’est si beau que ce style musical continue de se répandre.

Au croisement des arts : Nubya Garcia a participé à un album inspiré par Basquiat.

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Nubya Garcia jouera au Nice Jazz Festival le 16 juillet ; nubyagarcia.com THE RED BULLETIN

GETTY IMAGES

Est-ce que le jazz est resté une scène ­interconnectée, où les musiciens ­n’hésitent pas à collaborer ? Je suppose que oui ! En tant que musiciens, nous avons tous de petits groupes d’amis avec qui nous jouons, puis nous rencontrons plus de gens et jouons aussi avec eux. Cela devient un bel écosystème de formations à qui faire appel. C’est vraiment encourageant et réconfortant de voir que nous jouons encore tous avec les groupes des autres et que nous faisons aussi nos propres trucs.


À LA CONQUÊTE DES SOMMETS CET ÉTÉ?

Accumulez des mètres d’altitude sur redbull.ch/conquerantsdessommets


L’odyssée de Perrine Fages Dans la galaxie de l’ultra distance, il y a PERRINE FAGES, genre hors-norme, femme inspirante. Nous avons suivi la Française au Qatar où elle travaille et s’entraîne, puis à Oman, sur son vélo, dans le dur, lors du Biking Man. Texte PATRICIA OUDIT Photos DOM DAHER

Il y a rarement Perrine en la demeure. Trop occupée à s’entraîner, à parcourir le monde à vélo…

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« Lors de ma première sortie de 180 km à vélo, j’ai cru mourir ! »

Zekreet, à 90 km de Doha. Un désert où Perrine Fages adore venir s’entraîner sur ce Gravel qu’elle maîtrise encore mal.


C’

est une enfilade de monolithes bruns que l’on dirait sortis tout droit de 2001 : l’odyssée de l’espace. En réalité, des sculptures de Richard Serra. Posées comme des apparitions dans le désert qatari, à 90 km au nord de Doha. Un endroit propice aux rencontres du troisième type. Parce que Perrine Fages n’est pas ordinaire. Inclassable. Comme Zekreet, ce spot off road où elle aime venir pédaler ou courir, quand le soleil se lève et inonde le désert de ses chauds reflets. Son Gravel (monture hybride entre vélo de route, VTT et cyclosport) dans le coffre, elle vient faire une dernière révision de sa prochaine course qui contient des sections du même nom, c’est-à-dire, en bon français, des graviers, et sur lesquelles elle avoue et assume ne pas être à l’aise. « Jamais fait de VTT de ma vie, en Gravel, dans les descentes, je pleure ! » Perrine se lève souvent à 5 heures du matin pour tailler la route sur la Dukhan Highway, une six voies presque déserte en ce vendredi de prière, bordée par le cameldrome, où les robots maniant la cravache ont remplacé les enfants sur le dos des dromadaires, les droits de l’homme ont gagné sur ce point-là. Cela rappelle à P ­ errine deux choses : qu’elle aussi fut cavalière, sur des chevaux, trois ans en équipe de France junior de concours complet, et qu’elle aurait rêvé d’être défenseure des droits humains. Mais une fac de droit à Montpellier, une licence en Espagne, une maîtrise au Canada, et un doctorat en droit Européen de la concurrence plus tard, son destin prend un autre virage. « Mon diplôme en poche, j’ai frappé à toutes les portes des organisations, ONU en tête, mais elles sont toutes restées fermées. J’ai dit très bien, je ne sauverai pas le monde… » À défaut, elle le parcourra. En attendant, ce sera école d’avocat à Versailles, huit ans passés à Paris dans un cabinet d’avocat américain. Le sport, à elle révélé lors de ses voyages étudiants, apparaît comme une échappatoire à la vie de sédentaire qu’elle subit et déteste. « Je voulais être en forme pour faire de la montagne. Alors j’ai commencé à courir, à faire des marathons : le vendredi soir, à l’heure de partir en week-end, mes patrons ne m’ont jamais vue autrement qu’avec un sac sur le dos … » Peu à peu, le petit ami d’alors s’évapore, à ce rythme-là, le sport impose un peu le célibat.   57


Mains manucurées entre les cocottes, rester coquette : mitaines roses, cuissard assorti au maillot.

P

ourquoi vient-elle là, vit-elle là ? Après l’échappée dans la désertique Zekreet, c’est dans cette Doha, cité de bien des délires architecturaux, où l’eau ­turquoise à 22 °C n’accueille personne, pas plus que les trottoirs bordant les routes à quatre voies, que nous avons encore suivi Perrine. Depuis quatre ans, la jeune femme qui en a 39, y travaille comme juriste chez beIN Sport. Perrine, nous l’avions croisée il y a un an, dans la brume corse. Son maillot rose flashy tranchant sur le noir de l’asphalte. Sur le circuit Biking Man déjà (voir encadré page 59). Elle avait fini 2e femme en 51 heures et 7 minutes de course, avalant les 700 km et 13 000 m de dénivelé sans moufeter. Trouvant le temps de nous en consacrer dans un bistrot de Bastia, après deux jours sans sommeil. Nous avions noté ses ongles impeccables, ses jambes tannées et fuselées par 14 000 km annuels, son sourire éclatant, légèrement goguenard. À Doha, chemise blanche sur pantalon noir, elle nous invite à la suivre jusqu’à son bureau où trônent moult coupes et médailles, trophées remportés lors de ses courses, triathlons, marathons, course de vélo longue distance. « Je suis venue au vélo il y a un an pour m’entraîner en ultra-­distance dans le but de faire un Iron Man (un triathlon extrême, ndlr). Lors de ma première sortie de 180 km, moi qui n’avais jamais fait de vélo aussi longtemps, j’ai cru mourir ! » Au mur, un planning de voyage dont elle détaille le flux tendu : « Tous les quinze jours, je m’organise un trip vélo, soit sur un week-end, là, vous voyez, j’ai la Turquie ou la Géorgie, à seulement 3,5 heures d’avion, soit sur quatre ou cinq jours : j’ai la chance d’avoir dix semaines de vacances. Le Qatar, ce n’est pas un hasard ! » Sur le planning encore, il y a l’Ouganda. « Ce voyage m’a bouleversée. Tout ce que j’avais étudié en matière de droits de l’Homme notamment était sous mes

Ici, vivre dans un palace coûte moins cher que de louer un appart. 58

yeux et je le découvrais sur mon petit vélo… » On lui demande d’où lui vient cette énergie phénoménale, auraitelle bu, petite, la potion magique d’Astérix ? Elle sourit, botte en touche, n’a pas l’air de trouver cela anormal. Le soir, Perrine décide d’aller courir. On se demande si elle n’est pas la seule à se livrer à une activité sportive dans une ville où nous n’avons croisé aucun cycliste et encore moins de joggeurs. « Je vais vous emmener au seul endroit où l’on peut courir ici, à la corniche. Quand je veux faire du vélo, je vais à La Perle, le quartier des expatriés, le QG des cyclistes. On peut y faire une boucle de 20 km. » Un genre de Beverly Hills local que l’on ­croirait conçu pour tourner un épisode de Desperate Housewives. Ici, elle n’a pas de chez elle. Vit à l’hôtel. Même un palace avec salle de gym et bassin olympique coûte moins cher que de louer un appartement. À force, on lui fait des prix. Un choix stratégique. « Comme il n’y a pas grand-chose à faire et que je n’ai aucune obligation domestique, tout mon budget est consacré à mes courses et mes voyages. Le boulot, c’est 7-15 heures non-stop, pas de pause déjeuner. Je bosse, et après je suis libre. Ça me laisse du temps pour nager entre 17 et 18 heures, et le soir, je fais du renforcement musculaire avec deux coaches trois à quatre fois par semaine. Le soir, coucher à 23 heures. » Si l’on additionne, cela donne un mois à 360 ° : 300 km de vélo + 50 km de course à pied + 10 km de natation. » Une drôle de vie. « Au début, j’en avais honte. Maintenant, j’assume. J’aime l’idée que j’ai deux valises. Et trois vélos ! » Perrine n’y voit rien que du pratique, rien de sacrificiel. Sans sponsor, hormis quelques équipements offerts par Rapha (dont le fameux maillot rose flashy) et 44 € de produits nutrition, elle se paie tout elle-même, les salaires d’ici lui permettent cette liberté qu’elle ne pourrait connaître ailleurs. Dans son emploi du temps bien réglé, le jeudi, quand elle n’est pas partie, est dévolu à la culture : expos, ciné. Avec quelques amis, même si le cercle est restreint, souvent entre expatriés, exclusivement dans la communauté sportive. « La première année, je me suis sentie très seule. Ça s’est amélioré depuis, je me suis fait quelques potes qataris, mais on n’est jamais invités chez eux. C’est ce sentiment d’isolement qui me fera un jour partir d’ici. » Dans sa chambre spacieuse, dont elle change régulièrement mais toujours avec accès piscine, une petite ambiance atelier : vélos tout carbone, pompes, recharges pour lumières, chaussures, casques et cuissards. Le matériel de base d’une ultra-cycliste. Dans le hall au luxe doré du palace, en cuissard et chaussures à cale-pied, madame Fages, il est vrai, détone un brin. « Les employés qui me connaissent tous me prennent pour une sorte de gentille folle. La plupart me suivent sur les réseaux sociaux, m’encouragent. » Et quand Perrine reste coincée, si, si, dans ses chaussures de vélo, les gens de la maintenance de l’hôtel accourent pour la désincarcérer. Et parfois aussi, lui réparer son home-trainer qui trône sur son balcon. La vie de famille, elle n’a pas encore fait une croix ­dessus, il est encore temps de faire la rencontre, d’avoir THE RED BULLETIN


Session running sur la corniche de Doha, un des rares endroits où l’on peut courir dans la capitale qatarie.

Avec l’un de ses coaches, dans la salle de gym de l’hôtel où elle vit. Perrine s’y entraîne trois à quatre fois par semaine. THE RED BULLETIN

Dans son bureau où elle est chargée des contrats juridiques de la chaîne beIN Sport. Derrière elle trônent moult trophées.

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À Oman, la veille du Biking Man. Sur son vélo de contre-la-montre, la cycliste a vraiment l’air de s’amuser… pour l’instant !


Juste avant le CP 2, tableau biblique d’un campement nomade, bientôt camouflé par de violents vents de sable…

des enfants. « Ce qui me rassure, c’est que je sais que je peux vivre et travailler n’importe où… Après, une relation c’est beaucoup de contraintes… »

L

e soir, au restaurant de l’hôtel, la veille de s’envoler pour Mascate, la capitale d’Oman pour le Biking Man du même nom, à une heure et demi d’avion, Perrine stresse un peu. En étudiant la carte du tracé sur son ordinateur, les interminables langues de bitume sur lesquelles il lui faudra rouler vraisemblablement de nuit comme de jour, dans le chaud et le froid, elle se souvient du gros épouvantail : cette montée infernale du Djebel Shams, le point culminant du pays (3 009 m), l’un des cols les plus durs au monde. Pour avoir couru Oman l’an dernier, elle en a encore un petit goût de frustration dans la bouche : « Je m’étais inscrite pour préparer l’EnduroMan (nous y reviendrons, ndlr) parce qu’il fallait que je bouffe du kilomètre. Oman, c’est un pays que j’adore, où je vais souvent pour faire de la montagne, parce qu’ici au Qatar, c’est plat. Une copine voulait participer et on a décidé de le faire en équipe. Mais elle ne s’était pas entraînée. Elle a jeté l’éponge à la moitié. J’ai fini seule, donc pas classée. Et dégoûtée. Mais j’ai eu au passage une véritable révélation : pendant que ma partenaire vivait l’enfer, je roulais seule sous la lune du désert, le bruit des THE RED BULLETIN

vagues… Et ce milieu composé de gens tellement intéressants, qui ont tous des histoires de fou… » Voilà pourquoi Perrine qui, bon fond d’endurance aidant, progresse vite à vélo, décide de signer à nouveau. Et aussi parce que le format lui plaît. « C’est une course intelligente qui permet à chacun de faire sa stratégie, de découvrir la diversité d’un pays à son rythme. Et où, malgré le cadre, il y a de l’aventure : sur l’épreuve de Taïwan, j’ai cassé mon vélo, je me suis perdue. C’était fantastique ! » Dans le monde de l’ultra, la notion de bonheur est étrange. Incompréhensible. Entre-temps, Perrine, jamais rassasiée, l’avait cherché et trouvé dans une quête ultime, en août dernier. Dans cet EnduroMan, triathlon extrême (voir palmarès page 60), reprenant le record à Marine Leleu, l’Insta-runneuse de dix ans sa cadette. Une course épique où, à sa première tentative, l’athlète s’était brûlée au 2e degré à cause du maillot qu’elle avait eu le

« À Taïwan, j’ai cassé mon vélo, me suis perdue. C’était fantastique ! »   61


Djebel Shams, sommet d’Oman. Un pied à terre dans 19 ° quand on a un vélo de contre-la-montre : pas vraiment anormal.


Biking Man Créé en 2017, ce circuit d’exploration cycliste sans assistance est composé de six épreuves à travers le monde (Oman, Corse, Laos, Pérou, Portugal, Taïwan). Axel Carion, son organisateur, vise trois types de public : « Ceux qui jouent le chrono, ceux qui tentent la place et ceux qui veulent finir. » bikingman.com

DÉPART Barka ARRIVÉE Mascate

Oman

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À bout de souffle, de cuisses, Perrine mange son pain noir dans la seule mais impitoyable ascension de la course.

Arche gagnée Sommets himalayens, marathons, triathlons, Iron Man, Biking Man… Perrine est une stakhanoviste de l’ultra-­distance. Son plus gros exploit à ce jour : avoir battu le ­record de l’EnduroMan ou Woman plutôt, ­aussi connu sous le nom de Arch 2 Arc. Soit 140 km de course à pied de Londres (sous Marble Arch) à Douvres, 34 km de natation (traversée de la Manche, jusqu’à ­Calais) et 289 km de vélo jusqu’à Paris (arrivée sous l’Arc de Triomphe). En août dernier, Perrine bouclait le tout en 67 heures et 21 minutes. On ne comptait alors que 34 finishers.

tort d’enfiler sous sa combinaison. Elle souviendra à jamais du « type en slip » qui valide sa traversée de la Manche, « les gens en train de bronzer sur la plage de Calais, et moi qui pleure en disant : “Je ne suis pas une nageuse !” » Improbable, mais elle a bien vu un yack à vélo sur la Côte d’Opale. Tout est donc possible.

M

ascate, veille du départ du Biking Man Oman. Au check du matériel où tout le monde s’étonne qu’elle ait choisi un vélo de contre-la-montre pour faire la boucle de 1 000 km (et 7 200 m de dénivelé), Perrine répond stratégie : « Le parcours est majoritairement plat. Je sais que je vais en baver dans le Djebel Shams. Mais que je pourrai réparer plus facilement en cas de souci mécanique. C’est un choix, il n’y a pas de vélo parfait pour cette course. » La nuit sera courte, comme l’heure de départ : trois heures du matin. S ­ ommeil bref mais réparateur, Perrine dort peu mais généralement bien. Son mail64

En duo avec l’un des aînés de la course, Jacques Barge, dans les longues et belles lignes droites serties dans les vallées. THE RED BULLETIN


Chute, ambulance. Clavicule cassée après un soleil en bas du col. Game over. Mais ce n'est que partie remise.

« La fracture du cycliste. Je peux faire partie du clan maintenant ! » lot rose fluo flashe dans la nuit, on ne voit qu’elle, non loin du regard de killer de Rodney Soncco, le futur vainqueur de l’épreuve en, tenez-vous bien aux cocottes de frein, 38 heures et 17 minutes. Elle, elle vise les 54 heures, soit une allure de 20 km/h. Dans son bureau de Doha, Perrine nous avait avoué qu’elle avait fini l’année 2018 sur l’Ultra-­ Trail d’Oman en décembre, un peu fatiguée. Et puis, janvier, encore des courses à pied de 100 km, des trips vélo de cinq jours… « Pas eu le temps de consacrer un entraînement suffisant, 300 km par semaine, ce n’est pas assez. Et l’année dernière, je n’ai fait que nager. » Trop tard pour y penser sur la ligne. AC/DC, au son de TNT, c’est parti. Axel Carion l’organisateur du circuit, évidemment ultra-cycliste de toute son âme, est aux anges. Le peloton s’étire dans la tiédeur de la nuit. Montagnes ocres, palmeraies, villages blancs et roses. Le jour vient de se lever sur Oman. Beau pays. Vallonné, fauxplats qui cassent les jambes d’emblée. Si Perrine se retournait, elle verrait se découper des pics marbrés en ombres chinoises. Rapidement, la cycliste en rose joue au contre-la-montre, 50 km/h aérodynamiques en compagnie d’un des aînés de la course, Jacques Barge, 67 ans, comme un pied de nez aux critiques de la veille. À la pause, Perrine remet en place son cuissard, la coquette veut éviter les doubles marques disgracieuses de bronzage, et parle de cette douleur qui s’éteint vite : il suffit d’être concentrée. Dormir ? Peut-être quelques minutes. Le temps d’un de ces power naps, siestes expresses : en Corse, elle avait bien réussi à s’endormir près des tombes d’un cimetière, roulée en boule dans sa couverture de survie. Tout est décidément possible avec Perrine. Djebel Shams. Un geai bleu roi passe au-dessus de nos têtes, mais de la petite falaise, c’est le rose flashy du ­maillot de Perrine que l’on attend. Il est 15 h 40, Rodney THE RED BULLETIN

Soncco redescend déjà, deux heures seulement pour ­avaler les 26 km d’ascension, quand ses poursuivants sont à peine montés. Sous le cagnard des 31 °C de ce mois de février, des hallucinations se font jour. L’on croit voir du rose partout. Enfin, le seul, le vrai apparaît. Elle roule tant qu’elle peut, mais au plus fort des 19 ° de la pente, où même les plus affûtés des grimpeurs zigzaguent, P ­ errine met un pied à terre. Maudit son vélo de contre-la-montre. Pleure de rage. Cramée. Loin d’être la seule. 20 h 20, elle arrive au CP1, km 357, un bon tiers de la course dans la musette, en compagnie de Stéven Le H ­ yaric, aventurier connu pour sa traversée à vélo de l’Himalaya. Les cale-pieds usés à force d’avoir marché dessus, mais la jeune femme, malgré tout heureuse de sa journée, reste optimiste : il n’y a rien que le Tape, le fameux adhésif, ne répare. Deux heures de repos par 10 °C, puis c’est reparti. Descente dans la nuit froide. Mais elle aime ça, les descentes. Trois heures du matin. Un texto. « Hello, ça va ? J’ai eu un petit accident. » On commence à les connaître, les euphémismes de la dure au mal. Un de ces dos d’âne, si fréquents dans le pays, sur le plat, en bas du Djebel Shams, vient de ruiner les espoirs de la cycliste. Soleil au-dessus du guidon. Stéven est resté, en bon copain ange-gardien. On les retrouve tous deux sur des marches, recouverts d’une couverture de survie (décidément) pour se protéger du froid. L’ambulance appelée, nous filons plein pot dans les rues désertes de Barka, direction l’hôpital, au son du muezzin. Le verdict tombera plus tard : clavicule cassée. « La fracture du cycliste. Je peux faire partie du clan maintenant ! », plaisante-t-elle, malgré son énorme déception. À croire qu’Oman loge en son sein une malédiction. Sa course n’aura duré que 24 heures. Perrine restera sur le parcours, l’épaule dans une attelle, dans notre voiture, à l’abri de la tempête de sable juste avant le CP 2 km 757, et sa mer émeraude. Elle ne s’immiscera pas entre les flancs ocres du Wadi Maih, qui font des trente derniers kilomètres une pure magie. Ne finira pas. Oui, cela aussi peut se passer avec Perrine. De retour à Doha, les regrets sont vite oubliés. Quelques jours seulement après s’être fracturé la clavicule, la jeune femme nous envoyait une photo : elle, allongée dans une salle de gym en pleine séance d’abdos, le bras en écharpe. « Propension à récupérer très vite » : elle nous avait prévenus. Prête à repartir vers de nouvelles aventures au Pakistan, à courir le long du glacier Hopper dans la vallée de Hunza, à oser pédaler dans un pays où faire du vélo quand on est une femme est une révolte réprimée. À rêver d’une route perchée à 5 800 m, sur une zone militaire entre le Pakistan et l’Inde, de passer par le Chemin des Pèlerins au Tibet pour y accéder. Tout un symbole. Sûrement, à terme, arrêter les courses. Prouver qu’en sillonnant librement le monde, affranchie des tracas féminins du quotidien, sans chez-soi véritable, avec le courage de n’écouter que ses envies, malgré les blessures, les brûlures, que oui, tout est possible. Instagram : @perrinefage Merci à Oman Air pour son soutien logistique.   65


À l’heure d’internet et des spoilers, comment réussir à surprendre son public ? SECRET CINEMA vous ouvre (presque) ses portes... Texte TOM GUISE


L’Empire contre-attaque, Printworks (2015)

SECRET CINEMA/MIKE MASSARO

« Nous ne voulions pas que le public a­ pprenne l’existence du X-Wing, raconte Andrea Moccia, l’un des producteurs du ­Secret ­Cinema. Il a donc décollé d’un endroit gardé secret, a tiré un mini feu d’artifice dans l’énorme structure, s’est posé, et Luke Skywalker en est sorti. Je n’ai jamais vu tant de quinquas aussi heureux. »

C’ÉTAIT UN SECRET   67


La seconde règle : s’immerger. C’est ce que font des centaines de milliers de personnes depuis une douzaine années, avec la naissance de Secret Cinema. En payant votre billet, vous faites la promesse de garder le secret. On vous dit comment vous habiller et où vous rendre à une heure et un jour précis. Il est interdit d’apporter son smartphone et de prendre des photos. Vous vivrez l’une des expériences les plus incroyables de votre vie. En 2012, Andrea Moccia assistait à Secret Cinema presents The Shawshank Redemption. Il fut convoqué dans une bibliothèque puis conduit vers une salle d’audience improvisée. « Le juge m’a condamné pour un crime que je n’avais pas commis, se souvient-il. Les ­policiers m’ont embarqué dans un fourgon aux vitres noircies qui m’a emmené dans une école transformée en prison où d’autres membres du public me criaient dessus. On m’a déshabillé, mis un uniforme de prison et enfermé dans une cellule. Je suis parti cette nuit-là en me disant que ces gens-là étaient complètement fous, et qu’il fallait absolument que je travaille avec eux. » Il est aujourd’hui l’un des producteurs de Secret Cinema. « La première production sur laquelle j’ai bossé était Brazil, dit Moccia. Le premier jour, j’entre dans l’immeuble transformé et je me retrouve coincé dans un ascenseur avec Terry Gilliam (le réalisateur, ndlr). Ce fut mon ­baptême du feu. » C’est une expression appropriée pour tous ceux qui font l’expérience de leur premier ­Secret Cinema – une aventure de six heures où vous pénétrez l’univers d’un film reconstitué avec un récit qui se déroule jusqu’à ce qu’il atteigne son point culminant : le moment où le film commence. L’année dernière, lorsque Secret Cinema adapte Roméo + Juliette tourné en 1996 par Baz Luhrmann, et recrée le 68

­ aysage de Verona Beach pour 5 000 spectap teurs chaque soir, avec des chorales, des voitures de police et un bal masqué au manoir Capulet, le cinéaste décrit l’expérience comme « une toute nouvelle forme d’expression artistique ». Cet art fait appel à ce que Secret Cinema appelle des « moments miroirs » alors que des comédiens reconstituent des scènes en parfaite synchronisation avec l’action à l’écran. Le public a auparavant la possibilité de rencontrer ces personnages dans leur aventure. Pour un événement de la taille de Roméo + Juliette, Susan Kulkarni, responsable des costumes, comptait sur une équipe de trente personnes travaillant avec environ 700 costumes. « Les acteurs se changent plusieurs fois dans la soirée, on déguise le personnel du bar, la sécurité et même l’équipe de ­nettoyage, parce qu’une personne dont les habits détonent avec le reste suffit à rompre le charme. » Kulkarni doit aussi tenir compte de l’apparence du public. Après que le spectateur a acheté son billet, on lui assigne un personnage et on lui propose des suggestions d’habillement. « Pour Les Évadés, nous avons eu besoin de 1 200 uniformes de prison. J’ai trouvé un type qui possédait des uniformes de prison norvégiens des années 40 dans son garage. Le public se sentait partie intégrante de cet

Brazil, Croydon (2013)

SECRET CINEMA/HANSON LEATHERBY

À

l’intérieur d’un entrepôt gigantesque de 6 000 m², dans un lieu (tenu secret) à Londres, l’agitation est à son comble. On termine fébrilement un décor ­gigantesque qui ressemble à… Les comédiens répètent au ­milieu d’une reconstitution ­surprenante des ruelles de… Un homme qui ressemble étrangement à Daniel Craig se ­promène au milieu d’eux, scrutant son environnement d’un regard sombre. Il est suivi de près par Barbara Broccoli, productrice des derniers films de la série des James Bond. Cette scène a pu se produire ou non ; nous ne pouvons pas vraiment vous le dire, car la première règle du Secret Cinema est de ne rien dire à personne.

« Le héros a dû sauter d’une tour en rappel avec d’énormes ailes, mais il semblait voler, dit Susan Kulkarni, la responsable des costumes. Nous n’avons eu que quelques jours pour créer les ailes. » THE RED BULLETIN


La première règle de Secret Cinema est de ne rien dire. La ­seconde  : s’immerger.

Docteur Folamour, Printworks (2016) Après L’Empire contre-attaque, l’adaptation de la satire de Stanley Kubrick a ramené le concept du secret quant au film choisi. La projection a eu lieu dans le centre de crise, pour un public en uniforme militaire. « L’idée était de créer un sommet, dit Riggall, fondateur de Secret Cinema. Afin que le spectateur se sente comme un dirigeant du monde. »


univers parce qu’il portait une véritable tenue d’époque. » En 2009 lorsque Kulkarni se joint à Secret Cinema, c’est pour une représentation unique du film des Marx Brothers, Une nuit à l’opéra. « On avait des costumes pour la première fois. J’étais seule, j’avais deux jours pour habiller quarante personnes, se souvient-elle. Un grande type est venu demander son costume. J’ai composé une tenue et comme je n’ai pas paniqué, j’ai reçu un appel pour rejoindre la compagnie. » Le grand type, c’était Fabien Riggall, le fondateur de Secret Cinema.

L

’idée est venue à Riggall alors qu’il était enfant et vivait au Maroc, dans les années 80. « J’avais onze ans. Je suis allé dans un cinéma miteux de Casablanca sans savoir ce qu’on y présentait. C’était Il était une fois en Amérique de Sergio Leone, un film dément avec une bande sonore épique d’Ennio Morricone. Le protagoniste, Noodles, était amoureux de Deborah, interprétée par Jennifer Connelly. Je me suis laissé transporter et je suis devenu Noodles. » En 2003, Riggall lance un festival de courts métrages, Future Shorts. « Un ami avait un bunker souterrain. J’y ai organisé une soirée : douze courts métrages, un DJ set. » L’idée a évolué vers Future Cinema qui présentait des longs métrages dont le film d’horreur ­Nosferatu de 1922 au club SeOne de Londres. « Nous n’avons révélé ni le titre du film ni le lieu ; je pensais que ça ne se vendrait pas, mais on a reçu 400 personnes. » Il teste une adaptation immersive de Metropolis de Fritz Lang. « Le concept ? Comment rendre cela plus réel. Nous voulions jouer avec le mystère. » En 2007, place à Secret Cinema, avec « Paranoid Park de Gus Van Sant qui raconte l’histoire d’un skateur accusé de meurtre. Nous l’avons fait dans des tunnels sous le pont de Londres, remplis de rampes et de halfpipes et le public est devenu la communauté de skateboardeurs dans cette cachette, avec des enquêtes policières mises en scène ». L’ampleur et l’ingéniosité des événements grandissent d’année en année : Alien, ­Lawrence d’Arabie, SOS Fantômes. Ils se font connaître grâce au bouche-à-oreille et les participants gardent farouchement le secret. « Je pense qu’il y a un réel désir d’échapper à une existence vide de sens où tout le monde est visible

« Les gens veulent vivre des expériences qui les transportent ailleurs et les dépassent. » 70

THE RED BULLETIN


SECRET CINEMA/HANSON LEATHERBY

28 jours plus tard, Printworks (2016) Les participants devaient se présenter à l’hôpital en blouse pour une vaccination de routine, mais ils se sont réveillés dans une reconstitution détaillée du film d’horreur zombie de Danny Boyle réalisé en 2002, avec de la nourriture et des cocktails et dans une rave gorgée de sang. Les « patients » ont regardé le film depuis un lit d’hôpital.

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Lié au thème de la violence chez les jeunes, le spectacle a travaillé avec l’association caritative MAC-UK. « Nous avons fait venir Loki, rappeur et activiste, pour sensibiliser les gens aux attaques au couteau », dit Bennett.

et tout est prévisible, dit Riggall. Dans un monde accro à l’information, cette idée du secret est cruciale, on ne peut ni cliquer pour le trouver, ni le télécharger. » L’engagement du public est fondamental. « La première fois qu’on a vraiment demandé au public de participer, ce fut pour Lawrence d’Arabie en 2010, dit Kulkarni. Nous avons reconstitué un souk. Les spectateurs devaient apporter des objets à troquer, les échanges ont même commencé dans le métro, avant leur arrivée. Nous avions des tentes de bédouins, des chameaux et des chevaux. »

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n 2014, Secret Cinema réalise son projet le plus ambitieux avec Retour vers le futur : une reconstitution de Hill Valley, la ville du film. « Les spectateurs pouvaient s’écrire des lettres, les facteurs les ­distribuaient dans l’établissement, raconte Kulkarni. Chaque maison disposait d’un ­téléphone pour appeler les autres maisons. » Mais l’ampleur du projet s’avère trop importante ; le spectacle n’est pas prêt à temps et la première soirée est annulée. Une catastrophe vite ­rattrapée. Le spectacle reçoit finalement des ­critiques dithyrambiques et bénéficie même d’une intervention divine. Un soir, à 23 heures, un orage inattendu s’abat sur la ville. « Tous les costumes étaient trempés, dit Kulkarni. Nous avons dû trouver un moyen pour nettoyer et sécher 600 costumes en douze heures. Une cabine entière a été ­surchauffée et on y a tout mis à sécher. » Si Retour vers le futur fut une leçon d’ambition non tempérée, rien n’en a paru ; l’année suivante, Secret Cinema passe un cran au-dessus avec L’Empire contre-attaque. « Il a fallu un an de discussion avec huit représentants de Lucasfilm à la société de production Bad Robot, de Disney à la Fox, explique Riggall. 72

Retour vers le futur, Printworks (2014) « Un article de l’Evening Standard affirme que nous avons modifié la façon dont les gens s’habillaient cet été-là, et que les femmes se sont mises à porter des robes années 50, dit Kulkarni. Coïncidence ou effet subliminal ? C’est génial de penser qu’un événement culturel va influencer ce que les gens portent. »

Kathy Kennedy, la présidente de Lucasfilm, nous a soutenus. En tant que productrice ­exécutive de Retour vers le futur, elle a été impressionnée par ce que nous faisions. Nous avons trouvé une vieille usine à journaux pour construire Star Wars. » « C’était une ancienne imprimerie impropre à une représentation avec des spectateurs, poursuit Moccia au sujet de l’édifice qui est maintenant la boîte de nuit Printworks à Londres. Nous l’avons transformée pour trois productions : L’Empire contre-attaque, Docteur Folamour et 28 jours plus tard. » « Je voulais construire un gigantesque Secret Cinema permanent, dit Riggall. Nous y avons investi beaucoup de travail et beaucoup d’argent, mais je connais les gars qui ont créé Printworks, et ils sont bien. » Pour lui, la contribution de Secret Cinema aux bâtiments qu’il habite dans le cadre d’une utilisation temporaire est positive. « J’aime l’idée que des gens en train de danser sur le set d’un DJ, en pleine nuit, se disent : “Mince, c’est pas ici que le X-Wing est passé au-dessus de ma tête ?” » Après le succès foudroyant de L’Empire contre-attaque, de nouveaux horizons s’ouvrent. Comme pour Blade Runner, présenté l’an dernier, qui comprend la construction d’un Los Angeles du futur avec un système de pluie intérieur pour 86 soirées. « Nous avions une énorme piscine sous le plancher reliée à un système en circuit fermé qui récoltait l’eau pour la pomper vers le ­plafond, explique Moccia. Voir tout le monde ouvrir son parapluie, sous les néons, c’était comme être à Shibuya par une nuit pluvieuse. » Chaque membre de Secret Cinema a son moment préféré. Pour Bennett, initialement un DJ devenu le responsable de la

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SECRET CINEMA/CAMILLA GREENWELL, © 1996 TWENTIETH CENTURY FOX FILM CORPORATION. ALL RIGHTS RESERVED

Roméo +  Juliette, Gunnersbury Park (2018)


musique, c’était « en 2015. Quand nous sommes allés au camp de réfugiés de Calais. C’était la semaine où le petit Alan Kurdi (Syrien âgé de trois ans, ndlr) a été r­ etrouvé mort sur une plage de Turquie. Fabien a insisté pour que nous organisions une manifestation culturelle pour dénoncer le mauvais traitement des habitants du camp. Nous avons emmené Afrikan Boy, un rappeur londonien d’origine nigériane qui thématise la politique mondiale et l’immigration dans ses chansons. Nous avons monté un écran et présenté un film de Bollywood aux familles du camp. » « Ils étaient des milliers à ne pas avoir de maison et à penser ne pas avoir d’avenir. Le film a eu un impact positif sur eux, cela leur a redonné de l’espoir. Par la suite, nous avons collecté des fonds pour développer le projet. Sauf qu’avec les attentats de Paris et Manchester, le paysage politique a changé. »

SECRET CINEMA/LUKE DYSON/FRASER GILLESPIE

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a sensibilisation aux questions sociales est peut-être la qualité la plus originale de Secret Cinema : « Cette année, avec Casino Royale, le James Bond, nous travaillons avec Calm, une association de bienfaisance qui sensibilise les gens à la santé mentale et au s­ uicide masculin. Le film est très ouvert sur ce que vit 007 et il est intéressant de permettre que cela fasse partie de l’histoire. Un seul geste peut changer votre vie et parfois, on doit son salut à la culture. Pour moi, c’était le cinéma. Il est important de créer des expériences qui peuvent devenir un vecteur de changement. » Casino Royale est le premier Secret Cinema pour lequel Riggall a délégué le contrôle, p ­ assant les rênes au metteur en scène Angus Jackson. « Ce sera notre plus grand spectacle en salle, deux fois plus grand que Blade ­Runner, annonce Jackson. 1 500 personnes par nuit, cinquante artistes. » C’est aussi le début d’un partenariat plus étroit avec les créateurs de films. « Quand il a réalisé Casino Royale, il nous a expliqué qu’il regardait dans l’objectif de la caméra en se demandant si ça avait l’air authentique. Et quand ça l’était, il filmait. » Jackson, astucieusement, ne révèle rien du spectacle qui sera programmé sur plusieurs dizaines de dates entre le 6 juin et le 22 septembre. Il mentionne tout de même que Sébastien ­Foucan, fondateur du freerunning, jouera le rôle du poseur de bombe Mollaka dans la scène d’ouverture de Casino Royale

« On arrive à un point où les spectateurs sont les comédiens. » THE RED BULLETIN

Moulin Rouge, Printworks (2017) « Les acteurs et l’équipe étaient comme une famille, dit Moccia. Les attentats à la bombe de Manchester et l’attaque terroriste de Westminster ont eu lieu pendant les ­représentations. On a fait chanter le public pendant The Show Must Go On. C’était très émouvant. J’en ai les larmes aux yeux. »

Mademoiselle, Troxy (2017) « On a eu la salle à 5 heures du matin, le spectacle avait lieu le soir même, dit Bennett. Suivant à la lettre le ­récit de l’oncle tyrannique où personne n’a le droit de parler, les spectateurs ont fait vœu de ­silence. Ils ont adoré. »

à Madagascar, et il promet que chaque spectateur aura la possibilité de vivre son fantasme james-­bondesque. « Spielberg dit que nous allons au cinéma pour voir des gens faire les choix que nous ne ferions pas dans la vraie vie. Nous, nous mettons ces choix entre les mains du public. On arrive à un point où les spectateurs sont les interprètes. C’est ça, un spectacle Secret Cinema. » Fabien Riggall, le fondateur et maître du secret, est très ouvert sur certains projets. Il l’imagine à l’échelle mondiale. « Nous avons fait des t­ easers à Berlin et New York. Je pense que les gens, partout dans le monde, veulent vivre des expériences mystérieuses. Aux ÉtatsUnis, le cinéma fait partie intégrante de la culture du pays. Exporter ces expériences dans un pays où des villes entières se transforment au moment de la fête d’Halloween peut être passionnant. Et comment traduire ça dans les endroits où l’on ne parle pas anglais ? » Quant aux films qu’il aimerait encore ­monter  : «  Titanic. La richesse de ce monde pourrait être énorme. La question est de savoir comment le construire, le couler et le remettre en place tous les soirs. J’ai toujours voulu faire un Secret Cinema dans un train aussi. Et E.T., pour que tout le monde se rende dans une forêt en BMX, soit attaché à des câbles, survole l’écran, et disparaisse à jamais. » Riggall plaisante sûrement, mais il y a un projet qu’il prend au sérieux : « Il était une fois en Amérique, sous le pont de Brooklyn. Transformer un quartier de Brooklyn en New York de la prohibition, avec Morricone et un orchestre live. Je vais certainement ­proposer cela au maire de New York. À mon avis, c’est possible… »

tickets.secretcinema.org   73


DES AIIILES POUR VOTRE ÉTÉ. GOÛT FRAIS ET FRUITÉ.

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guide au programme

LES ABDOS D'UN PILOTE D'ENDURO

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ESSENTIELS DE LA MICRO-AVENTURE

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Le pilote Young Wade vous dit comment être d'attaque au guidon.

Descendre, jouer, glisser ou danser... Vous avez le choix !

Un Allemand qui vous conseille du matériel pour crapahuter. Top !

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ON NE TE VOIT PLUS À COACHELLA ?

Dans la région du festival, il y a plein d’autres choses (mieux) à faire. Nos plans pour sortir des sentiers battus, grimper un coup, et se régaler les yeux. PAGE 76

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Faire.

La déco du Sands Hotel Spa est signée Martyn Lawrence Bullard.

VALLÉE CALIFORNIENNE

AU-DELÀ DE COACHELLA De ce coin des States, on connaît surtout son festival de musique branché, mais cette somptueuse vallée désertique a bien plus à offrir. Aventures ­outdoor, sessions de grimpe ou flâneries vintage : faites votre choix.

LA EAST VALLEY EN 24 HEURES

Envie d’une journée sportive ? Vous êtes au bon endroit. Louez un court ou prenez une leçon à l’Indian Wells Tennis Garden, l’impressionnant club de tennis, propriété de Larry Ellison et rendez-­vous annuel de l’Open BNP Paribas. Côté golf, les par-

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cours pullulent dans la région, mais pour un parcours links, le Pete Dye Stadium Course à PGA West, à la Quinta compte ici parmi les plus exigeants. Si vous êtes plus sports mécaniques, l’un des deux centres d’essais BMW se trouve à 15 km à l’est d’Indio et propose différentes formules, une heure en Série M haute perfor-

Prenez un bain de son dans l’Integratron.

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voyage

PALM SPRINGS

Installations d’art à Bombay Beach.

SANDS HOTEL AND SPA, CARL RICE, WINNY DEFRAGO, MARK DAVIDSON

LIZBETH SCORDO

EN UN WEEK END PROLONGÉ

Sunnyland : ex-repère hivernal des célébrités.

mance, une journée moto toutterrain ou encore une leçon de cascade en Mini. Le tout bien ­encadré.

Se loger

Le célèbre designer Martyn ­Lawrence Bullard a signé la décoration intérieure des deux étages de l’hôtel Sands Hotel & Spa : touche marocaine, lits à baldaquin autour de la piscine, chambres en marbre de Carrare et verres en cristal vintage. Les quarante-­cinq hectares du vaste complexe du Quinta Resort & Club d ­ ébordent d’activités : tennis, golf, remise en forme, plus de quarante piscines (à essayer, toutes !), spa et restaurants.

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Se restaurer

À Indian Wells, l’Eureka sert dans un décor industriel moderne, des burgers gourmets (le bison, un must), un grand choix de bières artisanales et des bourbons. À Sands, The Pink C ­ abana prépare en continu des plats méditerranéens à base de produits fermiers et d’excellents cocktails.

Sortir

À Indio, au Neil’s Lounge, le karaoké western est au menu tous les soirs. Au cœur de la vieille ville de La Quinta, la brasserie Quinta Brewing Co. propose ses propres mousses dont une brune à base de grains de café torréfiés sur place, des pressions et des concerts.

Il ne s’agit pas d’une résurrection, l’emblématique adresse de ce coin du désert n’a jamais disparu mais s’est sans cesse réinventée. La ville profite de son âge d’or au milieu du siècle, attirant amateurs d’architecture et de design en quête de pièces rares dans les nombreuses boutiques vintage. Flânez dans les quartiers comme Vista Las Palmas et admirez ses bijoux architecturaux tels que les anciennes demeures de Dean Martinou de Marilyn Monroe. Ou visitez le manoir Sunnylands imaginé par Quincy Jones à proximité de Rancho Mirage, a ­ utrefois lieu de villégiature hivernal du milliardaire Annenberg. Prenez de la hauteur (1 800 m) grâce au tram aérien de Palm Springs, une merveille de modernité, qui vous dépose en un clin d’œil au Mont San Jacinto State Park : l’endroit offre des vues imprenables de la vallée et 75 km de sentiers dont une piste de 20 km menant au sommet, le deuxième plus haut de la Californie du Sud. Quinze minutes plus au nord, titiller les dunes de sable en louant un 4×4 chez Off Road Rentals. Indian Canyons offre une myriade de randonnées, dont une à travers le canyon Andreas et son immense oasis de palmiers… E ­ nfin, ne manquez pas la biennale Desert X qui organise souvent des expos dans la vallée, comme dernièrement ces i­ nstallations à ciel ­ouvert soucieuses de l’environnement.

Se loger

À une encablure de l’artère principale, la boutique Holiday House expose dans des espaces décorés avec audace une impressionnante collection d’œuvres d’art dont des pièces de Roy Lichtenstein et Herb Ritts. Les allées luxuriantes du vaste Parker Palm Springs, un hôtel huppé aux accents kitsch, mènent à des piscines à l’abri des regards, de chics bars à cocktails, des terrains de pétanque et des feux extérieurs. Réservez une ­villa pour une expérience de luxe pur. Après plusieurs années de

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Faire.

voyage

EN UNE SEMAINE

Objets du séjour : art et musique dans la Coachella Valley.

Se restaurer

Le Counter Reformation avec son confessionnal est un plaisant bar à vin de l’hôtel Parker, ses petites assiettes comptent parmi les ­meilleures de la ville, tandis que la cuisine créative d’inspiration américaine et vietnamienne ­Rooster and the Pig vaut l’attente. Pour les amateurs de valeurs sûres, les escargots et le ris de veau du Vallauris, resto français ouvert depuis quarante ans, ­régaleront vos papilles dans un splendide patio.

Sortir

La clientèle du Melvyn’s, un piano-­bar classique actif depuis 1975, est aussi variée que les airs de ses crooners, mettez-vous dans l’ambiance avec un martini géant. Le Seymour’s, bar jouxtant le chic grill M. Lyons, débite des cocktails originaux dans un carré de mouchoir. Enfin, le Dead or Alive, bar à vin et à bière sert un choix obscur des deux aux jeunes cadres du coin.

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Se loger

Le parc et ses innombrables campings restent une alternative aux locations allant du chalet tout confort au gîte de luxe. Non loin de là, Pioneertown, « ville » construite à l’origine pour servir de décor aux tournages de western, la plupart des bâtiments n’étant que des façades, contrairement au Motel du même nom et ses chambres rénovées dans un style rustique.

Se restaurer

Tout près, le Pappy & Harriet’s, Mecque de la musique live, ­propose un parfait mélange hiphop et honky-tonk, un barbecue génial et une scène intimiste qui, ces dernières années, a accueilli entre autres Lorde et Paul McCartney. Au centre de Joshua Tree, le Pie for the People ­propose des pizzas à la newyorkaise avec des garnitures comme le pesto aux graines de ­citrouille. Chez La Copine, les plats de saison sont riches en ­légumes et ses beignets addictifs.

Sortir

Sublime intérieur milieu du siècle au Sunnylands.

Le Joshua Tree Saloon ne manque ni de caractère ni de ­personnalités avec sa clientèle éclectique d’habitués qui viennent se ressourcer dans ce lieu à l’allure de point d’eau ­devant l’entrée principale du parc. Le Landers Brew est apprécié pour ses bières artisanales et ses chiens très amicaux.

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GOLDENVOICE, KEN HAYDEN PHOTOGRAPHY

travaux, l’ancienne Villa Royale est désormais un havre de paix tendance où fontaines espagnoles et mosaïques marocaines côtoient peintures murales et portraits de Debbie Harry.

Avec ses branches tordues constellées de petites têtes vertes hirsutes, l’arbre de Joshua est le parfait emblème du parc national éponyme qui, outre ses impressionnantes formations rocheuses, et ses sentiers sinueux bordés de fleurs sauvages et de jardins de cactus insolites, a pour voisin une communauté d’artistes. Camper et ­explorer le parc remplirait aisément la semaine. Mais nous vous conseillons néanmoins d’alterner lieux marquants du parc et curiosités de la région. L’ascension du mont Ryan (305 m d’altitude en 2,5 km) vous gratifiera au sommet d’une vue imprenable sur le parc tout en constituant une bonne séance de sport empiétant peu sur votre journée. Pour un trek plus long et moins fréquenté, empruntez le Boy Scout Trail, 25 km à travers le désert. Forêts de genévriers et de Joshua, blocs de roche et pistes rocailleuses constituent un bon échantillon topographique du parc. Le long du Skull Rock Trail où l’un des ­rochers évoque un crâne humain, d’où le nom, les amateurs de grimpe trouveront un large choix de blocs. Le rocher Iron Door Cave et le Tidal Wave, très appréciés des grimpeurs, se trouvent également à proximité. Mais rien de tel qu’une voiture pour circuler facilement dans le parc (l’accès au parc coûte 30 dollars et est valable une semaine), et pousser jusqu’à Keys View, point de vue idéal pour ­admirer deux sommets, la vallée Coachella, la

­ alton Sea et même distinguer la S faille de San Andreas. Pensez à faire un ­crochet par Cholla Cactus Garden près de l’entrée sud pour alimenter Instagram. À l’extérieur du parc, les activités atypiques abondent, comme la séance d’immersion sonore produite par un bol de cristal à l’intérieur de l’étonnant Integratron, un dôme censé avoir été construit sur un vortex géométrique avec l’aide d’extraterrestres (sic). Visitez le ­Joshua Tree Outdoor Museum, ce sont cinq hectares dédiés à des sculptures à grande échelle en matériaux de récupération de feu Noah Purifoy.

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LE SECRET POUR CUISINER UN POISSON

À LA PEAU CROUSTILLANTE grâce à la science par Stuart Farrimond

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n poisson aromatique, tendre, dont la chair fond dans la bouche est une expérience culinaire pour laquelle on pourrait se damner. Sauf que trop souvent, nos tentatives pour reproduire la qualité servie au restaurant se révèlent désastreuses : trop cuit, trop sec, sans goût, une consistance gélatineuse… Mais ce n’est pas une fatalité. Faire griller un filet de poisson frais avec sa peau croustillante est un exercice délicat de cuisson et de gestion du temps. Commencez par le renifler : les poissons d’eau douce fraîchement ­pêchés, comme les truites, exhalent une odeur étonnamment « verte », un peu comme celle des feuilles coupées ou de l’herbe tondue. Les poissons d’eau de mer, eux, sentent l’iode et le ressac à cause des algues dont ils se nourrissent. Une désagréable odeur de « poisson » est en fait un signal d’alarme et indique que la pêche est vieille de deux ou trois jours. La ­mauvaise odeur vient des bactéries qui se développent dans la chair (­d’ailleurs, pour garantir la fraîcheur, conservez votre poisson tout au fond du réfrigérateur).

STUART FARRIMOND Le spécialiste en ­bromatologie (science des aliments) est ­écrivain, animateur et conférencier. Il est l’auteur de ­Cuisinology (aux ­éditions ­Marabout) et fait de fréquentes apparitions à la télé et la radio anglaises.

Voilà pour la fraîcheur. Passons à la cuisson. Prenez une poêle et faites-la chauffer. C’est le point de départ de la fameuse réaction de Maillard, une réaction chimique qui se produit à partir de 140 °C à la surface des aliments contenant beaucoup de protéines, et qui a pour résultat une peau pleine de saveur et croquante à souhait. Les sucres et les acides aminés s’agglutinent pour former une succulente croûte couleur caramel. Les ­délicieux arômes de pain frais, de viande rôtie, de lardons grillés ou de noix ­passées à la poêle sont dus à la même formule magique. L’astuce pour que ce tour de magie fonctionne à tous les coups, c’est de bien sécher la peau du poisson. Autrement, sa température n’excédera pas celle de l’eau en ébullition, soit 100 °C. Il est donc essentiel que la poêle soit très chaude au moment d’y mettre le filet : l’eau encore présente dans la peau s’évaporera instantanément. Puis commence la course contre la montre : faites chauffer la peau dans toute son épaisseur à 140 °C. L ­ aissez-le griller un moment, rajoutez de l’huile si la peau colle à la poêle ou baissez la température si vous avez peur qu’elle ne brûle. ­Attention, ne montez pas trop la température car au-delà de 180 °C, le poisson commence à carboniser (les chimistes appellent ce phénomène la pyrolyse). Spatule dans une main, huile ou beurre dans l’autre, laissez vos talents de cuisinier s’exprimer pour trouver la dose de graisse idéale et laissez cuire votre filet jusqu’à ce qu’il ait atteint un croustillant ­irrésistible. Vous nous en direz des nouvelles !

LA CUISSON AU LAVE-VAISSELLE

Tu me fais mariner ?

Mettons que votre cuisinière ait rendu l’âme… Tournez-vous vers votre lave-vaisselle : c’est une alternative économique pour cuire votre poisson en papillote. Il ne sera pas croustillant, mais très savoureux s’il a été bien assaisonné. ­Placez votre filet dans une feuille d’alu, mettez-y du citron, des herbes et du beurre. ­Fermez-le bien. Placez-le dans la partie supérieure de la machine, et faites-le tourner deux heures à 70 °C (cycle c­ asseroles sales).

Stuart

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aux fourneaux

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RÈGLES D’OR

Conseils du chef

On sèche !

Pour une peau croustillante, l’humidité doit avoir été préalablement absorbée. Prenez le temps de bien essuyer le filet et de le saler un peu avant de le glisser dans la poêle (chaude). Vous pouvez aussi gratter les écailles avec le dos du couteau pour évacuer les résidus d’eau.

Bain salé

Un conseil pour un filet tendre : plongez le saumon dans un bain d’eau salée pendant dix minutes (quatre cuillères à soupe de sel pour un litre d’eau) pour que la chair reste ferme sur les bords lors de la cuisson. Cette astuce vaut aussi pour les poissons à chair blanche et les poissons plus gras.

Cuisiner à l’oreille

Dès que l’huile commence à fumer, il est temps de déposer délicatement le filet dans la poêle. Si ça ne grésille pas, c’est qu’il est trop tôt, sortez-le et attendez un peu. Puis écrasez le filet doucement avec la spatule pour qu’il reste bien aplati (sous l’action de la chaleur, les bords ont tendance à se rétracter). Baissez un peu la température et laissez le poisson grésiller un moment, ajoutez de l’huile s’il colle à la poêle.

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OLIVIER KUGLER

Retournement de situation

Ne retournez pas le filet trop tôt : la peau doit être complètement ­déshydratée pour pouvoir griller à 140 °C. C’est seulement là que les protéines et le sucre pourront former une croûte dorée et croustillante à la surface. Quand le poisson est cuit aux deux-tiers, retournez-le ­doucement avec une spatule sans abîmer la peau. Et laissez cuire ­brièvement de l’autre côté. Puis servez-le, ou, s’il s’agit d’un morceau de plus de 2,5 cm d’épaisseur, mettez-le au four (préchauffé) 7 à 10 minutes à 180 °C.

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Pas besoin d’attendre

Contrairement aux viandes rouges, le poisson n’a pas besoin de reposer après avoir été grillé. Sa chair étant plus tendre et son taux de protéines différent, on peut le manger aussitôt cuit

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SOLIDE COMME UN PRO DE L’ENDURO Seuls les plus coriaces survivent aux épreuves de hard enduro. Expert en la matière, le Sud-Africain Wade Young nous explique comment s’y préparer. Des conseils que vous pourrez mettre en pratique au Lesotho grâce à Destination Red Bull.

Wade Young, 23 ans, dit tout sur la préparation physique.

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omme son nom l’indique, le hard enduro s’adresse aux costauds. À 23 ans, Wade Young le bien nommé s’y est imposé en s’illustrant dans de nombreuses courses dont il est devenu le plus jeune vainqueur de l’histoire comme lors de la Roof of Africa en 2012. Le secret de son succès ? « Le mental, et une sangle abdominale en béton », explique le Sud-Africain que vous rencontrerez en exclusivité avec D ­ estination Red Bull (ci-contre). Il vous livre ses trucs pour tenir la distance.

Conseil n° 1 : S’entraîner sur un deux-roues

La condition physique est cruciale, surtout pour les ­rallyes de plusieurs jours. Avant une

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course, je m’entraîne au moins huit heures par jour : je passe quatre heures sur un vélo et quatre autres sur une moto. Bien sûr, je pourrais courir aussi, mais plus je passe de temps sur un deux-roues, mieux je me prépare aux ­obstacles et aux surprises que la course nous réserve.

Conseil n° 2 : Gardez l’équilibre

La musculation ne me profite guère car je suis fort de nature. En salle, je privilégie le renforcement. Une sangle abdominale solide facilite l’absorption des chocs, permanents sur les pistes enduro, et l’équilibre sur la moto. Mais l’équilibre, c’est aussi prendre du bon temps avec ses potes, écouter de la musique (de la deep house de préférence) ou aller à la pêche. Le dimanche, je mets de côté mon régime sans glucides et mange ce qui me fait plaisir.

Conseil n° 3 : Ménagez la roue arrière

Rouler toujours à pleine puissance n’entame pas seulement la machine, mais aussi votre énergie. Un conseil, ne vous battez pas contre votre moto

et ménagez votre roue arrière. Cela peut pénaliser sur une courte distance, mais en hard enduro, mieux vaut ménager l’adhérence et votre énergie pour aller au bout.

Conseil n° 4 : Parlez-vous tout haut

Quand je suis bien physiquement, je le suis aussi mentalement. Cependant, ma concentration baisse inévitablement au bout de quelques heures. Dès que je m’en rends compte, je me parle à moi-même. Je me motive à coups d’injonctions telles que : « Tu peux le faire ! » Le bruit du moteur couvre ma voix, et personne ne m’entend. Ça m’aide à me recentrer.

Conseil n° 5 : Imaginez l’agonie de vos adversaires

Quand j’atteins mes limites physiques, je pense à mes adversaires. Je me dis qu’ils doivent ressentir la même chose, qu’ils galèrent au moins autant que moi, car après tout ils font face aux mêmes difficultés. Cette pensée me redonne la niaque, l’envie de prouver à tous que je suis le plus résistant !

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fitness

DESTINATION RED BULL

UN ROYAUME DE LA MOTO

« Je me parle à moi-même. Le bruit du moteur couvre ma voix, personne ne m’entend. » Ici à l’entraînement à Antalya (Turquie), Wade Young entend des voix.

LUKASZ NAZDRACZEW/RED BULL CONTENT POOL, ALFRED JÜRGEN WESTERMEYER/RED BULL CONTENT POOL

NINA TREML

BLAGOVESTA BAKARDJIEVA

Destination Red Bull : une expérience de rêve auprès des athlètes, comme au Lesotho pour une aventure en enduro.

VOTRE VOYAGE Du 25 novembre au 2 décembre, vous explorerez à moto la nature spectaculaire de l’Afrique du Sud et le royaume montagneux du ­Lesotho en sillonnant le célèbre tracé du rallye Roof of Africa (quatre participants max) avec comme guide expert, Alfie Cox, ­légende de l’enduro. Au menu : nuitées le long du parcours, rencontre avec la superstar de la discipline Wade Young, mise à disposition d’une KTM 1090 Adventure R, un véhicule d’accompagnement pour les bagages et un safari dans le parc Gwahumbe.

VOTRE GUIDE DE VOYAGE Né en 1963, Alfie Cox est un as de l’enduro. Pilote usine de KTM pendant des années, le Sud-­ Africain compte neuf Roof of ­Africa à son palmarès. Rares sont les courses où cet homme à la moustache n’a pas brillé. Ses huit participations au Dakar lui vaudront trois podiums. Et en 1995, il remporte le premier Red Bull Hare Scramble à Erzberg (Autriche).

Plus d’informations et réservation sur

destination.redbull.com

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Agenda

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juin Halluciner devant les vagues Véritable incarnation de l’audace et de l’aventure, les images de Heavy Water fascinent. Dans le sillage de la planche de Nathan Fletcher, surfeur de grosses vagues, le film évoque les temps forts de l’histoire du surf, une histoire à laquelle le Californien a aussi contribué à travers son Acid Bomp Drop, une prise de vague ­depuis un ­hélico. ­ Verkehrshaus, ­Lucerne  ; ­redbullmediaworld.ch

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au 27 juillet Chanter avec Baschi 18 000 visiteurs sont attendus au festival Open Air Lumnezia 2019 à Degen, au programme : Limp Bizkit, Mando Diao, Cro et Baschi (photo). Un festival riche d’histoire : fondé en 1985 par la jeune équipe de Lumnezia, il attire 600 festivaliers lors de la première édition. Ce festival, qui compte aujourd’hui parmi les meilleurs de Suisse, a su conserver son caractère f­ amilial. Val Lunezia, ­Degen  ; openair-lumnezia.ch

10 août Vibrer au rythme de la parade

Quand un million de personnes dansent c’est tout ­Zurich qui vibre. La Street ­Parade est considérée comme la plus grande fête techno du monde. Les Love ­Mobiles démarrent à Utoquai et longent le bassin du lac jusqu’à la digue du port Enge. La fête se poursuit ensuite sur toutes les scènes jusqu’à minuit, fin de la parade. ­Utoquai, Zurich ; streetparade.com

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juin-août

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au 11 août

ADMIRER LES PROS DU VTT

2,5 km émaillés de passages ­délicats et de bonds spectaculaires, le parcours de descente de la Coupe du Monde à Lenzerheide magnétise les spectateurs, s­ urtout au niveau du saut # ­ fullgas et du Plunge, un saut à pic. L’épreuve de crosscountry n’est pas en reste. Le champion du monde Nino Schurter : « Une ambiance de feu et des spectateurs survoltés. » Sur la photo, Rachel Atherton, ­tenante du titre.

MARIUS JOE POHL FOR STREET PARADE, BARTEK WOLINSKI/RED BULL CONTENT POOL, MIHAI STETCU /BEACH VOLLEYBALL MAJOR SERIES/RED BULL CONTENT POOL

Lenzerheide ; mtbworldcup.ch

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9

au 13 juillet Épouser le rythme L’Openair Frauenfeld est le plus grand festival hip-hop d’Europe et affiche toujours une impressionnante programmation avec cette année pas moins de 60 groupes, dont Travis Scott, Cardi B, Future, Marteria Caspar, Bonez MC & Raf Camorra. Grosse Allmend, Frauenfeld ; openair-frauenfeld.ch

6

et 7 juillet Découvrir les stars du Wavepool Un nouveau sport entame sa tournée mondiale : le Citywave Pro World Tour. Lancé en Israël en avril dernier, il fait en juillet une halte à Zurich. Lors de cette première série d’épreuves mondiales, la crème du surf démontre en piscine le potentiel d’une vague ­statique. Le vainqueur de chaque étape repart avec un chèque de 10 000 euros en poche. Urbansurf, Geroldstraße 11c, Zurich ; urbansurf.ch

6

août Fêter la nuit du rock Le rock écossais Biffy Clyro, le duo de rockeurs country ­allemand The Bosshoss et les chanteurs suisses Jack Slamer ouvrent le festival Heitere Open Air à l’occasion de la Virgin ­Radio Rock Night. Objectif de la soirée : afficher de manière éclatante la diversité du rock contemporain. Heitere-Platz, Zofingue ; heitere-events.ch

au 14 juillet Acclamer l’élite du beach-volley La vingtième édition du Grand Tournoi de Gstaad réunira les meilleurs athlètes de la discipline mais pas que. L’auteur-compositeur-interprète suisse Bastian Baker (Stay) sera également de la partie. L’anniversaire du tournoi donne aussi lieu à la ­parution d’un livre qui plongera les fans dans ­l’ambiance du tournoi tout en les régalant ­d’anecdotes piquantes, histoires de tricheries et autres légendes. Gstaad ; ch.beachmajorseries.com

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Voir.

TOUT CE QUI ROULE

Parmi les temps forts sur Reb Bull TV ce mois-ci, la plus convoitée des compétitions d’enduro au monde, du skate hybride en Allemagne et du motocross pur et dur…

juillet

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Callaghan : faire mieux que sixième cette année.

juin   AVANT-PREMIÈRE

DANS LA ROUE DE GREG CALLAGHAN

Après avoir suivi les aventures du pilote VTT américain Curtis Keene lors des saisons précédentes, On Track zoome sur l’Irlandais Greg Callaghan, candidat au titre de l’Enduro World Series, une première pour son pays. Présenté par les auteurs de la série Fast Life sur la Coupe du Monde VTT UCI, ce programme ­retrace l’irrésistible ascension de Callaghan.

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juin   EN

DIRECT

RED BULL ROLLER COASTER MUNICH MASH

Red Bull TV est une chaîne de télévision connectée : où que vous soyez dans le monde, vous pouvez avoir accès aux programmes, en d ­ irect ou en différé. Le plein de contenus originaux, forts et c­ réatifs. Vivez l’expérience sur redbull.tv

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12

juillet   AVANT-PREMIÈRE

MX NATION, SAISON 5

Le championnat de motocross Lucas Oil Pro est l’un des sommets de la discipline. Avec la série en six épisodes MX Nation, entrez dans les coulisses de cette intense compétition pour découvrir entre autres comment les pilotes gèrent la pression.

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FLO HAGENA/RED BULL CONTENT POOL

REGARDEZ RED BULL TV PARTOUT

Rendez-vous au parc olympique de Munich pour la deuxième édition de cette épreuve mixant skateboard de park et street sur un parcours slopestyle. En jeu, le titre de skateur le plus polyvalent.


1 1 T E 10 9 1 0 2 T Û O E A M O R D O R É S A E G N A R G DE

TS N A N I C FAS S N E AY I D R E É C A A T R ÉS E OM/ S C I . R L L O T U EDB S MO R W O H S Partenaires médias:

Partenaires principaux:


HANWAG FERRATA II OFFREZ-VOUS DU GRIP La semelle intermédiaire en polyuréthane de la Ferrata amortit chacun de vos pas. Son revêtement en thermo-­ plastique robuste et confortable vous assure légèreté et confort même sur terrain difficile. hanwag.com

CONSEIL N° 1 : Rangez malin « Gourde, trépied, porte-­ monnaie, lunettes… Tout doit être f­ acilement accessible. »


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TOUT ÉQUIPÉ

Le « micro-aventurier » Christo Foerster nous livre sept conseils pour vivre d’inoubliables expériences dans la nature. Nous vous indiquons ici l’équipement qui y contribuera grandement. C’est parti ! Texte WOLFGANG WIESER

VESTE THERMOBALL À ­CAPUCHE THE NORTH FACE NE LAISSEZ PAS LE FROID VOUS SURPRENDRE

PRIMUS LITE+ RÉDUISEZ VOTRE CUISINE Petit mais malin : la cartouche à gaz (100 g) et le brûleur se rangent dans un récipient en alu anodisé résistant et compact. Pour un poids total de 390 g. Le plus : la casserole se fixe facilement et solidement au brûleur via un mécanisme de verrouillage breveté. primus.eu

Légère, facile à ranger et efficace contre les rigueurs du temps. La doudoune Thermoball à capuche combine isolation extrême et légèreté avec sa forme d’entonnoir innovante. thenorthface.com

ALPINA LYRON VL PROFITEZ DE LA VUE Ces lunettes de soleil préservent votre perspective en toutes circonstances. La teinte des verres s’adapte au niveau de luminosité. Le plus : les coussinets nasaux malléables s’ajustent pour plus de confort. alpina-sports.com

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CONSEIL N° 2 : ­Mangez chaud « L’alpiniste Conrad ­Anker ne jure que par la semoule de couscous. Rien de plus simple pour manger chaud en pleine nature. Faites chauffer un peu d’eau sans même la faire bouillir, versezla sur la graine, mélangez, c’est prêt. » THE RED BULLETIN

Dix-huit compartiments et des canaux de ventilation 3D permettent à l’air de circuler dans le dos. Résultat : vous transpirez moins et fini les coups de froid. Disponible en deux tailles (32 ou 38 l) . salewa.com

Le sac à dos Apex est résistant et confortable. Une ­option à ne pas négliger.

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CONSEIL N° 3 : Portez de bonnes chaussures « Pour choper un train après une rando, des chaussures hybrides m’ont permis de piquer un sprint. Difficile en pompes de rando... »

DYNAFIT ALPINE PRO TRACEZ VOTRE ROUTE Si vous êtes du genre « plus c’est long, plus c’est bon », alors c’est elle qu’il vous faut. S ­ emelle intermédiaire comprimée en EVA double densité, talon renforcé et plaque de carbone ­protectrice entre la semelle intermédiaire et la semelle extérieure dompteront tous vos ­trajets. dynafit.com

BURTON PORTAL LITE APPRENEZ À AIMER LA PLUIE Cette veste prouve à nouveau qu’on peut profiter du grand air même quand il pleut… Elle vous gardera au sec et au chaud. Et sa coupe près du corps vous donnera fière ­allure. On en viendrait presque à souhaiter qu’il pleuve. burton.com

CONSEIL N° 4 : Dormez sous la tente « Je préfère dormir à la belle étoile sur un tapis iso ou un hamac. Mais quand il y a du monde, la tente offre une intimité appréciable, à condition qu’elle reste simple et légère. »

Duo pour un solo : sac de couchage et tente monoplace.

FJÄLLRÄVEN ABISKO TRAIL TIGHTS AÉREZ VOTRE FOULÉE Ce collant de rando est idéal pour les journées chaudes. Un tissu respirant offre une aération au niveau de la taille, de l’entrejambe et à l’arrière des cuisses. Bien-être ­garanti. fjallraven.fr

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MARCEL PABST

Seul pour un ou deux jours ? Cette tente ­monoplace (215 cm de long, 60 cm de large, 100 cm de haut) sera une compagne fiable pour vos aventures en solo et se combine idéalement avec un sac de couchage à zip circulaire. jack-wolfskin.com THE RED BULLETIN


THULE CAPSTONE TOUT À P ­ ORTÉE DE LA MAIN Ce sac à dos a été testé en ­situation pendant l’équivalent d’une randonnée autour du globe. En plus d’être extrêmement robuste et polyvalent, il offre des accès par le haut, le bas, le côté gauche et le côté droit. thule.com

CONSEIL N° 5 : Jamais sans lunettes « Après avoir égaré deux paires de ­lunettes de soleil dans l’eau, j’ai opté pour un modèle léger et flottant. Je ne suis pas fan de lunettes, mais sur l’eau, à la neige et en altitude, les protections visuelles sont tout simplement indispensables. »


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CONSEIL N° 6 : Oubliez le smartphone « Je déteste avoir à systématiquement consulter mon smartphone pour vérifier l’itinéraire. Avec la montre GPS, un coup d’œil ­suffit. Utilité maximale pour dispersion minimale. » SUUNTO 9 BARO RESTEZ EN MODE VEILLE Cette montre vous indique la voie, suit votre entraînement, contrôle votre pouls en permanence et deviendra vite le compagnon ­indispensable et fiable qui ne manquera pas de vous alerter en temps et en heure en cas d’orage. suunto.com

ICEBREAKER TECH LITE SS CREWE RAVENCAMP CHOISISSEZ L’HARMONIE Le meilleur de la nature et de la technologie : fibres mérinos naturelles enroulées autour d’un noyau en nylon. Séchage rapide, résistance aux odeurs et confortable. Avec un ­design original signé Damon Watters. icebreaker.com

LEDLENSER MH11 ILLUMINEZ LA NUIT Cette lampe brille à souhait. Une application permet de configurer les fonctions selon vos besoins. En mode boost, elle éclaire les nuits les plus noires : 750 lumens donnent une visibilité allant jusqu’à 300 mètres. ledlenser.com

Une semelle en caoutchouc pour un excellent grip.

VIBRAM FIVEFINGERS V-TREK GARDEZ LES PIEDS SUR TERRE Presque aussi agréable que marcher pieds nus, la protection en plus. La semelle extérieure flexible en caoutchouc de 4 mm offre une bonne adhérence, quelle que soit la météo ; la semelle intermédiaire en PU donne, elle, l’impression de marcher sur un nuage. vibram.fr

CONSEIL N° 7 : Devenez une source de lumière « Dès que j’éteins ma lampe torche, je ­deviens invisible dans le noir et me fonds dans la forêt. Mais si un plus gros animal venait à s’approcher, rassurez-vous, la torche se laisse rallumer aussitôt. »

CHRISTO FOERSTER est parti à la découverte de la « micro-aventure ». Qu’estce qu’une micro-aventure ? C’est une expérience qui dure entre 8 et 72 heures, dont ­voiture et avion sont bannis et où la nuit se fait à la belle étoile. Le nouveau livre de l’aventurier allemand vient de paraître aux éditions Harper Collins : Raus Und Machen (trad. L’aventure commence ICI).

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The Red ­Bulletin est ­actuellement distribué dans sept pays. Ben Stokes, une star du cricket, reçoit notre édition anglaise en Inde. Le plein d’histoires hors du commun sur redbulletin.com

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1 LE TRAIL AVEC LAZER

Le Lazer Impala est le casque ultime pour le VTT trail. Léger, rembourré, pourvu d’une protection EPS et d’une visière adaptable… voici quelquesunes des qualités qui font de ce casque le compagnon idéal pour une virée à VTT. Ce modèle existe en noir, blanc, kaki-orange, gris, et dès juin en édition limitée Shimano. lazersport.com

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2 LE RUN AVEC SALOMON SONIC RA 2

Entrez dans la Running Avenue, le run haut de gamme pour courir au top. La SONIC RA 2 incarne le compromis idéal entre amorti et réactivité pour ­offrir un d ­ éroulé confortable et une stabilité vous ­permettant d’enchaîner les ­kilomètres avec plaisir. salomon.com

3 LE TOUT-EN-UN AVEC ­SYPOBA

Avec Sypoba, on mobilise, on stabilise et on renforce l’ensemble du corps en réalisant des mouvements dynamiques dans toutes les directions et dans toutes les positions, tout en ­préservant ses articulations. ­L’appareil d’entraînement Sypoba est léger, facile à transporter et ­s’utilise ­partout. sypoba.com

4 L’AUTORADIO AVEC PURE

Quel est le moyen le plus simple de profiter de la Radio Numérique ­Terrestre (RNT/DAB+) et de la diffusion de musique via Bluetooth depuis votre téléphone dans la voiture ? C’est cet a­ stucieux adaptateur audio de Pure. Il est facile à installer et ­fonctionne sans ­accro avec votre ­système audio existant. pure.com

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Rêve azur L’aventurier canadien Will Gadd, 53 ans, fut le premier à venir à bout des chutes du Niagara gelées. En revanche, il ne s’était jamais aventuré dans un moulin de glacier (énorme puits taillé par les eaux de fonte). Une immersion à l’intérieur de la calotte glaciaire du Groenland pour comprendre les effets du réchauffement climatique sur la disparition des glaciers.

Le prochain THE RED BULLETIN disponible dès le 11 août 2019 98

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DAVID MAYER

Pour finir en beauté



A MERICAN SPIRIT KHAKI AVIATION X-WIND AUTOMATIC

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